Louis Roger Jean Jacques, père de Derek Jean Jacques, a été interpellé pour blanchiment d’argent alors que sa maison est sous le coup d’un ordre de confiscation provisoire. Une maison que d’aucuns qualifient de « château », que nous avons visitée...
On peut diffcilement la rater quand on emprunte la route Royale de Petite-Rivière. L’imposante demeure de trois étages, à l’allure de forteresse, embellie de pierres taillées de couleur, et sa terrasse couverte d’une tôle bleu ciel, placé sur une armature de bois, c’est le « château » qu’aurait bâti le présumé trafiquant de drogue Derek Jean Jacques, dit Gro Derek.
La demeure a été évaluée à Rs 6 413 500 par les autorités et elle est sous le coup d’un ordre de confiscation provisoire de l’Asset and Recovery Office. La Commission indépendante anticorruption soupçonne cette maison d’avoir été construite en partie avec l’argent provenant du trafic d’héroïne.
Autrefois impénétrable, la forteresse d’où Gro Derek dictait jadis sa loi, est aujourd’hui sous la garde de son père Louis Roger Jean Jacques. Il a bien voulu nous ouvrir les portes de cette « forteresse » qui suscite tant de curiosité.
Pour y accéder, nous empruntons la route Mahatma-Gandhi, Cité Richelieu. Une centaine de mètres plus loin, nous arrivons devant l’imposante demeure. De l’extérieur, ça sent déjà le grand luxe. Quelle différence criarde entre la somptueuse demeure et les autres habitations du coin ! Sa façade est couverte de pierres taillées de couleur. Grillages et portes de garage blindées cachent jalousement les activités de ses occupants.
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Ameublement moderne
Les « ti jockeys » qui surveillaient autrefois les moindres mouvements suspects dans la ruelle ont disparu. Une poignée de jeunes, torse nu, se livrent à un match de foot sur la route. Notre présence les intrigue. Louis Roger Jean Jacques nous ouvre la porte. Une voiture japonaise est garée dans la cour. Elle remplace les somptueuses berlines allemandes de Gro Derek aujourd’hui conservées à la fourrière de la police. Au rez-de-chaussée, habitent le père Louis Roger Jean Jacques et son épouse. Le décor du salon est soigné. La salle est spacieuse, les peintures murales ont des couleurs qui égaillent l’atmosphère. L’ameublement est de dernier cri. Mais passé le salon, c’est autre chose : la cuisine a gardé sont style initial, c’est-à-dire une structure classique. Là, pas d’ameublement de cuisine moderne. Tout est dans la simplicité. À l’étage, c’était le quartier de Gro Derek et de son épouse. La belle pièce où il ne manquait de rien a été graduellement vidé de ses meubles. Seuls demeurent des portes et des meubles endommagés, recouverts de poussière. C’est désormais le chien de la famille qui profite de l’espace. D’ailleurs il faut faire attention aux excréments du chien qui jonchent le sol. Au niveau supérieur, on trouve la grande terrasse, avec une vue imprenable. D’un côté, le lagon de Pointe-aux-Sables, de l’autre, la Montagne-des-Signaux. Le troisième étage est un excellent poste d’observation, permettant de surveiller tout mouvement suspect autour de la forteresse. Autrefois, le maître des lieux, dit-on, donnait des fêtes sur la terrasse où champagne et boissons alcoolisées coulaient à flots, autour d’un bassin à poissons. Désormais, ce sont les pigeons qui profitent du décor. Le père ne sait plus où donner la tête : « Nou pe les li abandoné paski pa koné ki pou arive pli divan. »« Zot lizié sorti lor sa lakaz la »
« Mo la tête fatigué… » Propos de Louis Roger Jean Jacques, 69 ans, habitant du « château » de Richelieu, mais qui est loin de mener une vie princière. D’un côté, son fils risque une lourde peine de prison pour trafic de drogue ; de l’autre, sa demeure risque d’être saisie, l’Icac soupçonnant cette forteresse d’avoir été bâtie et aménagée grâce aux recettes de la vente d’héroïne. Après l’arrestation de Derek Jean Jacques, l’Asset and Recovery Office, attaché au bureau du DPP, a enquêté sur les biens de Gro Derek. Il avait placé la demeure en question sous séquestre. Une correspondance en ce sens a été émise à l’encontre de Louis Roger Jean Jacques l’avisant qu’il ne peut plus disposer librement de ce bien immobilier. Cette semaine, l’Icac a donné un coup d’accélérateur au dossier en interpellant le père Louis Roger Jean Jacques pour blanchiment d’argent. L’Icac a estimé la demeure à Rs 6 413 500 et soutient qu’elle a bel et bien été aménagée avec l’argent de la drogue. Une affirmation qui irrite profondément Louis Roger Jean Jacques : « Ou truv sa ene sato ou ? Se ene simp lakaz kuma tou dimoune so lakaz. » Cette maison, assure l’ancien employé de la Cargo Handling Corporation, il l’a érigée à la sueur de son front « J’ai acheté le terrain, il y a bien longtemps, c’était une petite case de cité. Petit à petit, je l’ai améliorée. » Il est loin de connaitre une paisible retraite. « Ils n’auraient pas dû m’arrêter ans preuve. Jamais je n’aurais cru qu’une telle chose puisse m’arriver… » Le père est catégorique : « Zot lizié apé sorti lor sa lakaz la ! Ces roches de couleur m’ont été offertes par un camarade… » Une affirmation qui ne convainc pas les autorités : pour elles, ce sont des signes extérieurs de richesse laissant entrevoir un trafic de drogue. Le père rejette en bloc les accusations portées contre son fils Gro Derek : « Mo garson pa drogé ni trafikan, li viktime ene vanjans.»
Gro Derek: du « château » à la prison
Il circulait à bord d’une BMW série 6, vivait dans sa luxueuse maison de trois étages de Cité Richelieu. Mais depuis quatre ans, le présumé parrain de drogue Derek Jean Jacques vit reclus dans la Segregation Unit de la prison centrale de Beau-Bassin. Rudolf Derek Jean-Jacques fait l’objet de trois charges. Il aurait remis, à deux reprises (en janvier et juin 2012) à Seewoosing (Ashish) Dayal, de l’héroïne dont la valeur marchande s’élève à plus d’un million de roupies. La drogue était répartie dans des bouteilles en plastique. <Publicité
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