Interview

Rama Valayden: « Un test pour Ramgoolam et le PTr »

Pour le nouvel adhérent rouge, le rassemblement de Kewal Nagar de ce dimanche annonce le renouveau du Parti travailliste, mais servira aussi de tremplin pour un retour en force de Navin Ramgoolam. Le « Lion », dit-il, est loin d’être mort. Mauve, vert, bleu et aujourd’hui rouge ! Histoire de goût ou girouette ? L’histoire du PTr est avant tout militante. Plusieurs tribuns rouges, dont Emmanuel Anquetil, étaient de vrais militants. En 1976, le MMM s’en est inspiré et a même repris certaines formules rouges qui mordaient à l’époque. Actuellement, Maurice passe par des moments difficiles. Il y a une dérive totalitaire. Sir Anerood Jugnauth a même menacé d’introduire l’état d’urgence. La base rouge attend beaucoup de moi. J’en suis conscient. Pour être le « red bull » du parti ? Les attentes sont énormes, que ce soit de la part des dirigeants ou de celle des sympathisants. Je vais essayer de revamp le PTr, de lui donner du tonus. Ce qui manque, c’est une bonne organisation et une meilleure communication. Puis, il faut rassembler les intelligences du parti et du pays. Pourquoi ne pas être retourné au PMSD ou même au MMM ? La fusion du Mouvement Républicain avec le PMSD avait pour objectif de créer un grand parti, mais nous n’avons pas eu le résultat escompté. Je prévois que le PMSD va nous rejoindre sous peu dans l’opposition. Faut-il comprendre que le problème de leadership au sein du PTr est réglé ? Ce qui arrive à Navin Ramgoolam est une pure machination politique. S’il se retire, celui qui assurera l’intérim au poste de leader sera également ennuyé par les autorités. Il aura les mêmes tracasseries. La logique de step down ne tient donc pas la route. Ce petit jeu est l’œuvre d’apprentis sorciers au MSM. Pourtant, l’on a retrouvé Rs 220 millions dans ses coffres, à son domicile. L’argent ne provient pas d’une quête publique... Ceux qui connaissent la réalité politique de Maurice ne peuvent nier qu’une campagne électorale coûte pas moins de Rs 1,5 milliard. De plus, Navin Ramgoolam voulait construire un bâtiment moderne pour abriter le quartier général du PTr. Un tel projet coûte au bas mot Rs 400 millions. Il avait amplement le loisir de sortir l’argent de ses coffres et de le cacher ailleurs. Personne n’en aurait rien su. Cet argent est destiné au QG du PTr, qui le mérite bien. Il y a d’autres dossiers brûlants contre lui, admettez-le... Navin Ramgoolam a été au pouvoir durant 15 ans et durant ses premiers 300 jours au pouvoir, le gouvernement de SAJ a tout fait pour retirer les squelettes des armoires. Non, rien de rien, comme chantait Edith Piaf. Loyauté sans faille envers le leader. N’est-ce bien cela qu’on attend d’un nouvel adhérent ? Je ne le défends pas rien que pour le défendre. Tous les dossiers contre Navin Ramgoolam peuvent être réfutés en Cour. Il n’y a pas de case contre lui. Rappelez-vous que, dès le départ, j’ai pris position pour Navin Ramgoolam, avant même que l’offre de rejoindre le PTr me soit faite. Toutefois, le PTr a commis des erreurs et doit en tirer des leçons. Cependant, excès ne signifie pas forcément corruption. Il faut revoir la façon de fonctionner du Cabinet, du PTr lui-même et ceux qui sont proches de ce parti par intérêt. Navin Ramgoolam a changé depuis la défaite de décembre 2014. Il veut revenir aux racines et ne surtout pas tomber dans le jeu du MSM, qui voudrait le voir prendre la porte de sortie. Je suis persuadé que lui, plus que tout autre, porte l’espoir de ce pays. On le verra en temps et lieu. La cérémonie de dimanche à Kewal Nagar, pour marquer le 115e anniversaire de la naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam, sera un quitte ou double pour le leader du PTr... La cérémonie de Kewal Nagar sera un test pour Navin Ramgoolam et le PTr. Ce sera aussi un show qui cassera la baraque. Il y aura un tsunami politique qui va balayer l’Alliance Lepep. Navin Ramgoolam est toujours vivant. Son message sera clair à Kewal Nagar. He is back on track! Vous aussi avez fait le pèlerinage vers le samadhi de SSR… J’y vais toujours, mais discrètement. Vendredi, c’était une cérémonie officielle. J’ai apprécié l’accueil que les rouges m’ont réservé. Ils ont un amour fou pour moi. Quid des autres tribuns du PTr ? Nous sommes en train d’élaborer un programme d’activités mettant les tribuns du parti en valeur. Il y aura plusieurs célébrations en leur honneur. Nous revenons à nos racines. Back to the roots, comme dit l’Anglais. Puis, il y a une régénérescence avec de nouveaux adhérents, des avocats, des médecins, des professionnels… L’équipe ayant pour tâche de redonner un boost au parti a carte blanche. Va-t-on assister au départ des dinosaures devenus poids lourds ? Une famille ne balance pas par la fenêtre ceux qui l’ont façonnée. Nous ne sommes pas une usine. Il faut de la tolérance. Si on commence à tirer la chasse d’eau, ce serait infernal. Certes, certains ont joué aux matadors et ils se sont essoufflés en cours de route. Ils doivent connaître leurs limites et faire de la place à d’autres, à du sang neuf. Visez-vous le poste de secrétaire général ? J’assume les responsabilités que m’a confiées Navin Ramgoolam. Pour ce qui est du poste de secrétaire général, ce sera au parti d’en décider. Pourquoi le Premier ministre s’en est-il pris à vous au sujet des incidents dans le Sud ? J’ai beaucoup de respect pour SAJ, mais je pense qu’il ne sait pas ce qu’il va dire, n’entend pas ce qu’il dit et ne réalise pas ce qu’il a dit. Le fameux dimanche où tout le monde craignait que le pays ne s’enflamme, j’ai téléphoné personnellement à l’Information Room de la police pour donner des informations sur les endroits chauds dans le Sud. J’ai aussi averti Arvin Boolell. Est-ce pour cela que SAJ s’en est pris à moi ? Toutefois, je l’en remercie. La base travailliste s’est solidarisée davantage autour de moi.
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