Proximité Maurice-Chine : Britanniques et Américains craignent une base militaire chinoise aux Chagos

Daniel Kawczynski, député du gouvernement britannique, demande l’arrêt immédiat des négociations entre les gouvernements britannique et mauricien autour de l’archipel des Chagos. Des boucliers se lèvent aussi au sein des élus américains.

Alors que les négociations entre le Royaume-Uni et Maurice viennent de reprendre après une pause de plusieurs années autour de la souveraineté sur les Chagos, des élus britanniques, dont certains issus de la majorité gouvernementale, et des américains tirent la sonnette d’alarme. Ils craignent que si l’archipel tombe entre les mains du gouvernement mauricien, ce dernier permettra à la Chine d’y construire une base militaire au nez et à la barbe de la base militaire qui se trouve à Diego Garcia. Cette perception est amplifiée par la proximité affichée entre les gouvernements mauricien et chinois.

Un article publié vendredi après-midi par le Daily Mail aborde ce sujet et soutient que les deux pays sont tellement proches que Maurice est le premier pays africain avec qui la Chine a signé un accord de libre-échange, « suivi par presque un milliard de dollars d’investissements cumulatifs de la Chine ». Ce deal a eu lieu l’année dernière.

Maurice a donné la garantie à plusieurs reprises que les Américains pourront continuer à opérer leur base, mais ce sera contre le paiement d’une location. En préambule des négociations avec Maurice, le Royaume-Uni a exigé que rien ne soit fait pour empêcher cette base d’opérer normalement.

Cependant, il y a une levée de boucliers des deux côtés de l’Atlantique. Parmi les protestataires, le député britannique Daniel Kawczynski soutient qu’une remise des Chagos entre les mains mauriciennes n’offre aucune garantie que les Chinois n’auraient pas l’autorisation d’occuper une des îles de l’archipel.

« Quand on voit le montant des investissements des Chinois à Maurice, je serais d’avis que leur intention est de contrôler ce pays », affirme-t-il au Daily Mail. Il souligne que « les Chinois prendront le contrôle en deux minutes chrono et donneront à Maurice un montant raisonnable d’argent pour leur permettre de développer une base militaire sur ces îles ».

Le député du parti conservateur, qui est au pouvoir, à l’intention d’écrire à ses collègues américains pour les avertir du danger de céder l’archipel à Maurice. Daniel Kawczynski a aussi appelé à ce qu’il y ait un débat sur le sujet, la semaine prochaine à Westminster Hall, le siège du Parlement britannique.

Le député américain Mike Waltz, qui représente le parti républicain au House Armed Services Subcommittee on Readiness, a lui aussi demandé que toute la question soit étudiée de manière sérieuse et approfondie. Et cela, sans tarder. « Depuis que l’administration Biden a donné Bagram, qui est une base aérienne stratégique à seulement quelques centaines de miles de la frontière chinoise et notre seule base située entre l’Iran, la Russie et la Chine, la base de Diego Garcia est absolument critique », dit-il.

Après l’annonce faite par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au Parlement mauricien, le 3 novembre dernier, et celle faite le même jour à la House of Commons britannique par James Cleverly, Secrétaire d’État aux affaires étrangères, du Commonwealth et du développement, les négociations ont bel et bien démarré entre les deux pays. Une délégation mauricienne de haut niveau était d’ailleurs dans la capitale anglaise en novembre dans cette optique. Le but est de parvenir à « un accord en se basant sur le droit international pour résoudre toutes les questions en suspens, incluant celles concernant les anciens habitants de l’archipel des Chagos », devait faire savoir James Cleverly.

Ce jour-là, Pravind Jugnauth devait, lui, affirmer que « nous reconnaissons les intérêts des États-Unis et de l’Inde et nous les tiendrons informés des progrès ». Il n’a pas fait mention de la Chine, rivale de l’Inde. Le but est d’arriver à conclure un accord d’ici le début de l’année prochaine.

Reste que Daniel Kawczynski se montre extrêmement sceptique quant aux intentions mauriciennes et chinoises. Et de déplorer aussi que « personne n’a demandé aux Chagossiens s’ils veulent faire partie de Maurice ». Selon lui, les négociations doivent également arrêter pour permettre aux Chagossiens et aux descendants de Chagossiens d’être consultés.

Le Royaume-Uni a ouvert, spécialement pour les Chagossiens et leurs descendants, un exercice de demande de nationalité britannique et aussi une proposition de bourses d’études.