Âgé de 71 ans et ex-infirmier au Mearnskirk Hospital à Glasgow, Raju Moonien raconte son incroyable périple...
Cet habitant de Boundary Road à Rose-Hill indique qu’il a pu rompre les liens d’attachements négatifs, fondés sur la peur. Cela grâce à une conversion spirituelle. Pour comprendre son histoire, Raju Moonien invite à découvrir son passé.
Son père était un militaire posté à Bagdad et en Égypte durant la Seconde Guerre mondiale. Raju et son petit frère vivent avec leur mère à Plaisance. Bonne à tout faire, elle subvient aux besoins de ses deux enfants. « Lorsque mon père est rentré à Maurice, il s’est séparé de ma mère. Il nous a pris avec lui pour aller vivre à Mont-Roches loin de ma mère qui avait commis l’adultère », explique-t-il.
Son père est laboureur et a toujours veillé à l’éducation de ses enfants, même s’il vivait dans la précarité. Avec nostalgie, Raju raconte qu’il a effectué son Certificate of Primary School à la Sir Henry Buswell Church of England Aided School. Il a eu de bons résultats et a entamé sa scolarité secondaire au Lycée Léoville-L’homme, jusqu’à la Form V.
Il raconte qu’il a été renvoyé à la maison le premier jour d’école à cause de sa tenue vestimentaire. « Nou ti mizer. Mo ti pe met enn vie kannson ek chemiz kaki ek mo ti p al lekol pye nu. Bien apre ki monn kapav re integre lekol kan madam la inn aste uniform pou mwa. »
Faute de moyens financiers, Raju est contraint de travailler à l’âge de 18 ans. Il multiplie les petits boulots pour se faire des sous. En 1969, il met le cap sur l’Écosse dans cette vague des Mauriciens qui décident de s’ouvrir à de nouveaux horizons.
Infirmier à l’hôpital de Mearnskirk à Glasgow, il fait ses preuves. Il réside dans ce centre hospitalier et se consacre à sa nouvelle profession. « Ayant connu la misère, j’ai connu une joie de vivre inexplicable dans ce nouvel environnement, mais mon entourage ne prend pas mon cheminement comme quelque chose de normal et me qualifie de malade. Mon comportement les dérangeait », raconte-t-il avec peine.
Il est placé dans un hôpital psychiatrique où il reçoit des chocs électriques pour stimuler ses neurones. Et c’est le début de son enfer, relate-t-il.
Suicide
En 1973, Raju Moonien veut mettre fin à ses jours à cause du traitement aux chocs électriques. Il avale un cocktail de tranquillisants en une bouchée avant de s’écrouler. Le personnel hospitalier le trouve dans sa chambre vers les 8 heures du matin. Il est interné à nouveau jusqu’à ce qu’il se remette sur pied.
Pour surmonter cette tentative de suicide, Raju Moonien commence à bouquiner pour comprendre l’anatomie et le fonctionnement du cerveau humain. Son médecin traitant l’en dissuade, mais il trouve refuge dans les livres de psychologie.
Au fil des pages, il cultive son mental et développe une meilleure estime de soi. « Il fallait vaincre ce malentendu de mon entourage qui m’a conduit à l’hôpital psychiatrique. »
Fiançailles
Le temps estompe ses maux. En 1974, sa mère l’informe par correspondance d’une demande en mariage. Il voit la fille sur une photo et donne son consentement. Les fiançailles se font à distance. Il revient à Maurice pour se marier, mais sa mère lui somme de ne pas s’engager dans cette relation. Il insiste pour se marier avec la fille et démissionne de l’hôpital de Glasgow pour revenir à Maurice.
À son arrivée au pays, il est accueilli par ses parents et ceux de sa fiancée. Sa mère ne veut plus entendre parler de son projet d’union. Il la calme et dit à sa fiancée qu’il reviendra la voir plus tard. Il monte dans la voiture et son frère s’en prend à lui pendant tout le trajet. Il ne comprend pas la réaction de son frère.
Dans l’après-midi, il va chez sa fiancée et décide de rester chez ses beaux-parents. La cérémonie nuptiale se fait en trois jours, mais le soir des noces, il prend la poudre d’escampette parce qu’il ne reconnaissait plus sa femme. Le lendemain, il repart la chercher et lui demande de prendre ses valises pour habiter chez ses parents.
Femme battue
La nouvelle bru s’affaire aux tâches ménagères chez les Moonien et s’occupe de son mari, qui n’hésitait pas à la rouer de coups. Elle subissait également la violence domestique de ses beaux-parents. « Je devenais violent et je m’en prenais sans raison à ma femme. Je regrette ce que je lui ai fait endurer », explique-t-il les larmes aux yeux. Très prochainement, le couple Moonien célébrera son 45e anniversaire de mariage. Lorsqu’on demande à sa femme comment elle a pu rester avec son bourreau. « Le pardon est un choix que j’ai fait », répond-elle tout simplement.
Magie noire
Raju raconte que sa mère qu’il appelait « Madam la » pratiquait la sorcellerie. « Mon frère et moi ne l’avons jamais appelé maman. » Et d’ajouter qu’ils étaient petits lorsque leurs parents se sont séparés. Ils croyaient que leur mère n’était plus de ce monde. Et c’est bien après que leur père leur a dit la vérité. « Lors de ses visites à la maison, on a retrouvé une poupée avec des épingles. Il y a eu aussi de la poudre de camphre derrière une de nos photos. Lorsqu’elle m’envoyait du courrier en Angleterre, les caractères étaient bizarres. À maintes reprises, elle a injustement critiqué ma femme. »
Raju ne mâche pas ses mots et affirme qu’il a été victime de la sorcellerie pratiquée par sa propre mère, qui faisait appel à des esprits malsains. C’est bien après que Raju se défait de l’emprise de sa mère. Cela grâce à une conversion spirituelle.
Avenir
Traité d’ex-toxicomane dans un article de presse, Raju Moonien indique que cela a causé beaucoup de préjudices à sa famille. « Je ne me droguais pas. Je voulais mettre fin à mes jours et c’est pourquoi j’ai avalé des tranquillisants. » Il est l’heureux père de deux filles dont une se trouve actuellement à Manchester.
Même si sa vie n’a pas été facile, il prend son courage à deux mains pour avoir la paix intérieure. Il regrette ses faits et gestes. Par ailleurs, il a dû changer de profession. Il a ainsi été serveur et agriculteur.
Sa foi en Dieu lui permet désormais d’avancer vers l’avenir, avec sa femme qui a toujours été à ses côtés. Ce naufragé du destin partage son vécu ouvertement pour encourager les personnes qui souffrent comme lui à se ressaisir.
Et il souhaite les accompagner à titre bénévole. Pour ce faire, il propose « Freed From The Jaws of Evil », un livre publié en 2006, inspiré de son histoire, écrit par Hamida Mulbocus.
Raju Moonien vend son ouvrage au prix de Rs 150, mais souhaite également donner quelques copies en cadeau à des institutions. À titre d’exemple, les centres pénitentiaires et les écoles.
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