Société

Quel encadrement pour nos aînés ?

La qualité de vie des personnes âgées est plus que jamais une des priorités de beaucoup de pays, dont Maurice. La raison : la population vieillit. Comment mieux encadrer les aînés ? Tel était le thème de l’émission Talk of the Town mercredi, animée par Priscilla Sadien. Voici les principaux points qui ont été évoqués.

Vieillissement de la population

  • La baisse du taux de natalité a mené au vieillissement de la population.
  • En 1911, 4,6 % de la population avait plus de 60 ans. Ce taux est passé à 9,8 % en 2000.
  • Selon les prévisions du ministère de la Santé, la barre des 30 % devrait être atteinte en 2052. Un Mauricien sur quatre aura alors plus de 60 ans.
  • Selon le Digest of Demographic Statistics, Maurice comptait, en 2014, 179 224 personnes âgées de plus de 60 ans, soit 8,9 % de la population. Ce chiffre pourrait atteindre les 261 458 dans 10 ans.

Pourquoi les aînés ne sont plus respectés ?

  • On ne considère plus que les personnes âgées assurent l’harmonie et l’unité au sein de la famille.
  • Elles ne sont plus considérées comme des Role Models.
  • Leurs enfants s’attendent à ce qu’elles jouent pleinement leur rôle de grands-parents, notamment en gardant leurs petits-enfants. « Mais aujourd’hui, grands-parents, enfants et petits-enfants ne vivent plus ensemble », constate Chandranee Buckory, directrice de l’hospice Gayasingh.
  • Les enfants refusent souvent de s’occuper de leurs parents vieillissants et préfèrent les placer dans des maisons de retraite. « Ils se débarrassent d’eux en quelque sorte. C’est malheureux », regrette la directrice de l’hospice Gayasingh.
  • La société ne cesse d’évoluer. Auparavant, beaucoup d’importance était accordée aux aînés. Ce n’est plus le cas désormais.

Choix ou obligation ?

  • Les personnes âgées peuvent être placées dans des maisons de retraite par leurs proches parce qu’elles ne sont plus autonomes, n’ont plus toute leur tête et, surtout, n’ont plus de pouvoir de décision.
  • Certains vont, de leur propre chef, vivre dans une maison de retraite parce qu’ils ne veulent plus ou ne peuvent plus vivre seuls.

Le vieillissement de la population impacte sur :

  1. Le monde du travail
  2. Les conditions sociales
  3. La santé publique
  4. La structure familiale

Témoignage

Bernadette a 86 ans. Elle a toujours vécu avec son neveu Françis, aujourd’hui âgé de 63 ans. Il est d’ailleurs toute sa famille. Il a eu récemment une jambe amputée et devra bientôt être hospitalisé pour se faire amputer l’autre jambe. Bernadette ne sait plus quoi faire, puisque son neveu a toujours pris soin d’elle. « Je passe le clair de mon temps à penser à ce qui va advenir de moi. Comment vais-je me rendre à l’hôpital pour mes rendez-vous ? Qui va emmener mon neveu à l’hôpital ? C’est pour cela que nous aurions souhaité être pris en charge par un home. Mais je ne sais pas vers qui me tourner», confie la vieille dame.

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Les types de plaintes que reçoit la Welfare and Elderly Protection Unit

  1. Abus financier, émotionnel, physique
  2. Négligence
  3. La personne âgée qui n’est pas en mesure de jouir de sa pension
  4. L’organisme reçoit 60 cas d’abus par mois
  5. En 2015, 708 cas ont été rapportés

Comment procède le ministère de la Sécurité sociale ?

  • Une enquête est menée au niveau des proches de la personne âgée.
  • Les officiers cherchent à identifier la source du problème.
  • À partir de là, un plan d’intervention est dégagé.
  • Le ministère travaille en réseau avec les autres acteurs concernés. S’il n’a pas été en mesure d’intervenir dans un cas, il le réfère à Monitoring Committee, composé de représentants de l’Attorney General’s Office, du Sollicitor General’s Office, de la police, de la Santé…
  • Certains cas sont référés directement à la police.
  • En cas d’abus physique, le cas est référé au département de violence domestique du ministère de l’Égalité des genres, afin qu’elle bénéficie d’un Protection Order.

Maisons de retraite

  • À Maurice, 24 homes sont subventionnées par le ministère de la Sécurité sociale. Elles abritent environ 570 personnes âgées.
  • Chaque mois, une somme de Rs 532 000 est allouée à ces institutions chaque moi.
  • 32 maisons de retraite privées opèrent à travers l’île. Le ministère n’a aucun droit de regard sur les honoraires qu’elles imposent. En revanche, il a son mot à dire sur la qualité du service offert et le niveau de ses infrastructures.
  • Des médecins de la Medical Unit du ministère de la Sécurité sociale vont voir les résidents régulièrement dans les maisons de retraite.

Abus des biens

L’abus des biens est un des délits dont les personnes âgées sont très souvent victimes. C’est ce que confirment les invités de l’émission. « Je vous cite un cas en particulier. Une personne a emmené sa maman dans la capitale soi-disant pour une petite balade, mais en a profité pour lui faire signer des documents dans lesquels elle lui léguait ses biens. Puis, cette personne a emmené sa mère dans une maison de retraite. Elle lui disait que ce n’était que pour quelques jours. Mais, elle n’est jamais venue la chercher, ni même la voir», raconte Santa Mungra,  Principal Social Security Officer de la Welfare and Elderly Protection Unit.

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  • Il est nécessaire de trouver des activités pour les aînés afin « d’égayer » leur retraite. « Nous proposons 25 différentes activités aux personnes âgées : elles peuvent suivre des cours d’anglais, de français, d’italien, de musique… Elles peuvent aussi s’initier au yoga ou au taï chi. Elles font la natation et apprennent à manger sainement. Les études ont prouvé que si les personnes âgées ne font rien pendant leur retraite, elles ont tendance à s’inquiéter et à ruminer des idées négatives. Ce qui les empêche de s’épanouir », explique Armoogum Parsuramen de l’Université du 3e âge.
  • Prendre des petites mesures pour améliorer leur quotidien. Car, pour eux en particulier, un bon sommeil et une bonne alimentation sont primordiaux.
  • Il faut donner beaucoup d’amour aux aînés et bien s’occuper d’eux. « Il faut les pousser à avoir la volonté de bien vieillir. Ce n’est pas normal de passer ses jours devant la télévision et de ne rien faire. À 81 ans, je travaille toujours. L’important, c’est de ne pas avoir une attitude défaitiste et se dire que, puisque nous sommes vieux, attendons simplement que la mort vienne nous prendre », souligne Chandranee Buckory.
  • Les enfants et petits-enfants doivent trouver du temps pour communiquer avec leurs parents et leurs grands-parents. Leur offrir le confort matériel ne suffit pas.
  • Penser à encadrer les aînés bien avant qu’elles n’aient 60 ans, afin qu’elles vieillissent dans les meilleures conditions possibles. « Il faut faire comprendre aux personnes âgées qu’elles doivent aussi vivre leur vie. Il y a deux façons de rester actif à un âge avancé : transformer sa vie après sa retraite ou continuer à travailler », indique le sociologue Rajen Suntoo.

Elderly Watch 

Une vingtaine de cellules d’Elderly Watch opèrent à travers l’île. Ce sont les membres de cette unité – tous des volontaires – qui  rapportent des cas de maltraitance sur les personnes âgées auprès de la Welfare and Elderly Protection Unit.


 

Ce que dit la loi: Protection of Elderly Persons Act de 2005

  • La Protection of Elderly Persons’ Act de 2005 stipule que toute personne trouvée coupable de maltraitance envers un/e aîné/e est passible d’une amende n’excédant pas Rs 50 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans.
  • La Residential Care Home Act de 2003 réglemente les maisons de retraite. Les gérants de ces lieux ont ainsi des règles à respecter pour assurer le bien-être des résidents.
 

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