Interview

Raid Dusmohamud: « Comment concilier Smart Cities et parc automobile vieillissant ? »

Les concessionnaires de voitures neuves sont pessimistes pour 2016.
Le président de la Motor Vehicles Dealers Association et directeur exécutif de Raouf Dusmohamud & Co. Ltd dresse un tableau sombre s’agissant du parc automobile de voitures neuves à Maurice. Raid Dusmohamud espère que des mesures seront prises pour sauver les emplois et le marché. Comment se porte le marché de voitures neuves ? Le marché des voitures neuves est dans une très mauvaise impasse actuellement. La vente est en déclin constant. D’ailleurs, les chiffres expliquent déjà la situation. D’octobre 2015 à février 2016, le marché des voitures neuves à Maurice a chuté de plus de 21 %. Pour le mois de novembre 2015, la chute était d’environ 40 %, comparée à l’année précédente. Cette baisse devrait s’accentuer cette année. Qu’est ce qui explique cette baisse ? Il y a deux raisons principales. D’abord, la situation, que nous pouvons assimiler à une sorte de fraude, à laquelle nous faisons face de la part d’importateurs de voitures de seconde main. Nos ventes diminuent de mois en mois en raison des applications discriminatoires des lois. Par exemple, une voiture de trois ans et demi coûte, pour la douane, 45 % de sa valeur FOB (Free on board), alors que la même voiture de seconde main sur le marché local vaut 60 à 65 % de son prix de vente initiale. Deuxièmement, la non application des lois existantes telle l’Excise Act de 2011, malgré nos lettres de rappel et nos actions légales contre certains organismes de l’État. Malgré nos preuves fournies à la Cour, à la Mauritius Revenue Authority (MRA) et au ministère des Finances, on n’a constaté aucun redressement fiscal à ce jour. Comment les concessionnaires en sont-ils affectés ? La chute du marché est plus importante que la somme des ventes totales des concessionnaires comme Raouf Dusmohamud & Co. Ltd, Allied Motors et Eldo Motors. Pourtant, IMC, une filiale du groupe CFAO, a sauvé plus de 100 emplois chez Iframac avant que la situation ne se détériore davantage. Par ailleurs, Axess a licencié 23 personnes en septembre 2015. Les plus petits concessionnaires et ceux vendant les voitures les plus petites, coûtant moins de Rs 700 000, sont les plus vulnérables. Que proposez-vous comme solution ? En janvier, nous avons eu une rencontre avec le ministère des Finances conjointement avec Business Mauritius et avons soumis un mémoire aux autorités sur la non-application des lois. Nous espérons que très vite des mesures seront prises pour mettre à exécution les lois en vigueur et que les redressements fiscaux suivront. En attendant, tous nos espoirs reposent sur la Cour de justice et notre judiciaire. Nous nous battrons jusqu’au bout pour la survie de nos employés et de nos commerces. Quelles sont les perspectives pour cette année ? Honnêtement, nous sommes très pessimistes. Si nous devons attendre les jugements pour que justice soit rendue, nous pensons, vu les longues procédures, que beaucoup d’emplois seront perdus et les dommages collatéraux à l’économie mauricienne seront de grande ampleur. Le scandale est si gros et l’inaction est si inexpliquée que nous envisageons le pire. D’autre part, le gouvernement se focalise sur les Smart Cities, un monde où le cap sera mis sur les technologies modernes et le bien-être  des Mauriciens. Mais je dois dire que ce concept est en contradiction avec un parc automobile vieillissant et polluant. Si les mesures ne sont pas prises dans les meilleurs délais, nous serons certes une Smart Island, mais sans voitures neuves et sans représentation de marques automobiles.
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