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Questions aux associations des consommateurs : que les Mauriciens apprennent à mieux gérer leur budget !

Mosadeq Sahebdin, Suttyhudeo Tengur et Claude Canabady. Mosadeq Sahebdin, Suttyhudeo Tengur et Claude Canabady.

La compensation salariale de Rs 400 influencera-t-elle positivement le pouvoir d’achat du Mauricien ? Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform, Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC), Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association (CEA), nous livrent leurs avis.

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« Dresser un budget familial demeure indispensable, surtout pour ceux au bas de l’échelle. »

Avec le paiement d’une compensation salariale de Rs 400 à partir de janvier 2019, doit-on s’attendre à ce que les Mauriciens consomment davantage en 2019 ?
Mosadeq Sahebdin : Le maître mot devrait être l’épargne. Si l’on ne tient pas un budget familial, les Rs 400 seront vite engouffrées dans les dépenses habituelles. Si la compensation permet d’améliorer la qualité de la vie en consommant des produits de meilleure qualité, c’est tant mieux. Nous sommes toutefois du même avis que l’économiste Eric Ng, qui suggère qu’il y ait plus d’incitations à l’épargne. Dresser un budget familial demeure indispensable, surtout pour ceux au bas de l’échelle.

Suttyhudeo Tengur : Je ne pense pas que ce sera le cas car tout le monde sait qu’après les dépenses pour les fêtes de fin d’année, tous les budgets familiaux sont à sec. En sus de cela, il ne faut pas oublier la rentrée scolaire et l’achat des manuels et autres accessoires pour les enfants. Donc, pour le mois de janvier, il faut se rattraper et je pense que cette compensation de Rs 400 sera quelque peu salutaire pour les petits salariés. À partir de fin janvier, ces ménages devront bien gérer leur budget pour ne pas s’endetter davantage.

Claude Canabady : Une augmentation salariale permet au consommateur d’acheter plus de produits ou des produits de meilleure qualité. Néanmoins, j’en doute beaucoup parce que ceux et celles qui sont au bas de l’échelle pourront tout juste joindre les deux bouts avec leur budget mensuel même après une augmentation salariale.

Certaines entreprises n’écartent pas l’éventualité d’augmenter les prix de leurs produits et services. Doit-on craindre une flambée des prix en cette nouvelle année ?
Mosadeq Sahebdin : Bien que les prix ne soient pas tous contrôlés, la forte concurrence qui existe sur le marché de la grande distribution devrait permettre aux consommateurs d’exercer leur droit au choix et d'acheter selon leurs moyens. Le consommateur n’est pas dupe. Il peut distinguer quand une hausse est exagérée, dans lequel cas, il décidera de refuser d’acheter ces produits. Il doit être competition-conscious, et éviter d’acheter de manière impulsive.

Suttyhudeo Tengur : C’est vrai que cette compensation aura un impact financier sur n'importe quelle entreprise, et naturellement sur les coûts de production. Cela pourrait bien entraîner un ajustement des prix pour leur permettre de survivre. Mais, cela dépend aussi énormément de la grandeur des entreprises. Pour les PME, l’impact sera bien plus fort, mais ces entreprises devront ajuster leurs coûts tout en revisitant leurs modes d’opération pour devenir plus productives et plus efficientes.  Cela leur permettra d’absorber ce choc. On a toujours fait une équation entre le paiement d’une compensation et une hausse de la productivité. C’est dans cette direction que les entreprises doivent s’orienter.

Claude Canabady : Je suis sûr que les prix des produits vont augmenter, une augmentation qui est souvent basée sur des arguments propres aux entreprises. Les chefs d’entreprises diront qu’ils auront beaucoup à débourser pour l’augmentation salariale et pour cela, ils augmenteront les prix des produits et services.

Comment évoluera le pouvoir d’achat du Mauricien en 2019 ?
Mosadeq Sahebdin : Il faut espérer qu’avec l’introduction du salaire minimum le consommateur voit son pouvoir d’achat s’améliorer. Cependant, l’évolution du pouvoir d’achat dépend aussi de facteurs extérieurs. La réduction de la production pétrolière par l’Opep, ou l’insistance de Trump à boycotter l’Iran ou la Turquie, impactera certainement sur les prix des produits pétroliers et, par conséquent, affaiblira le pouvoir d’achat des consommateurs. Il est donc difficile de prédire l’évolution du pouvoir d’achat.

Suttyhudeo Tengur : Il faut que le Mauricien soit conscient d’une chose : on ne peut vivre une vie de nabab avec un salaire moyen de Rs 20 000 mensuellement.  Pour ceux au bas de l’échelle et qui touchent un salaire minimum de Rs 9 000, la situation est plus difficile. Toutefois, avec un taux de chômage gérable et les nombreuses possibilités d’emplois avec les gros chantiers de développement, je pense que le Mauricien pourra garder la tête hors de l’eau tant bien que mal. Mais il ne faudra pas qu’il s’enfonce dans l’endettement. Car c’est là la menace pour son bien-être familial. Il est important qu’il contrôle ses dépenses.

Claude Canabady : Avec l’inflation sur une pente ascendante, je crains le pire. Je souhaite qu’il y ait plus de compétition entre les différentes entreprises pour que le consommateur puisse en bénéficier. C’est probable que le consommateur achètera des produits de qualité inférieure et qu’il y aura plus d’endettements.

 

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