Actualités

Quand des droits humains sont bafoués, toute l’humanité souffre

Erickson Mooneapillay Erickson Mooneapillay lors d’une causerie sur les droits humains.
Publicité

Le lundi 10 décembre, le monde a fêté les 70 ans de l’adoption par l’ONU de la Déclaration universelle des droits de l’homme (aussi appelé DUDH), en 1948, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Erickson Mooneapillay, avocat et responsable de DIS-moi Maurice évoque pour nous l’importance de ce document majeur qui a marqué, et façonne depuis les relations internationales, l’évolution du monde et de la conception que l’on se fait de l’homme moderne, de ses droits et obligations.

Pourquoi avoir adopté la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH)? À quoi sert-elle ?
La proclamation de la Déclaration Universelle des Droits Humain a eu un impact immense sur les peuples civilisés du monde. Certains pays, comme l’Afrique du Sud l’ont même intégrée dans leur Constitution.

La Charte même si elle n’a pas force de loi a un effet persuasif dans les pays démocratiques et civilisés.
Cela dit, 70 ans après sa proclamation, le drapeau des droits humains est toujours en berne dans beaucoup de pays à travers le monde. Et de par ses principes inaliénables, universels et indivisibles, quand des droits humains sont bafoués dans un recoin du monde, c’est toute l’humanité qui en souffre.

Qu’en est-il dans la République de Maurice ? Les gens sont-ils conscients de ce que représente la DUDH ?
À Maurice comme ailleurs, il reste encore du chemin à parcourir pour changer les mentalités. Que ce soit dans le système pénal ou dans notre justice sociale, les défis sont les mêmes. C’est souvent ceux qui souffrent de la petitesse d’esprit, de somnolence ou bien qui bénéficient du système en place, qui sont de fait, les plus réfractaires à tout changement.

Cette année vous a propulsé au poste de Directeur de DIS-MOI Maurice. Votre réaction ?
C’est une immense responsabilité qui m’a échu et j’espère toujours être à la hauteur des attentes des membres de l’ONG et du public. Mais il faut insister que c’est avant tout un travail d’équipe qui se fait pour l’avancement des droits humains. Seul, isolé, nous ne pourrons réussir grand-chose. De ce fait, notre travail principal, que je qualifierai de travail de fourmi laborieuse, fait au sein des commissions spécialisées de DIS-MOI, avec des personnes qui ont la connaissance et la spécialisation des sujets touchant aux droits humains.

Quelles ont été les réalisations principales de l’association cette année 2018 ?
Nous avons élargi notre champ d’action avec la création de bureaux dans divers pays de l’océan Indien: aux Comores, à Madagascar. Avec l’aide et le soutien de l’ambassade d’Australie, nous avons lancé cette année le Online Human Rights Education. C’est un projet qui nous tenait beaucoup à cœur, pour toucher le maximum de personnes dans la région Sud Ouest de l’Océan Indien. À ce jour, plus de 200 personnes, à travers les îles de la région, y compris à Rodrigues, ont reçu leur certificat en formation aux droits humains et citoyenneté.

Notre organisation est un pionnier en la matière. Nous comptons bien conscientiser et éduquer la masse en ce qui concerne leur droits humains, afin de ‘empower’ notre société. Les ennemis des droits humains sont souvent ceux qui vivent dans l’ignorance et l’indifférence.

DIS-MOI se positionne donc comme un chien de garde à Maurice et dans l’océan Indien. Quels sont vos projets pour l’année prochaine?
Nous espérons lancer une Pro Bono Clinic et une Victim Support Unit à Maurice. Ce seront, une fois de plus les premières initiatives du genre dans la région océan Indien. Cette antenne de DIS-MOI aura pour but d’alléger les incompréhensions des personnes vulnérables, victimes d’abus et de délits. Nous les accompagnerons dans leur détresse et dans le labyrinthe que peut être le système judiciaire pour ceux qui ne le connaissent pas.

Parallèlement, nos différentes commissions lanceront leurs campagnes d’activités. 2019 sera vraisemblablement une année riche en événements.

Qu’en est-il des droits environnementaux?
L’être humain n’évolue positivement que s’il jouit d’un environnement propice. De ce fait, l’environnement est un pilier majeur dans le développement et la consolidation des droits humains. Cette année notre ONG a marqué l’histoire en demandant une injonction contre l’abattage des chauves-souris. Nous serons agressifs sur la protection de l’environnement et nous ne ferons pas de concessions.

Et les défis à venir?
Les défis à venir restent principalement de maintenir le flambeau des grands principes de la Charte Universelle des Droits Humains : préserver la dignité de tout homme, femme, enfant et personne âgée ou vulnérables. Le droit au logement, au travail et à un salaire décent, le droit de manger à sa faim. DIS-MOI est prête à relever tous ces défis et mettre les décideurs politiques devant leurs responsabilités

Historique de la déclaration

Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale de l’ONU ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (résolution 217 A (III)).

Pour commémorer son adoption, la Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre. Ce document fondateur - traduit dans plus de 500 langues différentes - continue d’être, pour chacun d’entre nous, une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme.

Une déclaration symbolique diront certains, le texte ne contenant aucune valeur contraignante, mais quel symbole : c’est en effet la première fois qu’un caractère universel est accordé aux besoins de liberté, d’égalité et de justice.

Cette déclaration est surtout reconnue comme le fondement du droit international relatif aux droits de l’homme. Les conventions internationales de 1979 contre la discrimination envers les femmes, de 1984 contre la torture, de 1990 sur les droits de l’enfant, la création de la Cour pénale internationale (CPI) en 1998 découlent directement de la DUDH.

Repères

La Déclaration universelle des droits de l’homme nous responsabilise tous.

  • Les droits de l’homme sont pertinents pour nous tous, tous les jours.
  • Notre humanité commune est enracinée dans ces valeurs universelles.
  • L’égalité, la justice et la liberté préviennent la violence et maintiennent la paix.
  • Chaque fois que et partout où les valeurs de l’humanité sont abandonnées, nous sommes tous en danger.
  • Nous devons défendre nos droits et ceux des autres. 

Dis-Moi Rodrigues marche pour les droits humains

dis moi
Les participants, fiers de leur certificat.

Célébration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle à Port-Mathurin

DIS-MOI est présenté à Rodrigues essentiellement à travers les collégiens rodriguais regroupés dans 6 des 7 établissements secondaires de l’île. Il est donc logique que ce soit autour de ces jeunes gens que les activités de l’organisation s’articulent. DIS-MOI club de Mont-Lubin College, DIS-MOI club du Le chou Collège, DIS-Moi club de La Ferme College, DIS-MOI club de Maréchal Collège et DIS-MOI club de Terre-Rouge Collège ont répondu présent à cet événement majeur dans le calendrier de l’ONG qui promeut et défend les droits humains.

C’est sous un soleil ardent que ces 50 jeunes de différents collèges de Rodrigues se sont regroupés en ce samedi 8 décembre, devant le bureau de DIS-MOI Rodrigues, à Port Mathurin.

Jenila Marla Lindor qui remplace temporairement Jenifer Chrétien Roussety, Youth Coordinator de l’ONG à Rodigues, en congé, s’affaire avec les différentes affiches préparées pour l’occasion.

Justine Sainte-Marie s’est mise au porte-voix. C’est elle qui dirigera la manifestation ‘Zom fam mem drwa. Fam-zom mem drwa’. ‘Walk walk human rights-Talk talk human rights’, scandait-elle. Elle s’est même permis une petite fantaisie ‘dream dream human rights !’ Comme quoi militer pour les droits humains n’exclut pas le plaisir et un sens de l’humour !

À 9h30. Sous la férule de Roshan Rajroop, président de DIS-MOI, aidé d’Alain Auriant, chanteur et vice-président, la petite troupe se met en branle dans les rues de Port-Mathurin.

L’enthousiasme y est, la foule de badauds assiste bon enfant à un évènement peu habituel dans l’île. Des touristes, présents sur le passage du groupe par hasard, applaudissent chaudement l’enthousiasme de ces jeunes. Justine Sainte-Marie et ses camarades n’ont pas peur de professer publiquement leur foi dans les droits humains : « Discrimination nou palé/ tortir nou pa lé/racisme nou pa lé » répétaient-ils à l’unisson.

Le cortège arrive au marché de Port-Mathurin et s’arrête près de la marquise installée par les organisateurs. Alain Auriant et ses musiciens animent la marche. De nombreux passants s’arrêtent pour écouteur Le célèbre ‘Imagine’ de Lennon et les éternels reggae de Bob Marley.

Le directeur du secrétariat régional, Lindley Couronne, délivre un bref discours, après Hannah Lydianne Hortense qui professe sa foi dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. La matinée s’achève à midi et on se donne rendez-vous à la rentrée de janvier 2019 pour des activités tout aussi animées pour marquer les esprits.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !