Interview

Rado Rakotosamimanana, leader de DIS-MOI Madagascar : «Je crois au potentiel des jeunes Malgaches»

Rado Rakotosamimanana

Le secrétariat général de Droits Humains Océan Indien (DIS-MOI) s’active à mettre sur pied des structures DIS-MOI dans le sud-ouest de l’océan Indien, aux Comores, aux Seychelles. À Madagascar, il a l’ambition de bâtir une organisation autour des jeunes. Rado Rakotosamimanana, leader de DIS-MOI Madagascar nous en parle.

Publicité

Vous étiez récemment à Maurice à l’invitation de CARES pour un séminaire sur l’écologie en tant que leader de DIS-MOI Madagascar, mais surtout en tant que responsable du dossier des droits environnementaux pour votre organisation. En quoi l’écologie constitue-t-elle un enjeu crucial pour les générations futures?
Qui dit écologie dit changement climatique, et on en parle souvent ces derniers temps. Le changement climatique affecte en premier lieu les hommes qui en subissent les conséquences. Ces personnes qui doivent se déplacer d’un pays à l’autre pour fuir la famine, la sécheresse et les autres calamités naturelles, sont des preuves pour démontrer que le changement climatique affecte l’humanité. Il est plus qu’urgent de considérer une utilisation rationnelle des ressources naturelles, soucieuse de l’humanité. Le changement climatique est bien une réalité.

Quelle est votre vision pour DIS-MOI-Madagascar et dites-nous comment vous comptez vous y prendre pour mener à bien votre mission?
DIS-MOI Madagascar ambitionne de travailler avec les jeunes Malgaches, qui seront les ambassadeurs des Droits humains. Nous avons 22 régions et à terme, nous souhaitons grandir en étant présent dans ces 22 régions à travers des programmes de formation dans les collèges et lycées pour créer des clubs de Droits humains, dans lesquels les membres apprendront et développeront leurs compétences dans plusieurs domaines : prise de parole en public, plaidoyer, etc. J’ai toujours travaillé avec des jeunes et pour les questions de Droits humains, je compte les impliquer davantage. Notre vision est de faire connaître leurs droits à chaque citoyen. C’est un programme ambitieux avec 24 millions d’individus, mais je crois au potentiel des jeunes Malgaches qui peuvent transmettre des compétences.

Votre récente visite à Maurice vous a permis de rencontrer pour la première fois l’équipe DIS-MOI. Quelles sont vos premières impressions? Ont-elles été à la hauteur de vos espérances ?
DIS-MOI Maurice est une organisation déjà bien structurée avec des commissions organisées et fonctionnelles. La rencontre avec l’équipe a été enrichissante.

Madagascar décollera quand les politiciens deviendront des hommes d’État. Madagascar a toujours eu une politique de pillage des ressources naturelles, une politique initiée par les dirigeants et qui continue de nos jours

Madagascar demeure une énigme pour les économistes et autres sociologues. Expliquez-nous comment un pays aussi riche en ressources naturelles peut se classer parmi les pays les plus pauvres de la planète? Quand Madagascar décollera-t-elle?
C’est le paradoxe. Madagascar décollera quand les politiciens deviendront des hommes d’État. Madagascar a toujours eu une politique de pillage des ressources naturelles, une politique initiée par les dirigeants et qui continue de nos jours. On en est toujours là plus de 60 après l’indépendance du pays en 1960.

Après avoir été au ban de la communauté internationale pendant un temps, Madagascar apprend graduellement que l’instabilité politique n’est pas un ‘ordre naturel’. Comment se déroule l’élection présidentielle de votre pays ces temps-ci ?
Madagascar a encore du chemin à faire démocratiquement parlant. La préparation des élections elle-même est bâclée. Des personnes décédées sont toujours inscrites sur les listes électorales, un citoyen en âge de voter n’est pas enregistré et la liste de ces anomalies est longue. Globalement, l’élection s’est passée dans le calme, mais ce calme s’explique également par le fait que le citoyen n’est plus intéressé par la vie citoyenne et à aller voter. Cela est vraiment déplorable.

Vous avez beaucoup voyagé au cours de votre jeune vie : l’Amérique, l’Asie, l’Europe, l’Afrique et l’Océanie. Qu’avez-vous appris sur l’humanité durant ces voyages?
L’humanité est interdépendante. Nul ne peut prétendre pouvoir vivre en autarcie. D’ailleurs, l’esprit du respect des Droits de l’homme et de la consolidation de la paix repose énormément sur cette interdépendance. Je suis une personne qui croit fortement en l’humanité et je m’investis à fond dedans.

Vous avez choisi de retourner vivre dans votre pays après votre formation, alors que vous pourriez vous établir dans un pays où la vie serait matériellement plus confortable. Pourquoi?
Il y a tellement de choses à faire, à transformer dans ce vaste pays. À commencer par l’éducation. J’ai quitté Madagascar à une certaine période, mais le pays m’appelait. Mon désir de vouloir aider les jeunes Malgaches brûlait en moi et m’a poussé à rentrer. Je veux aider et apporter ma contribution pour bâtir un Madagascar « durable ».

DIS-MOI, Droits Humains Océan Indien commence vraiment a prendre forme dans l’océan Indien. Comment voyez-vous votre organisation à moyen terme ?
Sur le moyen terme, DIS-MOI Madagascar souhaiterait être une organisation d’influence dans la Grande-Île, « d’influence » dans le sens où l’on souhaiterait être consulté pour toute question relative aux droits humains et les domaines connexes.

Le mot de la fin
Pour faire respecter les Droits humains, il faut miser sur l’éducation. L’éducation aux droits humains est primordiale. Nous parlons toujours d’un monde en paix, mais la paix ne se concrétise qu’en respectant les droits de l’homme. C’est mon humble avis.

Biodata

Rado, âgé d’une trentaine d’années est juriste de formation. Après un parcours en droit public et Sciences politiques, et des études complétées aux États-Unis, il poursuit ses recherches sur la démocratie, la Constitution et les Droits de l’Homme.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !