Live News

Rallye illégal : véritable casse-tête pour la police

Les routes se transforment en circuits pour les fous du guidon.

Au fil des années, les courses clandestines de motocyclettes prennent de l’ampleur à travers l’île. Ces « Runs »  sauvages se déroulent en lignes droites.  Les incidents survenus, dimanche dernier à Goodlands, démontrent que ce fléau existe bel et bien. Le caporal Choollun a été malmené par les fous de la vitesse.

« Zot ti avoy ros lor van. »  Un motard de la police de la Traffic Branch se souvient. Il y a deux ans, alors qu’il se trouvait aux Casernes centrales en compagnie de ses collègues, l’Information Room les avait alertés de la tenue d’une course clandestine de motocyclettes à Roche-Bois. Une fois sur place, les policiers se sont retrouvés face à une cinquantaine de motocyclistes. « Les esprits se sont échauffés et ils avaient lancé des projectiles sur notre véhicule », dit-il. Comme à Roche-Bois, des incidents éclatent souvent entre des jeunes et les forces de l’ordre.  Les policiers de Pailles sont habitués au phénomène de rallye illégal. Le samedi soir, la Ring Road est l’un des circuits préférés des fous de la vitesse. 
« Noun deza gayn konplint ki ena rali lor Ring Road, letan nou ale ver inn er di matin zot avoy ros lor nou, nou ti a 5-6 gard, bann la ti à 40 dimoun », indique un des policiers présents lors de cet incident. 

Publicité

Même si la police tente de chasser les casse-cou, dans la pratique c’est un exercice dangereux, comme nous explique cet inspecteur de police «  Lors des opérations, les jeunes sont au nombre d’une centaine et on ne peut les pourchasser, car en cas de chute, il risque d’y avoir mort d’homme et la police sera alors tenue pour responsable », précise-t-il.

Un incident semblable s’est déjà produit à Petite-Rivière. En 2011, alors qu’Adrien, (prénom fictif) participait à une course au guidon de sa Honda 100 modifiée, il a percuté un véhicule de la police. « Je menais la course avec une bonne longueur d'avance sur mes deux adversaires. Ils n'allaient pas pouvoir me rattraper, quand subitement ma motocyclette a percuté un véhicule qui est apparu devant moi comme un éclair », dit-il. Conséquence, ce pilote avait eu la main droite fracturée, le poignet et le pied gauche disloqués. 

« Que le public les dénonce »

Conscient de l’ampleur de ce phénomène, les Casernes centrales comptent sur la collaboration du public pour venir à bout de ce problème. « Nous prenons les mesures qui s’imposent en vue de combattre le rallye illégal. Dès que nous sommes avisés de la tenue de ces courses, nous effectuons des descentes », indique un haut responsable. Toutefois il déplore le fait que le public se montre réticent à dénoncer ces rassemblements illégaux. « Nous les invitons à composer le 148 en tout anonymat. »  


La maison du caporal Choollun saccagée après son agression

Le caporal Vikramdeo Choollun, affecté à l’Emergency Response Service, compte 30 ans de service au sein la force policière. Après son stage de formation, il a d’abord été posté à la Special Supporting Unit avant d’être muté ailleurs.En 2014, il a été promu au rang de caporal. Il raconte que dans les années 90’, un incident avait éclaté à Goodlands à la veille de la fête de Noël. 

« Ti ena enn ti émeut dan Goodlands apre ki finn gayn ban problem avek piblik. Toutefois, la situation était revenue à la normale et après cet incident, personne ne s’est vengée comme après l’incident qui s’est produit dimanche sur le By-pass de Goodlands », dit-il. Il explique que l’affaire aurait pu dégénérer ce jour-là s’il n’avait pas gardé son calme. « Après avoir eu une requête pour se rendre sur les lieux de ce rallye illégal, mon collègue et moi y sommes allés et alors qu’on expliquait aux jeunes qu’ils n’ont pas le droit d’effectuer un rallye, Adarsh s’est interposé. Il m’a insulté et m’a menacé. J'ai essayé de le calmer, mais malheureusement il m’a craché dessus. C’est alors que je lui ai donné un coup de pied », raconte le policier. Après cet incident les deux parties se sont séparées. Le caporal Choolun a lui regagné sa demeure.  Il ne pouvait imaginer que le pire l'attendait. « Je dormais à l’étage quand j’ai été réveillé par un bruit assourdissant. Ma femme et mes trois enfants âgés de 10, 18 et 24 ans respectivement se sont aussi réveillés. Kan bann la ti pe kraz mo lakaz, mo ti telma per tensyon zot met difé et kiken blesé. J’étais stressé et je craignais le pire. Les membres de ma famille sont toujours traumatisés et sont suivis par un psychologue après cet incident », explique le caporal.


Les circuits préférés

Officiellement, il n’existe aucun circuit de course à Maurice. Toutefois, les fous du guidon ont fait de plusieurs routes leurs pistes de prédilection. Parmi on retrouve :

  • Le By-pass de Goodlands, 
  • Jin Fei,
  • L’autoroute entre Camp Chapelon et Caudan,
  • Ring Road à Pailles
  • Terre-Rouge Verdun, entre autres  

Pourquoi le By-Pass de Goodlands ?

Le By-pass de Goodlands attire les fous de la vitesse résidant dans le nord de l’île. «  Bypass la li long ek li drwat, la pis la korek laba, si to moto byen prepare to kapav fer ziska 180 km/h »,  confie Akash S. un mordu des rallyes clandestins.


Bryan, ancien organisateur de rallye : «Le problème reste entier»

Pendant des années, Bryan est de ceux qui participent à des courses sur les différentes routes du pays. Ce préparateur et pilote ne compte pas s’arrêter. « Aussi longtemps qu’on n’obtient pas une piste, on va continuer à rouler sur les autoroutes, car on n’a pas d’autres endroits où aller. Mais s’il y a des courses sur des circuits fermés, nous allons automatiquement y participer, mais à ce jour nous n’avons pas de choix », avance-t-il


Le « Run » et ses dangers

Qui dit course de vitesse dit danger. Les courses clandestines à Maurice ont été le théâtre de drames et autres accidents, au fil des années.  

En 2006, deux jeunes sont morts lors d’un accident impliquant leur motocyclette. Officiellement, il s’agissait d’un banal accident de la route. Selon nos recoupements, cet accident a été maquillé en une sortie habituelle entre potes pour se rendre à Port-Louis. Mais, il s’agissait en fait d’une course entre trois motos. Les motos des deux victimes, des Honda 100cc, sont entrées en collision en pleine course. Le choc a été si violent que Nasrudeen a été tué sur le coup, alors que Wasser a souffert, pendant quelques minutes, avant de rendre l’âme à l’hôpital.   

En 2016, un accident de la route a coûté la vie à Irfaan Babooa. Selon les recoupements, cet habitant de Pailles participait à un rallye illégal à Roche-Bois quand sa motocyclette est entrée en collision avec une voiture en stationnement.


Un motard de la police percuté

En 2017, lors d’une course illégale sur le Ring Road à Pailles, un adolescent de 16 ans a percuté un motard de la police alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle de police. Sous l'impact, le motard et l'adolescent ont été projetés sur la chaussée. Ils ont tous deux été blessés.

Roche-Bois : La quiétude des habitants perturbée

En plusieurs occasions, les habitants de Roche-Bois sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère face à la tenue des rallyes illégaux. Ces courses se déroulent essentiellement entre la station-service Shell et le rond-point de Riche- Terre. Ce qui a également provoqué des incidents entre les adeptes de la course et les habitants.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !