Live News

Puçage de chiens : la microchip caravan prend la route cette semaine

Jusqu’ici 425 chiens ont déja été enregistrés depuis la mise en place des nouvelles dispositions.
  • Shashi Shanto de la Pet Owners Association : « Il faut une vraie vision politique »

La « microchip caravan » du gouvernement prend la route cette semaine. L’initiative, pilotée par la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), vise à stériliser et pucer les chiens à travers le pays. Objectif : mieux contrôler la population canine, responsabiliser les propriétaires et réduire le nombre de chiens errants, estimé à environ 260 000 sur l’ensemble du territoire.

Publicité

Selon les derniers chiffres, plus de 425 chiens ont déjà été enregistrés et pucés depuis le lancement. L’exercice est gratuit pour les chiens stérilisés, et coûte Rs 350 pour les autres. Les autorités affirment que cette base de données nationale permettra d’identifier rapidement les propriétaires en cas de morsure, d’accident ou d’abandon.

Mais sur le terrain, plusieurs associations et citoyens dénoncent une campagne précipitée. Certains estiment que la communication reste floue, et que les habitants des régions reculées manquent d’informations sur les lieux et démarches à suivre. Des vétérinaires soulignent également un manque de coordination entre les cliniques agréées et les équipes mobiles de la MSAW. Beaucoup jugent que cette opération aurait mérité une meilleure préparation logistique et une phase pilote avant son déploiement national.

Pour Shashi Shanto, président de la Pet Owners Association, malgré ces failles, cette initiative demeure une avancée importante. « Cet exercice est essentiel, car il permet de garantir la traçabilité des animaux et de responsabiliser les propriétaires. Trop souvent, lorsqu’un chien est abandonné ou qu’un incident survient, il est difficile de remonter à la source. Le microchipping est une manière moderne et efficace d’assurer le bien-être animal tout en instaurant un certain ordre », soutient-il.

Plusieurs associations craignent toutefois que le coût du puçage et les sanctions prévues pour les animaux non enregistrés ne provoquent une vague d’abandons. Des refuges rapportent déjà des cas de propriétaires cherchant à se débarrasser de leurs animaux pour éviter les frais ou la paperasse.

« Il faut aussi être vigilant, ajoute Shashi Shanto. Nous avons vu des cas où certains soi-disant rescuers profitent du flou administratif pour réclamer de l’argent aux familles ou vendre des chiens sous couvert de sauvetage. Le registre national aidera à mettre fin à ces arnaques, car chaque animal pourra être identifié et retracé », fait-il ressortir.

Pour ce dernier, la politique de gestion animale doit aller au-delà du simple enregistrement. Il plaide pour la création d’un sanctuaire national pour chiens et d’une plateforme centralisée d’adoption.
« Nous devons avoir une vraie vision et une volonté politique. Si nous voulons réduire durablement le nombre de chiens errants, il faut des structures adaptées, des espaces sécurisés et un système d’adoption transparent. Ce n’est pas une question de campagne ponctuelle, mais de stratégie à long terme », affirme-t-il.

Il émet également des réserves sur la stratégie dite du catch, neuter and release.

« Les stérilisations, c’est bien, mais relâcher les chiens n’importe où, ce n’est pas la solution. Ces animaux, livrés à eux-mêmes, finissent par se regrouper en meutes et deviennent ensuite un problème pour les automobilistes, le voisinage et parfois même pour les piétons. On ne peut pas dire qu’on a réglé la situation tant qu’on laisse les chiens errer librement », avertit-il.

Manque de communication

D’autres observateurs estiment que la MSAW aurait dû lancer une vaste campagne de sensibilisation avant de rendre le processus obligatoire. Plusieurs citoyens se disent favorables au principe du microchipping, mais dénoncent un manque de clarté sur la marche à suivre. Dans certaines localités, des équipes de la caravane se sont déplacées sans préavis, surprenant des habitants non informés des documents nécessaires.

Pour Shashi Shanto, le succès de cette mesure dépendra avant tout de l’éducation des propriétaires. « Pucer son chien ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme une responsabilité. Le gouvernement doit accompagner les familles, expliquer le sens de la démarche et assurer la transparence de la base de données », insiste-t-il.

En toile de fond, cette campagne intervient alors que la question des chiens errants refait surface dans l’espace public. Les attaques recensées ces dernières années, notamment dans certaines zones côtières et touristiques, ont accru la pression sur les autorités. Reste à voir si cette opération parviendra à concilier rigueur administrative, éthique animale et sensibilisation du grand public.

Le calendrier de la MSAW

La Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) a établi un calendrier pour le passage de la microchip caravan dans les différentes régions de l’île. Le programme a démarré dans le Nord, avant de s’étendre progressivement vers les Plaines Wilhems, le Sud et l’Est. Chaque opération est organisée en collaboration avec la police, les autorités locales et les ONG, afin de garantir la sécurité et la bonne tenue des séances de stérilisation et de puçage.

Les habitants sont invités à se présenter avec leur carte d’identité et le carnet de vaccination de leur chien. La MSAW précise que l’objectif est de traiter entre 40 et 60 animaux par jour. Pour les foyers qui ne peuvent pas se déplacer, des caravanes mobiles continueront de circuler dans les zones reculées, selon le calendrier mensuel publié sur le site officiel.

En parallèle, les cliniques vétérinaires privées agréées par la Data Protection Unit sont habilitées à procéder à l’enregistrement et à l’implantation des micropuces.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !