La Journée de la femme est célébrée cette année sous le thème d’Investir dans les femmes : « Accélérer le rythme ». Où en sommes-nous à Maurice ?
Au cours des dernières années, Maurice a fait des progrès remarquables pour augmenter la représentation des femmes dans les affaires, la politique et les domaines STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). La création du hub ITC SheTrades Mauritius par le Conseil de développement économique est un excellent exemple de l’engagement de notre pays en faveur de l’autonomisation des entreprises dirigées par des femmes. Conformément aux modifications apportées à la loi sur les sociétés, les entreprises publiques doivent désormais compter au moins 25 % de femmes au sein de leur conseil d’administration. L’initiative « Prime à l’emploi » et l’augmentation du salaire minimum ont permis à un plus grand nombre de femmes de participer à la vie active, ce qui a renforcé leur indépendance financière et économique. Toutefois, des problèmes persistent, comme l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, où ces dernières gagnent moins que leurs homologues masculins pour des postes similaires. Les statistiques de 2021 montrent que les femmes sont toujours confrontées à une mortalité plus élevée due à des conditions médicales chroniques et qu’elles sont plus susceptibles d’être victimes de violences domestiques. Bien qu’elles soient généralement plus qualifiées, les femmes ont 50 % moins de chances que les hommes de se retrouver à la tête d’une entreprise. Moins de 40 % des femmes sont employées à des postes gouvernementaux de haut niveau. Il est urgent d’œuvrer en faveur de l’égalité, non seulement sur le lieu de travail, mais aussi dans les domaines de la santé et de l’éducation.
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Bien qu’elles soient généralement plus qualifiées, les femmes ont 50 % moins de chances que les hommes de se retrouver à la tête d’une entreprise.»
Quels sont les obstacles à l’investissement dans les femmes ?
À Maurice, les femmes sont encore largement liées aux rôles traditionnels des hommes et des femmes et aux attentes de la société. On attend d’elles qu’elles assument davantage de tâches de prise en charge, telles que les responsabilités parentales et qu’elles soient généralement désignées pour s’occuper des membres de la famille qui sont malades. Même à égalité d’éducation et de réussite professionnelle, elles sont souvent confrontées à des responsabilités inégales lorsqu’il s’agit des tâches ménagères. Cette charge de travail invisible perpétue le plafond de verre auquel elles sont confrontées, limitant leur potentiel de carrière et leurs possibilités d’accéder à des postes de direction et d’évoluer professionnellement.
Que recommandez-vous pour inverser la tendance ?
Pour renverser la tendance actuelle, nous devons non seulement nous pencher sur le lieu de travail, mais aussi investir dans les femmes au-delà de cet environnement. L’éducation commence dès le plus jeune âge - chez les enfants, les rôles sexuels sont ancrés dès l’âge de 4-5 ans par le biais de la socialisation, au cours de laquelle ils apprennent et adoptent les normes et les valeurs sociétales dominantes. Nous devrions donc promouvoir et normaliser l’égalité des sexes dans tous les domaines (soins de santé, éducation, emploi) dès le plus jeune âge. Il convient de s’attaquer à l’écart de rémunération entre les deux sexes et de s’attacher à rendre les lieux de travail plus inclusifs. À l’échelle mondiale, la Covid-19 a involontairement conduit à des essais à grande échelle de modalités de travail flexibles, déplaçant le lieu de travail dans nos salons. En tant que société, nous avons trouvé des solutions créatives, allant jusqu’à formaliser l’accès à la télémédecine. Nous pouvons donc accélérer les changements sur le lieu de travail qui permettent aux femmes et aux hommes de travailler de manière productive tout en remettant en question les attentes de la société. Cela pourrait inclure un congé parental rémunéré égal pour les deux sexes et un meilleur accès aux services de garde d’enfants afin de maintenir les femmes sur le marché du travail. Enfin, nous devrions nous concentrer sur un programme de mentorat où des modèles positifs sont promus et où les femmes sont activement soutenues dans leur parcours professionnel.
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