2022 sera l’année du redécollage ou du crash pour Air Mauritius. Après avoir passé environ un peu plus de 18 mois sous administration volontaire, et en être sortie le 1er novembre dernier, la compagnie nationale d’aviation devra passer par de grandes réformes l’an prochain si elle veut s’inscrire dans la durée.
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Alors qu’elle volait seule lorsqu’elle est passée sous administration volontaire le 22 avril 2020, certes avec le gouvernement comme principal actionnaire, cette fois-ci la donne a complètement changé.
Maintenant, la compagnie aérienne évolue dans une structure complexe, c’est-à-dire avec Airport Holdings Ltd (AHL). Incorporée le 12 août dernier, avec à ce moment-là le gouvernement mauricien comme unique actionnaire, cette superstructure regroupe entre autres Air Mauritius, Airports of Mauritius Ltd (AML), Mauritius Duty Free Paradise (MDFP), Airport Terminal Operations Ltd.
Et à la mi-décembre, AHL s’est vu adjoindre un nouveau partenaire de taille, soit la Banque de Maurice qui est devenue, à travers sa compagnie subsidiaire Mauritius Investment Corporation (MIC), détentrice de 49 % des actions d’AHL. La transaction s’est chiffrée à Rs 25 milliards. De cette somme, Rs 13 milliards ont servi comme remboursement du prêt consenti à Air Mauritius pour payer les dettes de cette dernière, alors que Rs 5 milliards et Rs 7 milliards sont entrées respectivement dans le Covid-19 Projects Development Fund et le National Resilience Fund du gouvernement.
« Grâce à cette transaction, AHL et Air Mauritius en sortent plus forts. Ainsi, Air Mauritius ne doit plus rien à personne, tout comme AHL. Les deux compagnies peuvent entamer 2022 dans la sérénité, même si le contexte reste compliqué », explique-t-on au niveau du bureau du Premier ministre. Car avec la Covid-19, l’heure n’est malheureusement pas à la réjouissance. « Avec la réouverture des frontières le 1er octobre, la fin d’année s’annonçait très positive, avec un taux de remplissage qui permettait à Air Mauritius de dégager des profits. Mais l’élan a été interrompu lorsque Maurice a été placée sur la liste rouge écarlate pour quelques jours par la France au début de décembre. On a enregistré plusieurs vols quasiment vides en provenance de Paris », assure une source bien placée chez Air Mauritius.
D’ailleurs, au niveau du conseil d’administration de la compagnie d’aviation, l’on ne veut pas se voiler la face. Le redécollage reste un exercice difficile et périlleux. Dans son message de fin d’année aux employés de la compagnie, le nouveau président d’Air Mauritius, Marday Venketasamy, en poste depuis le 7 octobre 2021, affirme que « the road to recovery is expected to be long and difficult ». Et de préciser que « ce qui est plus important ce sont les questions pour lesquelles nous avons besoin de réponses pour le futur. Comment reconstruisons-nous notre compagnie après un an rempli de défis énormes ». Ce dernier table avant tout sur le dévouement, la motivation et la solidarité des employés. « Faire d’Air Mauritius la fierté nationale ne peut être atteint uniquement si nous travaillons ensemble, si nous pensons ensemble et si nous exécutons le travail ensemble », fait-il ressortir.
Marday Venketasamy prévoit que « le volume de passagers ne devraient pas retourner à un niveau pre-Covid-19 avant 2024 au plus tôt » avant de souligner qu’« Air Mauritius et les compagnies aériennes à travers le monde survivent grâce au support financier des gouvernements. Dans cet environnement rude, Air Mauritius consolide et augmente graduellement ses fréquences vers ses principaux marchés et d’autres destinations sont explorées ».
Et c’est là où la branche indienne de Centre for Asia Pacific Aviation (CAPA) entre en jeu. Spécialisée dans le secteur aéronautique, et consultant auprès d’Air Mauritius depuis plusieurs années, ce dernier a travaillé de concert avec la haute hiérarchie de la compagnie aérienne sur un plan de redécollage de la compagnie. Ses représentants sont à Maurice depuis une dizaine de jours pour discuter du plan de restructuration d’Air Mauritius. Si des mesures à court-terme du plan sont déjà en train d’être déployées depuis la reprise en octobre et doivent être complétées d’ici mars 2022, cependant plusieurs grands chantiers devront être ouverts l’année prochaine.
L’os dur sera probablement la répartition du personnel au sein des différentes entités d’AHL. Ici, le but est de limiter les licenciements. Ayant piloté Air Mauritius du 22 avril 2020 jusqu’à octobre, les administrateurs Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool ont estimé qu’un peu plus de 1 000 personnes étaient en trop chez Air Mauritius par rapport aux opérations de la compagnie. Rappelons que la compagnie Air Mauritius compte environ 2 450 salariés.
L’autre challenge sera d’optimiser la flotte de la compagnie. Au niveau d’AHL et de la direction, l’on espère pouvoir échanger deux gros porteurs, des A350 par deux A321neo. En effet, ce sont des commandes depuis plusieurs années et dont la livraison est attendue en 2023 et 2024. Plus petits, ils permettent de desservir des destinations à distance moyenne plus régulièrement et à moindre frais. À l’instar de l’Afrique du Sud, Hong Kong, Singapour, l’Inde, la Malaisie ou encore Madagascar.
L’autre défi est de miser juste au niveau des destinations que desservira Air Mauritius et voir à quelle fréquence. Car dans le passé, des erreurs de taille ont été faites à ce niveau. L’air corridor entre l’Asie et l’Afrique en est une. D’ailleurs, elle a coûté plusieurs centaines de millions de roupies à Air Mauritius.
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