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Raffick, marchand de pains fourrés : «Vann dipin inn permet mwa asir ledikasyon mo bann zanfan»

Une des plus belles rencontres lors de notre vadrouille au food court du marché de Port-Louis est Raffick. Âgé de 63 ans, il est ceinture noire de Taekwondo, discipline sportive qu’il pratique depuis son adolescence. Dans son échoppe, il propose une variété de pains fourrés mais aussi des sandwichs et des paninis notamment. Au menu du jour : panini (beurre fromage), pain « tikka », pain « salad gato pima », pain « Zasar legim », pain « salad sardine », pain « beurre pistache » ainsi que des pains fraîchement venus des boulangeries du coin.

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Avec le sourire, Raffick tire un tabouret et nous invite à nous asseoir dans son échoppe. Dans ce petit espace, nous nous demandons : comment fait-il pour tout faire à la fois ? Il sourit et nous lance : « Lexperians sa. » De sa caisse, il prend quelques roupies et demande à son assistant de lui apporter un thé qui arrive instantanément. 

Un couteau à la main, il coupe un pain rond en deux. Sachant d’avance que nous ne sommes pas des grands mangeurs, il prend une moitié de pain, enlève la mie puis l’enduit de beurre à l’aide d’une vieille cuillère en bois. Il y met deux « gato pima » et un peu de fromage, puis place le tout dans un grille-pain. Ensuite, il attrape une serviette en papier et nous sert le pain avec le thé : « Manze apre nou koze. » 

Nous savourons notre petit déjeuner improvisé. « Enn nouvote sa dipin gato pima griye ? » le taquinons-nous. Raffick éclate de rire et répond : « Oui. »

50 ans passés au « bazar Porlwi »

En discutant avec lui, nous apprenons que cela fait environ 50 ans qu’il travaille au « bazar Porlwi ». Pour comprendre son histoire, Raffick nous fait un retour dans le passé. « Bien que j’aie passé le CPE, j’ai abandonné l’école pour travailler vers l’âge de 9-10 ans car j’ai perdu mes parents. J’ai commencé la menuiserie mais je ne gagnais que Rs 3 par semaine », dit-il. 

Raffick confie que cela ne suffisait pas pour vivre et payer la maison dans laquelle il vivait avec sa grand-mère ainsi que ses frère et sœurs. « Nou ti mizer. Ti bisin met zeping dan savat leponz pou kav marse », relate-t-il. Par la suite, il a commencé à vendre des pains provenant de la boulangerie Merven, très connue à l’époque. Raffick indique qu’il a exercé ce métier jusqu’à l’âge de 20 ans, puis il a décidé de voler de ses propres ailes.

« Dipin diber pistas » : de 30 sous à Rs 30

Ses débuts sont modestes. « Enn dipin diber fromaz ou ek diber pistas ti pe vande a lepok 30 sou. Dipin 7 sou, met 15 sou diber ek enn-de bout fromaz pour fer li vinn 30 sou », raconte-t-il. Ses clients sont issus de tous les milieux : politiciens, ministres, médecins, enseignants, fonctionnaires, éboueurs, chauffeurs, policiers, gardiens, marchands, colporteurs, etc. 

Combien coûtent les pains ? « Dipin diber pitas li a Rs 30. Dipin sardinne ek pima konfi Rs 30. Dipin Tikka li Rs 45. Mo les pri-la bomarse em pou dimoun kav manze bien », répond-il. 

Pour en arriver là où il est aujourd’hui, Raffick ne nie pas que cela a nécessité beaucoup de sacrifices. Mais il attribue également son parcours à sa foi en Dieu. « Zordi gras a sa travay-la monn kav pran loan, fer progre ek asir ledikasyon mo zanfan. Zordi mo garson pe etidie Canada », partage-t-il. Quant à son succès dans ce métier, Raffick soutient que c’est simplement grâce à son honnêteté. Sympathique et humble, il avoue également que l’un de ses rêves est de faire le pèlerinage à La Mecque. Il se réjouit de pouvoir enfin réaliser ce voyage l’année prochaine.

« Bizin pa zet zarm »

Dans une journée typique, Raffick se réveille tous les jours à 4 heures du matin. Il commence par faire sa prière, puis pratique un peu de sport. Ensuite, il prend sa douche et déguste une tasse de thé. Une fois prêt, il se rend à la mosquée avant d’ouvrir son commerce où il travaille jusqu’à 17 h 30. « Enn zourne klian-la res vini em », dit-il.

Concernant les défis de son métier, il raconte que les confinements liés à la Covid-19 ont été des épreuves difficiles, tout comme l’incendie qui avait ravagé son lieu de travail par le passé. « Malgre tou difikilte, bisin pa zet zarm. Zordi mo patians ek perseverans pe permet mwa kontign gagn mo lavi », conclut Raffick.

 

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