
« RagaMalas » est le nom donné à une thérapie expressive qui associe musique classique indienne et art visuel, proposée par le violoniste Pooven Murden, fondateur du groupe RaagaLayam. À travers cette approche, l’artiste souhaite offrir aux participants un espace propice au lâcher-prise, à l’exploration émotionnelle et à l’expression personnelle.
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Pooven Murden est au cœur de RaagaLayam, un groupe qui s’illustre dans le domaine de la musique carnatique, issue du sud de l’Inde. Ce violoniste passionné s’est immergé dans les sonorités de ce genre musical riche et complexe, dont il maîtrise les subtilités. Son répertoire comprend des morceaux comme Baro Krishnayya, Swarajathi ou encore Uyire Uyire.
C’est en observant les réactions du public que Pooven Murden a commencé à s’interroger sur le pouvoir émotionnel des ragas. À plusieurs reprises, des personnes lui ont confié que sa musique faisait émerger en elles des émotions profondes, parfois enfouies, et les aidait à se détendre. Ces témoignages l’ont conduit à approfondir ses recherches sur les effets des ragas carnatiques, et à envisager une manière plus structurée de les intégrer dans une démarche thérapeutique.
« J’ai réalisé que les ragas ne sont pas seulement des structures musicales, mais des outils puissants pour accéder à des émotions que l’on garde souvent en soi sans les exprimer », explique Pooven Murden.
Quand les ragas rencontrent l’art et la thérapie
Le terme « RagaMalas » signifie littéralement « guirlande de ragas ». Dans la tradition indienne, chaque raga est une échelle musicale associée à une émotion, une couleur et un moment de la journée. Leur composition repose sur une compréhension fine des effets neurologiques des notes musicales lorsqu’elles sont combinées. Cette structure permet d’agir sur différents états émotionnels et mentaux, ce qui explique leur utilisation dans des contextes spirituels et médicaux depuis des millénaires.
Si la thérapie par les ragas existe depuis longtemps en Inde, la fusion entre musique, art visuel et accompagnement psychologique est une approche nouvelle que Pooven Murden a introduite à Maurice. Il s’est entouré d’une équipe de professionnels, dont des thérapeutes spécialisés en gestion du stress et des psychologues, pour encadrer les séances.
Les séances RagaMalas sont conçues comme des expériences immersives, où la musique jouée en direct sert de déclencheur émotionnel. Les participants sont ensuite invités à exprimer leurs ressentis à travers la couleur, en réalisant des œuvres artistiques. Selon Pooven Murden, ce processus permet d’accéder à des émotions souvent difficiles à verbaliser, tout en bénéficiant d’un accompagnement professionnel pour les accueillir et les comprendre.
« L’écoute d’un raga peut faire surgir des émotions très fortes. Il est important que les participants aient un espace pour les exprimer, mais aussi un cadre pour les contenir », explique Pooven Murden.
Des expériences musicales au service du bien-être
Chaque session est thématisée afin de répondre à des besoins spécifiques. Le thème de la paix intérieure et de l’harmonie a été proposé à plusieurs reprises, car il touche un large public. D’autres thèmes plus ciblés ont également été explorés, comme celui de l’augmentation du pouvoir mental, destiné aux personnes souhaitant stimuler leurs capacités cognitives. Des séances ont aussi été organisées dans des maisons de retraite, avec des ragas choisis pour leurs effets sur la régulation de la tension artérielle ou la prévention des troubles neurodégénératifs tels qu’Alzheimer.
« Nous avons vu des réactions très positives dans les maisons de retraite. Certains résidents ont retrouvé une forme de calme intérieur qu’ils n’avaient pas ressenti depuis longtemps », partage-t-il. La durée moyenne d’une séance est de deux à trois heures. La première partie est consacrée à la musique en direct, qui dure environ deux heures. Ensuite, les participants disposent d’un moment pour réaliser leurs œuvres artistiques.
Des événements mensuels sont ouverts au public, avec des thématiques annoncées sur la page Facebook de Raagalayam. Selon notre interlocuteur, ce qui distingue RagaMalas d’autres pratiques musicales ou méditatives, c’est la présence de musique vivante, sans recours à des enregistrements. « Ce que nous proposons, ce n’est pas un concert ni un atelier d’art. C’est une expérience complète, où la musique et l’art se rencontrent pour permettre à chacun de se reconnecter à soi », conclut-il.

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