Le Mauricien Purvesh Jugnarain trace son chemin vers les sommets en gravant son nom parmi les plus jeunes Africains à avoir atteint le camp de base de l’Everest au Népal.
En 2019, Farida El Sharawy entre dans l’histoire en devenant la première Égyptienne et Africaine à atteindre le camp de base de l’Everest à 17 ans. Trois ans plus tard, le samedi 11 novembre 2023, Purvesh Jugnarain, âgé de 16 ans, suit ses traces et ajoute son nom à la liste des plus jeunes Mauriciens et Africains à accomplir ce défi.
Il a bravé les difficultés et escaladé jusqu’au Kala Patthar, qui offre un panorama époustouflant sur le sommet de l’Everest. Purvesh Jugnarain, depuis Katmandou, raconte cette aventure unique à Le Dimanche/L’Hebdo.
Élève de Grade 12 au collège Rabindranath Tagore (RTI) à Ilot, Purvesh Jugnarain confie que son trek vers le camp de base de l’Everest s’est terminé à la veille de la fête de Divali. Pour l’adolescent, c’est un cadeau inoubliable de son père, Praiyass Jugnarain, qui a récompensé ses efforts intenses pour ses examens de Grade 10 (ex-Form IV). « Cette expérience extraordinaire restera à jamais gravée dans ma mémoire », dit-il. Purvesh Jugnarain est fier d’être l’un des plus jeunes Mauriciens et Africains à avoir vécu cette expérience à 5 154 mètres d’altitude sur l’Everest.
Cette montagne légendaire a deux versants : le versant sud (côté népalais) à 5 364 mètres d’altitude, au pied du glacier de Khumbu, et le versant nord (côté tibétain) à 5 154 mètres d’altitude, au pied du glacier Rongbuk. Depuis le Népal, le camp de base de l’Everest sert de point de départ pour les expéditions annuelles et le terminus des trekkings qui mènent au plus près de l’Everest et du Kala Patthar, offrant une vue spectaculaire. C’est ce défi que Purvesh Jugnarain, accompagné de son père Praiyass et de son ami Lomus Boodhun, a vaillamment relevé.
Comment est né le projet du camp de base de l’Everest ? Purvesh Jugnarain explique que son père, qui est un passionné d’escalade en montagne, a atteint ce sommet en 2021. « Quand il était là-bas, il m’avait promis de m’y emmener dans deux ans. Il a tenu sa promesse et en 2023, nous l’avons fait », raconte le jeune alpiniste.
Malgré son état grippal actuel, après avoir subi les rigueurs du froid lors du trek du camp de base de l’Everest, Purvesh Jugnarain affirme qu’il ne regrette pas cette montée vers l’extraordinaire. « En janvier, nous avons décidé d’atteindre le camp de base de l’Everest. Cette décision a été motivée par des discussions avec mon ami Lomus Boodhun, membre du même club de karaté. J’ai demandé à mon père s’il pouvait venir avec nous et il a accepté », poursuit Purvesh Jugnarain.
Ce dernier avoue cependant que les craintes ont surgi lorsque son père s’est fracturé le bras en avril 2023. « Notre aventure au camp de base de l’Everest semblait compromise mais heureusement mon père s’est vite rétabli de sa blessure et nous avons pu nous préparer pour ce voyage que nous avions prévu en novembre 2023. » Pour se préparer à ce trek jusqu’au camp de base de l’Everest, Purvesh Jugnarain indique qu’il a escaladé plusieurs montagnes à Maurice, avant le grand départ.
En route vers le Népal
Le voyage au Népal a commencé le 28 octobre avec un vol vers Delhi. « Après sept heures de vol, nous avons passé deux heures à l’aéroport avant d’embarquer sur un vol pour Katmandou », relate-t-il. Après deux jours passés à l’hôtel Nepalaya, son père, son ami Lomus et lui ont pris une fourgonnette à Ramachap pour aller prendre l’avion à Lukla. « La route était chaotique avec des virages audacieux. Le chauffeur roulait vite et à plusieurs reprises, je me suis cogné la tête au plafond du véhicule. C’était l’expérience la plus désagréable de toute l’aventure », indique Purvesh Jugnarain.
Équipés de sacs à dos et d’un sac de provisions contenant des boîtes de conserves et des « Mine Appollo » etc., que chacun devait porter à tour de rôle, les trois aventuriers ont pris l’avion vers Lukla aux premières lueurs du jour. Une fois sur place, ils ont rencontré leur guide Tenzing. Ce dernier avait pour mission de les guider sur le parcours de ce trek de 24 kilomètres en huit jours, avec des arrêts à Gorakship pour se reposer à la nuit tombée et se réchauffer avant de reprendre la route, le lendemain. « Lors de l’ascension, nous avons suivi le chemin pour aller au Kala Patthar. Ce lieu offre une vue magnifique sur l’Everest », affirme l’adolescent.
Ainsi, entre des journées à 3 degrés et des nuits où le mercure descendait bien en dessous de zéro, le froid a laissé des traces douloureuses aux mains de Purvesh Jugnarain malgré ses gants. Il y avait du thé ou du café pour se réchauffer ? Le jeune alpiniste sourit en soulignant qu’aucun café ou thé n’a pu le réchauffer, car tout liquide gelait. « Nous n’avons bu que de l’eau pendant tout le séjour en montagne. »
Qu’a-t-il rencontré en altitude ? Purvesh Jugnarain partage qu’il a vu le Danphe, qui est l’oiseau national du Népal. « Lors du trek, nous avons admiré des cascades et des paysages à couper le souffle que j’ai immortalisés en photos et vidéos avec la caméra de mon téléphone », se réjouit le Mauricien. Et d’ajouter qu’il était très heureux de voir la neige.
Le retour à l’hôtel Nepalaya
Après deux jours de repos avant le retour à la civilisation, Purvesh Jugnarain a trouvé la descente de trois jours vers Lukla très facile. Selon le jeune alpiniste, l’énergie positive et l’esprit d’équipe ont prévalu pendant l’ascension et la descente.
Après une nuit à Lukla, l’avion les a ramenés à Katmandou où ils ont retrouvé l’hôtel Nepalaya. « Nous étions fatigués mais satisfaits de notre aventure. Nous étions ravis de pouvoir prendre enfin un bain chaud après avoir utilisé des lingettes pendant tout notre séjour en montagne », dit-il dans un éclat de rire.
A-t-il rencontré quelques complications durant le camp de base de l’Everest ? « Non, pas vraiment. Sauf que mon père ne se sentait pas bien à son retour à l’hôtel. Nous avons dû l’emmener à l’hôpital et il a reçu des médicaments qui lui ont permis de retrouver sa santé », relate l’adolescent.
Son prochain vol est prévu ce dimanche 19 novembre, le ramenant son père, son ami et lui à Maurice vers 14 heures. Interrogé sur les sentiments de sa mère et de sa sœur qui ne les ont pas suivis au camp de base de l’Everest, Purvesh Jugnarain répond qu’elles connaissaient déjà le type de parcours en montagne que son père et lui allaient faire. « Nous leur envoyions des photos et des vidéos lors du trek, mais nous sommes restés sans contact pendant trois jours en raison de la perte de WiFi en altitude. Évidemment, elles étaient rassurées lorsque nous avons été reconnectés et leurs inquiétudes ont pris fin. »
Purvesh Jugnarain, avec humour, raconte qu’en revanche, lorsque Lomus, qui est cadre à la banque, a perdu sa connexion WiFi, ses collègues ont cru qu’il avait péri lors de cette aventure sur l’Everest, alors que son ami était bien vivant et en pleine forme, tout heureux d’avoir atteint le camp de base de l’Everest ! Dans un éclat de rire, l’adolescent déclare : « Heureusement qu’il était là, sinon je me serais ennuyé à faire ce trek, seul avec mon père. »
Depuis son retour du camp de base de l’Everest, il profite de moments de repos et visite les environs. Il a célébré la fête de Divali au Népal, qui se déroule pendant cinq jours, découvrant ainsi la culture locale et dégustant des plats traditionnels.
Après les airs, les mers
À son retour à Maurice, qu’a-t-il encore à cocher sur sa « bucket list » ? L’élève du RTI affirme déjà qu’il compte refaire une nouvelle fois le trek jusqu’au camp de base de l’Everest.Mais après cette récente aventure dans les airs, il compte maintenant aller dans la mer pour faire de la plongée sous-marine dans les lagons de Maurice.
Sportif dans l’âme et inspiré par la passion de son père pour conquérir les sommets des montagnes, Purvesh Jugnarain est ceinture marron de karaté. Il fait de la natation et d’ailleurs, ce sont les techniques de respiration qui lui ont permis de s’adapter au froid glacial lors de cette aventure sur l’Everest, nous dit-il. Nous apprenons également qu’il a escaladé plusieurs montagnes à Maurice. Parmi les pics conquis, il y a le Pieter Both, la montagne du Lion, la montagne de la Petite Rivière Noire, le Corps de Garde, les Deux Mamelles, les Trois Mamelles et le Pouce, chacun représentant un défi différent. Accompagnant son père lors d’aventures en plein air depuis ses 12 ans, Purvesh Jugnarain est également un fervent pratiquant du Vélo Tout Terrain (VTT) et de trails comme le Ferney Trail, le Moka Trail et le Dodo Trail.
Cette fois-ci, il a relevé avec succès le défi du camp de base de l’Everest. Cette aventure restera non seulement dans sa mémoire mais aussi dans le cœur de ceux qui partagent sa passion pour la conquête de sommets majestueux. À l’âge où la plupart des adolescents explorent leur monde local, le récit de Purvesh Jugnarain transcende les pages d’un récit d’aventure ordinaire. Il témoigne de la jeunesse qui ose défier les attentes, de l’amitié qui renforce le courage vers l’extraordinaire. Les montagnes de Maurice ont été son terrain d’entraînement mais l’Everest a été sa scène d’épopée au Népal, ajoutant un chapitre mémorable à l’histoire des jeunes explorateurs intrépides.
À la conquête des sommets et des traditions
À travers des images saisissantes, Purvesh Jugnarain nous emmène dans son incroyable périple au camp de base de l’Everest et nous fait partager les moments forts de son ascension vers les sommets majestueux de l’Himalaya. Au-delà des défis vertigineux, il nous fait également découvrir les festivités vibrantes de Divali au Népal, offrant un regard unique sur cette célébration emblématique au cœur des montagnes. Ce dimanche, explorez l’atmosphère envoûtante de l’Everest et de Katmandou grâce aux clichés de notre jeune aventurier, mêlant l’esprit de l’exploration à la richesse des traditions et nous transportant au sommet de l’émotion...
Photos : Purvesh Jugnarain
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !