À l’occasion de la Journée internationale des femmes, découvrons le rôle des femmes en tant que gestionnaires, au foyer et au travail. Certaines portent le poids de la gestion du foyer et des finances. D’autres jonglent avec les responsabilités au sein de leurs entreprises. Rencontres.
Marie Behrence, mère célibataire « Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide »
D’origine sénégalaise et titulaire de la double nationalité franco-allemande, Marie Behrence habite à Maurice depuis cinq ans. Elle a fondé son entreprise spécialisée dans le bien-être des employés. Elle offre des conseils et organise des événements de team-building au sein des entreprises. Elle vit avec son fils de 12 ans, ce qui n’a jamais été un obstacle pour cette femme de 41 ans.
Elle a choisi Maurice pour son cadre sécurisé et a fait de Tamarin son lieu de résidence. Mais, s’établir dans un nouveau pays n’a pas été sans défis. « S’installer à Maurice était un vrai challenge. Je me suis trouvée dans un pays étranger où je ne connaissais personne. De plus, en tant que mère célibataire, j’avais la responsabilité de m’occuper de lui qui avait alors 7 ans », raconte-t-elle.
Elle a dû gérer la scolarité de son enfant, ses finances, son foyer, ses démarches administratives pour son permis et son entreprise. C’était un emploi du temps bien chargé. Cependant, grâce à sa détermination, elle a surmonté ces défis. « En tant que mère célibataire, je dois m’assurer que mon fils ne manque de rien. Je m’assois avec lui pour ses devoirs et l’accompagne dans ses loisirs. » Consciente de ses limites, elle a également engagé une aide à domicile pour les tâches ménagères.
« Bien que les femmes aient la capacité de tout gérer, il est important de reconnaître qu’elles ne peuvent pas tout faire. Ainsi, pour assurer une bonne qualité de vie, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Il est essentiel de ne pas porter toutes les pressions seules », confie-t-elle. Elle est membre d’une association qui regroupe des femmes, avec lesquelles elle partage ses problèmes et reçoit des conseils.
Shireen Motala, épouse, mère et présidente d’une association féminine : « La discipline et la planification sont essentielles pour assurer l’équilibre »
Shireen Motala incarne une multitude de rôles dans sa vie : épouse, mère, chef d’entreprise et travailleuse sociale. Elle est directrice d’une société et la secrétaire de son mari, un entrepreneur. Elle jongle habilement entre ses responsabilités professionnelles et familiales. Mère de deux enfants, une fille de 18 ans et un fils de 16 ans, des étudiants, elle consacre une grande partie de son temps à veiller à leur éducation et à leur bien-être.
« Je me fais un devoir de trouver l’équilibre entre soutenir leur épanouissement académique et les guider dans les défis de la vie quotidienne », confie-t-elle. Elle a fait le choix de ne pas employer une bonne pour les tâches ménagères. En effet, faute de temps pour se rendre à la salle de sport, elle trouve dans ces travaux une façon efficace de rester active physiquement. Elle aide ses enfants à faire leurs devoirs, elle fait les courses et prend en charge chaque aspect de la vie quotidienne.
Shireen Motala endosse également le rôle de présidente d’une association féminine : Al-Shams. Celle-ci rassemblant une cinquantaine de membres. Le défi majeur pour elle réside dans la gestion du temps pour sa famille. « Cependant, j’aborde cet obstacle avec organisation. Je planifie soigneusement chaque aspect de ma journée pour maximiser mon efficacité. » Pour elle, la discipline et la planification sont essentielles pour réussir à concilier ses vies professionnelle et familiale. Les moments de détente en famille revêtent une importance particulière pour elle. Le vendredi, elle organise des rassemblements familiaux. Elle réserve ses week-ends pour les sorties shopping, les déjeuners en famille et les randonnées.
Lavinia Pillay, ex-cadre : « Il est important de se fixer des objectifs et choisir les meilleurs chemins pour les atteindre »
Mère célibataire depuis vingt-cinq ans, Lavinia Pillay est parvenue à élever seule ses enfants qui sont des professionnels. Son fils exerce comme médecin à Maurice, tandis que sa fille travaille dans le secteur bancaire à Paris. Elle est aussi la grand-mère de deux petites-filles qui résident en France. Le chemin parcouru n’a pas été facile pour elle. Elle a travaillé comme cadre dans divers secteurs de l’économie : médecine et éducation, entre autres.
Elle a géré son ménage, fait la cuisine et s’est occupée de la scolarité de ses enfants, entre autres. Aujourd’hui, elle est fière de ses accomplissements. Installée à Quatre Bornes, elle n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Elle a même lancé sa propre entreprise en tant que consultante en management. « Je me suis tournée vers le coaching pour aider les personnes à mieux gérer leur temps et les entreprises », explique-t-elle. Selon elle, il y a davantage de pression et de stress au sein des familles et des entreprises par rapport au passé. Et pour elle, vivre seule et gérer une entreprise ainsi que son foyer n’est pas un souci, car elle est bien organisée.
« J’ai toujours mis l’accent sur une bonne planification », confie-t-elle. Elle ajoute qu’il est important de se fixer des objectifs et de choisir les meilleurs chemins pour les atteindre. Le défi le plus difficile pour elle est de trouver du temps de qualité pour ses enfants. « Même si je ne pouvais pas leur consacrer beaucoup de temps, je m’assurais que le temps que je leur accordais était de qualité », précise-t-elle. Aujourd’hui, elle a beaucoup plus de temps pour elle-même et elle se consacre à la spiritualité. En outre, grâce à Internet et aux nouvelles technologies, elle reste en contact avec ses petites-filles en France et s’efforce de leur rendre visite tous les deux ans.
Parweeza Mustun, directrice d’Eaza Handmade : « De la commande à la livraison, je m’occupe de tout »
Parweeza Mustun, qui réside à Rose Hill, est le visage derrière Eeza Handmade, une entreprise qui fabrique de sacs eco-friendly. Pendant dix-sept ans, elle s’est consacrée à la préparation de snacks traditionnels comme les samoussas. Cependant, les longues heures de travail et la fatigue accumulée l’ont incitée à envisager un changement de carrière. En 2019, après avoir suivi une formation approfondie dispensée par SME Mauritius et le National Women Entrepreneur Council, elle s’est lancé dans le domaine de la fabrication de sacs écoresponsables.
« J’ai transformé un coin de ma maison à Rose Hill en un atelier de création. Et j’ai commencé à concevoir des trousses pour mes proches », raconte-t-elle. L’année suivante, la pandémie de covid-19 a frappé, mettant un frein temporaire à son activité. Cependant, la femme entrepreneure n’a pas cessé de fabriquer des sacs, malgré le manque de demande. « Après la reprise des activités économiques, mon entreprise a commencé à attirer l’attention et a reçu des commandes. »
Elle gère chaque aspect de son entreprise, de la commande à la livraison. Elle ne peut pas employer de travailleurs à plein temps, en raison de l’irrégularité des commandes. Elle compte sur le soutien de sa famille lors des périodes de forte demande. Son époux se charge de la livraison, tandis que ses fils l’aident à promouvoir ses produits sur les réseaux sociaux. En plus de jongler avec les exigences de son entreprise, la femme entrepreneure assume ses responsabilités domestiques. Ce qui montre sa résilience.
Sharmila Bhagbut, directrice de Buzimax Trading : « Le défi principal est de trouver de jeunes employés »
Sharmila Bhagbut est la directrice de Buzimax Trading, une entreprise de textile fondée en 2008 avec époux. Ce dernier est décédé. Basée à Beau-Bassin, l’entreprise est dans la confection d’uniformes et collabore avec diverses usines, PME et imprimeurs locaux. Elle fournit des uniformes à une gamme variée de clients, dont de grandes entreprises et des ministères.
Buzimax Trading n’a pas été échappée aux répercussions de la covid-19. « Nous avons pris un sale coup avec cette crise sanitaire. Mais par la suite, nous avons trouvé d’autres formules pour maintenir le business et garder notre entreprise en vie », indique la cheffe d’entreprise. Sa compagnie a pu surmonter les épreuves les plus difficiles.
Cependant, un de ses principaux défis est de trouver des employés permanents et compétents. « Le textile n’a pas bonne mine depuis plusieurs décennies. Et la population active dans ce secteur a perdu confiance. Ce qui fait que nous avons des employés de plus de 50 ans et pratiquement pas de jeunes », déplore-t-elle.
Elle met en avant l’importance de la patience, de la gratitude et de la résilience envers les femmes entrepreneures. Celles-ci ont souvent à la fois des responsabilités familiales et professionnelles. « Je suis un cours sur le Vedic Math. Je vais bientôt rencontrer les associations et les écoles pour partager ce savoir-faire avec les autres. » Elle est fière des réalisations de ses enfants au Canada. Ses passe-temps incluent la lecture et la recherche de nouveaux domaines d’intérêt.
Taroonah Doolub, directrice des Affaires internationales et avocate chez JurisTax : « La femme doit faire preuve de caractère tout en restant diplomate »
Taroonah Doolub est responsable du développement international du groupe JurisTax. Elle assure aussi la supervision des aspects légaux et de conformité. Ce qui implique l’exploration, l’évaluation et la mise en place des nouveaux bureaux de la société à l’étranger.
« Ce qui exige une maîtrise parfaite des législations du cadre régulateur des différents centres financiers. Elle doit être extrêmement réactive et ouverte aux différentes cultures de travail », explique-t-elle.
La femme qui est amenée à gérer des équipes doit faire preuve de caractère tout en restant diplomate. Selon elle, la différence entre la génération de 30/40 ans et celle de 50/60 ans impose de ménager « la chèvre et le chou ». « Cependant, je ne base pas mon jugement de l’équipe sur le genre, mais sur les compétences et la capacité à accomplir le travail », explique-t-elle. Elle est d’avis que pour changer les choses, il faut changer sa façon d’opérer.
« En tant qu’avocate, je crois fermement que nos droits sont cruciaux, mais nos obligations le sont tout autant. » « Je ne tombe pas non plus dans une forme de féminisme qui a soif de revanche, car je ne la trouve pas constructive », ajoute-t-elle. Globalement, elle dit avoir la chance d’évoluer dans un milieu dans lequel le bon sens prévaut le plus souvent.
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