
Face à la fronde contre la réforme de la pension de vieillesse, Rajen Narsinghen défend un choix difficile mais nécessaire. Invité de l’émission « Au cœur de l’info » lundi, le Junior Minister a déclaré que sans la réforme, Maurice aurait été sévèrement sanctionné par les agences internationales. Reconnaissant un manque de concertation, il promet des ajustements à venir.
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Il a été très diplomatique dans son approche, mais est resté pragmatique dans ses analyses. Si Rajen Narsinghen a reconnu que la réforme de la Basic Retirement Pension (BRP) a été mal prise au sein de la population, il a néanmoins indiqué que des institutions internationales auraient lourdement sanctionné Maurice.
« Nous ne nous sommes pas pliés au diktat de Moody’s ou du Fonds monétaire international (FMI), mais il y a des réalités », a déclaré le Junior Minister aux Affaires étrangères le lundi 23 juin 2025. Il était l’invité de Patrick Hilbert dans l’émission « Au cœur de l’info ». Selon lui, l’absence de réforme aurait entraîné un déclassement économique et des conséquences graves pour le pays. « Si on n’était pas venu avec cette réforme, on se serait fait taper à coups de marteau sur la tête par Moody’s et le FMI », a-t-il précisé.
Conscient de la grogne populaire, il reconnaît un manque de concertation en amont : « Je fais mon mea culpa : il aurait fallu avoir des consultations avec les syndicats et la société civile. » Il a toutefois précisé que le gouvernement a pris note des critiques émanant en interne comme en externe. C’est d’ailleurs pour cette raison, selon lui, que deux comités ont été mis sur pied afin de trouver des solutions.
« Des mesures correctives seront annoncées », a-t-il indiqué, précisant qu’il a demandé au gouvernement que des représentants syndicaux et de la société civile puissent présenter leurs idées « viva voce » au sein de ces comités. Rajen Narsinghen a souligné l’importance d’écouter tous les sons de cloche « avant que le rapport final ne soit rendu ce vendredi ».
En ce qui concerne le Budget 2025-26 lui-même, le Junior Minister le qualifie de progressiste, « mais pas assez », selon lui. Il pointe du doigt la gestion du précédent gouvernement MSM ces dix dernières années qu’il estime désastreuse : « L’ampleur des dégâts est catastrophique. Ceux qui contestent le document de l’État de l’économie sont, selon moi, de mauvaise foi. »
Puis il a ajouté ceci : « Si un employé a un autre travail avant ses 60 ans et perçoit déjà des revenus, il ne peut bénéficier de la BRP en même temps. » Abordant la marche citoyenne organisée samedi, il salue un rassemblement pacifique et bien encadré.
Cependant, il a critiqué la présence d’anciens ministres et actuels élus de l’opposition : « Ils ont gâché la marche. Ils semblent oublier le trou de Rs 150 milliards qu’ils ont laissé derrière eux. Malgré cela, le MSM ose se montrer et manifester. Ils n’ont aucun amour-propre. »
Bruneau Laurette : « Le MSM a gâché la marche de la centrale syndicale »
Invité de l’émission, Bruneau Laurette, de la plateforme « Pa tous nou pansion », a exprimé son profond désaccord face au manque de dialogue entourant cette réforme. « La BRP est un droit acquis. Les citoyens ne sont pas en train de tendre la main comme des mendiants. Il faut remettre la productivité au cœur du débat », a-t-il martelé.
Il a ajouté que des pressions ont été exercées pour faire annuler la manifestation. « Mais les organisateurs ont tenu bon », a-t-il précisé. Puis il a précisé que la présence d’anciens ministres du MSM à cette marche a été mal perçue : « Nous ne pouvions tolérer leur présence à la manif. Pour moi, ils n’ont aucun amour-propre. Ce qui se passe au niveau de la BRP, c’est en grande partie de leur faute. Leur présence a quelque peu gâché la marche de la centrale syndicale. Nous avons refusé que ces ex-ministres soient présents avec nous, car ils sont tout aussi responsables de cette situation chaotique. »
Radhakrishna Sadien : « Le Right to Recall devrait être appliqué »
Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation (SEF) de la SEF et figure de la plateforme syndicale, était aussi l’invité de l’émission. Il s’est dit favorable à l’introduction d’une loi sur le « Right to Recall », un mécanisme qui permettrait aux électeurs de révoquer un élu en cours de mandat s’il ne remplit pas ses engagements.
« Les élus seraient alors tenus de remplir leurs obligations et de rester à l’écoute des doléances des citoyens. Dans le cas contraire, le peuple aurait le droit de les démettre », a-t-il affirmé avec conviction.
Il a poussé la réflexion plus loin en critiquant les abus possibles du système parlementaire actuel, où des élus pourraient bénéficier d’avantages disproportionnés par rapport à leur temps de service : « Un élu qui a fait deux mandats ayant duré seulement quelques mois a droit à une pension à vie. J’estime qu’il faut la lui enlever s’il n’a pas rempli ses fonctions. C’est là que le ‘Right to Recall’ devrait entrer en jeu. »

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