Être un pont entre le public et la station météorologique de Vacoas. Tel est le souhait de Meteo Hub Mauritius qui regroupe des amateurs de météorologie, un phénomène qui semble prendre de l’ampleur à Maurice.
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Passionné de la météorologie depuis son enfance, Rakesh Narain n’a pas souhaité en faire son métier. D’une part parce qu’il n’aimait pas les mathématiques et les statistiques au collège. Et d’autre part, il préfère évoluer tel un électron libre dans le milieu en tant que simple amateur. « Je préfère être un passionné libre qu’un professionnel lié à des règlements d’une station météorologique », dit-il.
Il a le déclic en janvier 2002, lors du passage du cyclone tropical Dina. Il est à la fois fasciné et impressionné par le changement rapide du temps et les dégâts qu’un phénomène météorologique peut entraîner. Il avait alors 7 ou 8 ans et vivait à SOS Village où il a grandi depuis le décès de ses parents lorsqu’il avait 4 ans.
« J’ai été frappé par le déchaînement de la nature et le contraste entre le beau temps et le changement drastique des conditions météorologiques en peu de temps, avec des vents et des pluies qui sont des phénomènes dangereux que l’homme n’est pas forcément prêt à affronter », explique-t-il.
Vers l’âge de 20 ans, il décide de faire vivre son rêve d’enfance à la suite d’un autre événement plus tragique cette fois : les inondations de fin mars 2013 à Port-Louis où 11 personnes ont perdu la vie. « J’ai voulu voir comment on peut vivre avec le changement climatique et comment on peut survivre à cela. » C’est au cours de cette année-là que Météo Hub Mauritius prend naissance.
Le réseau virtuel Facebook étant accessible, il profite des informations disponibles à travers des agences météorologiques régionale et internationales. « J’ai commencé à mettre des publications sur les réseaux virtuels et de là, un ami m’a proposé de créer une page où nous pouvions aller un peu plus vers le public et lui donner des informations. »
À travers cet événement tragique, ils ont voulu rendre les informations météorologiques plus accessible au grand public afin qu’elles soient plus digestes à travers des termes simples et un langage accessible à tous. « Nous voulions que tout le monde arrive à mieux comprendre les informations concernant les nouvelles du temps et que chacun puisse prendre ses précautions », souligne-t-il.
Rakesh Narain fait ressortir qu’il y a à peine quelques années, le service météorologique national utilisait des termes pas forcément à la portée de tout le monde. Les choses se sont grandement améliorées depuis mais il estime qu’il y a un « fine tuning » à faire et des plateformes à explorer pour rendre l’information plus accessible au public.
Meteo Hub Mauritius espère combler le vacuum qui existe et ainsi agir comme un pont entre les services météorologiques et le grand public. Cela, à travers un site web en construction, une application et une plus grande présence sur d’autres réseaux virtuels : TikTok, Instagram et Twitter.
Outre le fait de concrétiser son rêve d’enfance, Rakesh Narain veut rendre à la société tout ce qu’elle lui a donné durant toutes les années passées au SOS Village. « J’ai été entouré de personnes bienveillantes qui m’ont encadré dans plusieurs domaines. C’est cela qui m’a aidé à être la personne que je suis aujourd’hui. »
Ancien élève du collège des Villes Sœurs et du collège New Devton à Beau-Basson où il a complété sa scolarité secondaire, Rakesh Narain indique que c’est à travers des sites météorologiques disponibles sur Internet qui a appris à mieux connaître le sujet. Il a aussi beaucoup bouquiné. S’en sont suivi des observations et analyses.
« Cela m’a pris des années et je suis encore à apprendre car c’est un domaine qui est dynamique. C’est ce qui le rend plus passionnant. »
Employé dans un centre de formation où il est responsable de l’administration, il affirme qu’avec la flexibilité de ses horaires de travail, il arrive à trouver du temps et à consacrer entre quatre et cinq heures à l’analyse des diverses données météorologiques, faire des prévisions et les communiquer sur la page Facebook qu’il anime avec cinq autres administrateurs.
Le service météorologique fait souvent l’objet de critiques, souvent injustifiées selon lui. Rakesh Narain fait ressortir que la station regroupe des professionnels qualifiés qu’il respecte.
Cependant, avec le changement climatique et le microclimat de Maurice, faire des prévisions est plus complexe que dans les pays occidentaux. Ici, les phénomènes météorologiques se développent très vite, fait-il comprendre. Il cite une brise de mer (brise qui souffle de la mer vers la terre pendant la journée) qui peut engendrer des formations nuageuses et de la pluie en quelques minutes.
Meteo Hub Mauritius se base sur les informations recueillies de divers sites tels Windy.com, Météo France, Hurricane Zone, entre autres. Les administrateurs s’appuient sur ces informations globales qu’ils ramènent au contexte local. Rakesh Narain souligne qu’une marge d’erreur peut exister mais que les informations communiquées sont assez fiables.
« Nous avons aussi beaucoup appris de nos ‘erreurs’ avec des prévisions qui ne se sont pas avérées. Nous avons pris le temps de les analyser pour essayer de comprendre et voir quelles sont les variables que nous n’avions pas initialement prises en considération. »
À travers l’administration de leur page Facebook, Rakesh Narain dit retenir que la météorologie fait partie de notre vie et qu’elle gouverne notre quotidien en déterminant le type d’activité qu’il est possible de faire, s’il est judicieux de mettre des vêtements à sécher, quel type de tenue porter pour sortir ou s’il est possible d’aller à la plage, entre autres. Il fait aussi valoir que le climat change très vite, ce qui fait que les prévisions émises la veille peuvent ne plus être valides le lendemain. « Nous devons faire attention et être vigilants par rapport aux événements climatiques. »
Ressources humaines
C’est en puisant de leurs économies que les administrateurs de la page Facebook de Meteo Hub Mauritius arrivent à donner vie à leur passion. Leur plus grande richesse, ce sont les ressources humaines dont ils disposent et le talent de chacun. Ils disposent d’un informaticien, de personnes pour répondre aux messages et faire des « live updates » ainsi que pour la rédaction des textes pour les prévisions.
Ils disposent également d’une mini-station météorologique à Curepipe qui leur permet de recueillir personnellement des informations en temps réel pour faire leurs prévisions principalement pour cette région et en essayant d’explorer les localités aux alentours.
Rakesh Narain affirme que le groupe n’a nullement l’intention d’être en concurrence avec la station nationale de météorologie mais qu’ils peuvent collaborer pour disséminer les informations. « Ils sont des professionnels et nous ne sommes que des amateurs. Mais nous pouvons collaborer pour mieux informer le public », assure-t-il.
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