Les contrats publics sont-ils une aubaine pour les proches du pouvoir ou un vecteur de corruption ? Une question débattue lors de l’émission Au Cœur de L’Info, sur Radio Plus, le lundi 1er mars. Les journalistes Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert avaient pour invités Bashir Jahangeer, ex-député du MSM, et Rajen Bablee, de Transparency Mauritius. Nita Deerpalsing, ex-députée rouge, et Roshi Bhadain, sont intervenus par téléphone.
L’enquête judiciaire sur l’Affaire Kistnen met en lumière l’allocation de contrats taillés sur mesure par le gouvernement à des particuliers proches du pouvoir. Le directeur exécutif de Transparency Mauritius, Rajen Bablee, concède que « cette pratique ne date pas d’hier ». Commentant l’Emmergency Procurement, il dira que même s’il y a urgence, « cet exercice ne doit pas se faire à la va- vite. »
Pour lui, « le manque de transparence totale dans l’allocation des contrats est préoccupant ». Qu’est-ce qui engendre cette situation ? À cette question, Rajen Bablee réplique : « Tout cela résulte du fait que des nominés politiques, n’ayant pas les compétences requises, sont à la tête des institutions étatiques et paraétatiques. À quoi bon d’avoir des lois et des protocoles si les procédures ne sont même pas suivies ? C’est ce qui fait que la corruption systémique et culturelle perdure depuis longtemps dans le pays. Quand les institutions sont cadenassées, celui à la tete du pouvoir peut ainsi faire comme bon lui semble. Donc, si on veut freiner la corruption, une volonté politique demeure la base du changement ».
Selon le directeur exécutif de Transparency Mauritius, les points faibles du système actuel sont, d’une part, « le manque de compétences des nominés politiques » et, d’autre, « l’instrumentalisation des institutions par le gouvernement ». Mais encore, il estime que c’est la mise en application des lois et des sanctions. « Pour combattre la corruption, il faut mettre en place un système cohérent. Il faut aussi que ceux au plus haut niveau fassent preuve de volonté », dit-il.
Rajen Bablee indique qu’il faut une révision de la Financial Intelligence and Anti-money Laundering Act (FIAMLA) pour des résultats probants contre la corruption. Néanmoins, le directeur de Transparency Mauritius est d’avis que la population mauricienne a aussi un rôle clé à jouer en donnant l’alerte pour tous cas suspects de corruption. « Kan zot trouv kitsoz pa bon, zot bisin dir. Ek zot bisin pa vanb zot vot », souligne-t-il.
Lors de l’émission, Rajen Bablee a aussi commenté le financement des partis politiques, les types d’abus de pouvoir, l’inaction des institutions, le manque de pouvoir de l’Electoral Supervisory Commission, l’hypocrisie des complices du système et l’importance d’éduquer la population sur la corruption, entre autres.
Nita Deerpalsing : « Les contrats alloués doivent être disponibles en ligne »
Commentant l’allocation des contrats par le gouvernement, l’ancienne députée du PTr, Nita Deerpalsing, souligne « l’importance que cela soit fait en toute transparence ». Selon elle, « cela peut être fait en rendant les Procurements et les contrats alloués aux soumissionnaires disponibles en ligne afin de prévenir les magouilles ». Quant à la volonté politique nécessaire pour combattre la corruption à tous les niveaux, elle affirme qu’il est « important de mettre fins aux privilèges qu’accordent les politiciens et autre décisionnaires de l’État aux petits copains. Lors de son intervention, Nita Deerpalsing a aussi parlé du financement des partis politiques, aux agents et sponsors, entre autres, qui contribuent au « cycle vicieux de la corruption. » Comme Rajen Bablee, elle souligne « l’importance du rôle de la population pour le changement, notamment en dénonçant les cas de corruption ». « Bisin kone kot sa ban kass la sorti ek si larzan sal sa. Bizin ousi retras bann koronpi. Pou kombat koripsion, bisin ki sak dimounn ena enn bon konportman. Premye sign deviasion, bisin ena sanksion », conclut-elle.
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