Ce Mauricien avait défrayé la chronique en faisant l’apologie de Daesh sur Youtube. Interpol devrait se mettre à sa recherche et une Red Notice émise à son encontre.
Jayanaden Sundrun, 35 ans, alias Yogen, qui utilise le pseudonyme Abu Shuaib Al Afriqi, est recherché par les autorités mauriciennes sous la Prevention of Terrorism Act 2002 (PoTA). Interpol Maurice envisage d'émettre un mandat d'arrêt international (« Red Notice ») contre ce Mauricien.
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Une fois arrêté, il sera extradé vers Maurice et sera remis aux autorités policières pour interrogatoire. Pour l'heure, il n’y a aucune trace de Yogen ni de son épouse ni de ses six enfants. Sont-ils en Syrie, en Irak ou dans un autre pays d'Afrique ? Le flou demeure à ce sujet. Des dispositions ont été prises au service de l'immigration pour que le CCID soit informé, si éventuellement Yogen débarquait à Maurice.
Son épouse Ranousha Moher, 29 ans, alias Aisha, n'est pas concernée par ce mandat. Elle n’aurait rien à voir dans la diffusion de la vidéo incitant les Mauriciens à rejoindre les rangs de Daesh que son époux a fait circuler sur Youtube depuis 8 décembre 2015. Une vidéo qui fait craindre des actes de terrorisme sur le sol mauricien. Les autorités locales tentent de déterminer où se trouvent la jeune femme et ses six enfants. Elle ne donne plus signe de vie depuis 2012.
Selon une source que nous avons interrogée, le département d’Interpol du Central CID a déjà lancé les procédures légales pour obtenir un mandat d'arrêt international contre Yogen. Les officiers attendent les recommandations du bureau de l’Attorney General. Depuis la diffusion de la vidéo, Yogen est considéré comme un fugitif. Il est recherché pour infraction à la section 6 de la PoTA qui interdit toute incitation au terrorisme. Il invitait les Mauriciens à émigrer vers l'État islamique pour soutenir Daesh, considéré comme une organisation terroriste par les Nations unies.
Une fois le mandat d'arrêt international émis, une copie sera adressée au quartier général d'Interpol, à Lyon. Le siège émettra alors une « Red Notice » contre Yogen dans les 190 pays membres d’Interpol. Yogen sera traqué dans tous les pays où son nom et sa photo seront diffusés comme « foreign wanted criminal ».
Yogen a voyagé sept fois, son épouse 11 fois
Yogen Sundrun a changé de passeport à deux reprises, tandis que sa femme Ranosha l’a fait à trois reprises. Durant ces 14 années, Yogen a effectué sept fois voyages dans divers pays. De 2001 à 2013, il a notamment effectué des voyages à Singapour, en Malaisie,en France,en Angleterre et en Allemagne. Son dernier voyage de Maurice à Dubai remonte au 13 février 2013. Il a voyagé seul, sa femme et ses enfants ont rejoint Dubai, quatre mois après, soit le 7 juin 2013. Il a renouvelé son passeport mauricien en 2011. Son épouse a changé de passeport à quatre reprises, entre 1994 et 2004. Entre 2005 et 2013, elle a voyagé avec trois nouveaux passeports, ayant déclaré les anciens égarés. Les régions et pays qu’elle a visités : Kuala Lumpur en Malaisie, Delhi en Inde, Londres, La Réunion, Les Seychelles. Paris et Dubaï. <Publicité
De 3 à 35 ans de prison
Le DéfiPlus a sollicité les explications de l'avocate Me Melanie Nagen sur la Prevention of Terrorism Act 2002 et l'offense commise par Yogen en diffusant sa vidéo sur Youtube. Pour Me Nagen, quand Yogen invite dans sa vidéo ses compatriotes mauriciens à venir faire le ‘Hijrad’, c’est-à-dire émigrer vers un autre pays, il ne commet pas une offense. « Tout le monde peut inviter une personne à émigrer dans un pays. Mais en invitant les Mauriciens à soutenir Daesh pour l’aider à créer un État islamique, Yogen commet une offense ». L’organisation Daesh est fichée comme une organisation terroriste. En s’associant avec elle, Yogen viole la section 6 de la Prevention of Terrorism Act de 2002 (PoTA) qui dit : « Toute personne qui, de quelque manière ou forme (a) sollicite le soutien ou offre un support à un acte de terrorisme, ou (b) sollicite le soutien ou offre un soutien pour, une organisation proscrite, commet une infraction…» Concernant sa déclaration, Yogen est passible de poursuite sous la section 2 para 1 de la PoTA qui définit le soutien terroriste comme suit : (a) L’incitation à la cause du terrorisme (b) (i) L’offre d'aide matérielle, y compris les armes biologiques, chimiques ou nucléaires, d'explosifs, la formation, le transport, de faux documents ou identification; (ii) offre ou la fourniture d'une assistance morale, y compris une invitation à adhérer à une organisation interdite; (c) la fourniture ou mise à disposition, tels financiers ou autres services connexes qui peuvent être prescrits. L’avocate ajoute que la section 8 de la PoTA peut être appliquée aux parents de Yogen Sundrun ou à qui que ce soit qui pourraient l’héberger depuis qu’il fait l'objet d'un mandat d'arrêt. Même son épouse pourrait être inquiétée. La loi prévoit que : « Toute personne qui héberge, cache ou fait héberger ou cacher, toute personne qu'il sait avoir commis, ou reconnue coupable d'un acte de terrorisme, ou contre laquelle il savait qu'un mandat d'arrestation ou d'emprisonnement pour un tel acte a été délivré commet une infraction ». La Section 19 de la PoTA autorise le ministre responsable des Affaires étrangères, après consultation avec le Procureur général, à solliciter un État étranger à fournir des preuves ou des informations pertinentes pour une infraction en vertu de la présente loi contre le terrorisme. Peine encourue : selon Me Nagen, toute personne qui commet une infraction à la PoTA, sur déclaration de culpabilité sous l'article 3, est passible d’une peine de servitude pénale variant entre cinq ans et 35 ans. Pour une infraction en vertu des articles 4, 5, 6, 7, 11, 12, 14 et 15, elle encourt une servitude pénale de pas moins de 3 ans, n’excédant pas 20 ans.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !