Rajen Valayden, rédacteur en chef du magazine Capital : « Le départ de mon père en février m’a ébranlé »

Votre plus grande fierté en 2024 ?

C’est l’aboutissement d’un combat mené contre l’arbitraire qui dure depuis l’aube de 2015. Nous étions peu nombreux, avec pour seul moyen notre courage et notre savoir. Maintenir le tempo bien que j’aie subi quatre interventions chirurgicales, ce qui a réduit considérablement ma mobilité, a été un défi énorme. Réussir en s’accrochant à ses principes et sans pactiser avec les forces obscures, procure certainement un sentiment de fierté. 

Le moment qui vous a le plus marqué l'année dernière ? 

Depuis mon enfance, j’ai été initié à un ensemble d’enseignements menant à une compréhension du sens de la vie et au respect de la mort. Ce savoir était comme une armure que je pensais impénétrable. Mais le départ de mon père, au mois de février, a été un séisme qui a tout ébranlé. Cette solitude profonde m’a toutefois permis de grandir davantage en tant que fils, frère, père et humain. 

Une leçon apprise en 2024 ?

Le combat que je mène pour que mon fils obtienne justice, m’a permis de voyager dans les entrailles de notre judiciaire. Déjà, de l’extérieur, l’odeur nauséabonde ne laissait présager rien de bon, mais ce que j’ai constaté est bien plus effrayant. Aucune réforme de notre système ne peut aboutir sans une refonte totale de notre judiciaire. Face aux puissants partisans du statu quo, ce peuple divisé et crédule n’a aucune chance. Seule la lumière pourra vaincre l’obscurité. 

Une rencontre ou collaboration qui vous a inspiré ?

Rien de plus vrai qu’un champ de bataille pour rencontrer des gens. En cette année des élections législatives, j’ai rencontré des gens formidables, talentueux, imprégnés de valeurs et d’un niveau de spiritualité très élevé. Des gens qui sont les véritables architectes de cette grande victoire. Des gens discrets, silencieux, mais qui savent se manifester quand le besoin se fait sentir. Les circonstances m’ont aussi mené à rencontrer ceux d’en face. J’avoue que cette expérience a été extrêmement enrichissante, me permettant de comprendre leurs perspectives. 

Un message à partager pour 2025 ?

Notre civilisation est à la croisée de son histoire et au-delà des enjeux locaux, il y a des défis monumentaux que nous devons relever. J’ai toujours dénoncé l’absurdité de confier certaines responsabilités aux politiciens vassaux soumis à des obligations envers leurs suzerains. La mascarade des sommets sur l’environnement en dit long. 

Chez nous, sur le plan politique, 2025 sera l’année de toutes les contradictions. Des affrontements idéologiques au Parlement ainsi que des guerres larvées au sein des partis politiques sont à prévoir. Des masques vont tomber, certains émergeront et il incombera au peuple de s’organiser pour sauver le peu qu’il nous reste. 

Les répercussions de la révolte de la classe moyenne vont se faire sentir, auxquelles s’ajoutera une situation économique mondiale très fébrile en 2025. Nous devrons nous satisfaire d’une croissance faible et nous adapter à une instabilité permanente.