Interview

Questions à Sarvapali Ramchurn professeur en Intelligence Artificielle, Université de Southampton : «Maurice a plus de potentiel que certains pays»

Sarvapali Ramchurn

Lauréat à Maurice en 1997, Sarvapali Ramchurn est aujourd’hui professeur en Intelligence Artificielle à l’Université de Southampton, Angleterre. À Maurice dans le cadre du World Artificial Intelligence Show et du Blockchain Summit 2018, il travaille avec les plus grosses entreprises informatiques du monde.

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Être professeur en Intelligence Artificielle (IA) n’est pas donné à tous les Mauriciens…
Il y avait beaucoup de Mauriciens qui voulaient faire des études en sciences informatiques et ingénierie mécanique. À l’époque, nous étions sept à nous rendre à la même université à Londres, mais avec le temps, le nombre a diminué et beaucoup ont bougé vers les finances. Autant que je sache, je suis le seul Mauricien qui est professeur en IA, mais d’autres ont aussi un doctorat dans cette matière mais ne font pas de la recherche dans le secteur académique.

Qu’est-ce que l’IA peut apporter à Maurice dans des domaines tels que l’eau, l’électricité, etc. ?
Maurice est un petit pays qui a des ressources limitées. Parmi, l’eau, l’électricité qui est générée pas des matières comme le charbon et l’huile lourde et cela nous coûte cher. On est aussi affecté par des cyclones et nous avons également une population vieillissante. Il y a beaucoup de problèmes dans ces secteurs et qui demandent des solutions. L’IA peut améliorer l’efficacité dans ces domaines.

L’IA demande des compétences spécifiques. Est-ce que nous les avons ?
Nous avons des gens qualifiés. Il faut aussi des données précises ainsi qu’une connaissance en IA pour pouvoir développer les bonnes solutions. Maurice a une population éduquée, qui adopte la technologie plutôt vite et qui a des réseaux sophistiques. Donc, on a plus de potentiel que certains pays.

Quel devrait être l’objectif de Maurice dans le domaine de l’IA ?
Nous devenons une « knowledge-based economy » où on vend nos expertises dans le secteur financier, de l’énergie, etc. et où nos gradués ont l’opportunité de concevoir des algorithmes et des programmes qui répondent à la demande et qui peuvent résoudre les problèmes qui surgissent. Ce qui est extraordinaire avec l’IA, c’est qu’il ne nécessite pas de gros capitaux, mais de l’intelligence. Nous sommes un petit pays, qui a peu de ressources naturelles, mais beaucoup d’intelligence. Nous sommes dans une position unique pour y prendre avantage. Le fait que nous sommes proches de l’Afrique est une opportunité que nous devons saisir. On peut devenir une plateforme majeure pour l’IA.

Faut-il être un génie pour concevoir des applications à partir de l’IA ?
Non. L’expert en IA doit avoir une bonne formation en mathématiques, savoir coder et un bon sens de l’utilisation. C’est l’essentiel. Cela lui permettra d’avancer dans ce domaine. Puis, l’on ne travaille pas en isolation, mais en équipe avec des gens qui ont d’autres compétences.

Peut-on donc dire qu’il y a le potentiel à Maurice ?
Certainement. Mais pour en prendre avantage, il faut créer les structures pour pouvoir former les futures stars de l’IA. Il faut aussi créer des cadres pour pouvoir générer les données nécessaires pour développer les fonctionnalités. On peut créer le talent, mais s’il ne peut appliquer cela sur les systèmes par manque de données, cela ne sert à rien.

 

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