Une Mauricienne a été condamnée par le tribunal de Saint-Pierre, à La Réunion, pour prostitution dans l’île et pour avoir incité ses compatriotes à en faire autant. Une somme de 5 000 euros (Rs 205 000), retrouvée à son appartement, a été saisie.
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Une prostituée mauricienne a été condamnée, vendredi, à 18 mois de prison avec sursis par le tribunal de Saint-Pierre, à La Réunion, pour proxénétisme aggravé et travail dissimulé. En comparution immédiate, elle a été invitée à quitter l’île sœur « dans les plus brefs délais » et a été informée qu’elle est « interdite de séjour à la Réunion pour une durée de 10 ans ». Les 5 000 euros (Rs 205 000) retrouvés dans l’appartement qu’elle occupait ont été saisis, rapporte la presse réunionnaise samedi 10 février.
Âgée de 35 ans et mère de deux enfants, cette femme d’origine rodriguaise mais vivant à Maurice, a été arrêtée par la Police aux frontières (PAF), - l’équivalent du Passport and Immigration Office (PIO) - au début de la semaine dernière. Elle faisait l’objet d’une enquête quant à ses activités depuis plusieurs mois. Une fois placée en état d’arrestation, elle a avoué avoir incité d’autres jeunes Mauriciennes à se prostituer, chose qu’elle faisait elle-même depuis plus de trois ans. En larmes, elle avance qu’elle ne les a cependant pas forcées, qu’elles ne sont pas des « novices », car elles se prostituaient déjà dans les grands hôtels à Maurice.
« Je ne suis pas partie les voir. Ce sont elles qui sont venues vers moi car elles se trouvaient en difficulté », a encore expliqué la prévenue aux juges. Elle leur payait le billet d’avion, mettait des appartements à leur disposition à Saint-Gilles, voire Saint-Pierre, et les présentait à des clients. Au final, elle leur prélevait 25 % de leurs revenus en guise de commissions. Elle a aussi expliqué qu’elle se rendait régulièrement à La Réunion entre le 25 et le 6 du mois « car c’est la période où les gens touchent leurs salaires ».
Au vu de ses revenus attrayants, elle a même encouragé la mère de son filleul à venir vendre ses charmes. À 130 euros l’heure (Rs 5 330) et à raison de neuf séjours par an, les autorités françaises ne sont toujours pas à arrivées à calculer combien la jeune femme a pu empocher. Les filles qu’elle employait recevaient entre 8 heures et 20 heures, ce qui équivaut à des passes facturées à 1 300 euros (Rs 53 500) par jour si l’on déduit deux heures pour le déjeuner et les passages à la salle de bains.
La Mauricienne a expliqué que ses tarifs pour 30 minutes étaient de 80 euros (Rs 3 280), ce qui lui rapportait l’équivalent du salaire de sa mère, femme de ménage dans un hôtel à Maurice. Elle déclare que ses amies « appâtées par son train de vie et le fait que son réfrigérateur était toujours rempli, ont finalement décidé de franchir le pas ». Elle se faisait donc accompagner par deux ou trois filles à chacun de ses déplacements.
«La prostitution n’est pas illégale»
Alors que le ministère public a requis une amende de 30 000 euros (Rs 1,23 million) à la jeune femme ainsi qu’une interdiction de séjour de 7 ans, son avocat, Bruno Raffi a fait valoir que « la prostitution n’est pas illégale » avant d’ajouter qu’ « à Maurice, la plupart de ces filles ont déjà travaillé dans des salons de massage, mais qu’elles ont trouvé plus intéressant de venir ici, (à La Réunion) en raison du taux de change. Ma cliente a juste permis à d’autres personnes de bénéficier de ce filon ».
Le nombre de jeunes femmes qu’elle a recrutées est en train d’être calculé par la PAF qui enquête auprès des chauffeurs qui ont véhiculé les filles de l’aéroport aux lieux d’hébergement.
Le cas de Mauriciennes qui se prostituent à l’île sœur n’est pas chose nouvelle. Il y a 12 ans, la PAF avait pris en filature un groupe de jeunes Mauriciennes qui visitaient un peu trop souvent La Réunion. Elle a découvert qu’elles se livraient au racolage sur le front de mer de Saint-Denis avant d’emmener les clients dans deux hôtels minables.
Il y a deux ans, un couple franco-mauricien, qui gère depuis un pensionnat à Trou-aux-Biches, a reconnu devant la Cour d’appel de Saint-Denis,, avoir ouvert, entre 2006 et 2009, les portes d’un hôtel et d’un pensionnat, à des prostituées malgaches et mauriciennes. L’argent récolté aurait été versé sur un compte en banque à Maurice pour financer l’achat d’un bien immobilier. L’homme affirme que sa femme et lui-même « ignoraient » que la législation française leur interdisait de louer des chambres à des prostituées.
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