Dans son discours du Budget, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a annoncé le concept de «Promoting Work@Home». Un projet à travers lequel 3500 emplois seront créés, permettant à plus de femmes d'accéder au monde du travail.
Si la présidente de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) Jane Ragoo, accueille favorablement l’idée du concept « Promoting Work@Home », elle estime cependant que cela doit se faire de manière volontaire et non pas être imposé aux employés. Elle cite un récent cas où le directeur d’une compagnie avait tenté d’imposer à une employée de travailler de chez elle. « Il ne faut pas que le travail à domicile devienne un moyen pour les entreprises de faire des économies, notamment sur les frais de transport », dit-elle.
La syndicaliste insiste pour que les syndicats fassent partie des comités qui seront mis sur pied afin de travailler sur les amendements de l’Employment Rights Act suivant la mise en pratique du Work@Home Scheme. Elle avance que le gouvernement devra aussi veiller à ce que les hommes puissent avoir l’opportunité de travailler de chez eux, s’ils le souhaitent.
Selon Jane Ragoo, plusieurs aspects touchant à la santé, la sécurité, aux horaires de travail, aux salaires et aux congés (local, sick leaves et congés de maternité) devront être bien définis dans la loi du travail. Elle ajoute aussi les heures supplémentaires et les factures d’électricité liées au travail.
Veiller à ce que les hommes bénéficient du work@Home
Aucune discrimination
La présidente est d'avis que la vigilance sera de mise afin d'assurer que les travailleurs à domicile ne soient pas victimes de discrimination comparés à ceux présents sur les lieux de travail. Ils devront tous profiter des mêmes facilités telles que les promotions, les augmentations salariales, les formations, entre autres.
De son côté, le consultant en relations industrielles Dev Luchmun, parle de l’importance d’une loi-cadre qui fait consensus entre tous les partenaires (gouvernement, patronat et syndicats). Il avance qu’il est important de bien établir les taches à effectuer à la maison et de spécifier clairement les conditions qui y sont rattachées dans les législations du travail.
Outre l’Employment Rights Act, il parle aussi de l’importance d’amender l’Occupational Safety & Health Act, car de nouveaux éléments seront ajoutés à la loi avec le concept de Work@Home. « Cela relève de la responsabilité des employeurs aussi bien des employés de s’assurer que l’environnement de travail réponde aux normes de sécurité et de santé », dit-il. Ce dernier explique qu'une telle législation existe aux États-Unis.
Le devoir du ministère du Travail, des relations industrielles et de l'emploi est de publier des règlements relatifs au travail à domicile et qui devra être bien appliqués par les entreprises, dit Dev Luchmun.
Ce dernier estime qu'avec le progrès technologique, diverses activités pourront être faites à la maison notamment celles relevant du domaine informatique. Cependant, il est important de bien définir un code d'éthique, surtout les clauses de confidentialité et la protection des données informatiques. Il cite, en exemple, les professionnels du secteur bancaire et les informaticiens, qui ont accès aux données personnelles d'une entreprise.
Promouvoir d’autres emplois
Avec l'introduction du Work@Home, le gouvernement aura la possibilité de promouvoir d'autres emplois, soutient Dev Luchmun. « Je ne parle pas d’entrepreneuriat, mais le travail à la domicile pour le compte d'entreprises ». Il cite, entre autres, la confection de vêtements par des machinistes qualifiées qui, pour une raison ou une autre, préfèrent travailler à la maison, ceux qui entreprennent des commandes pour des entreprises de catering, des vendeuses à domicile, entre autres.
Le travail à domicile se fait déjà dans certains cas mais dorénavant tout sera défini par les lois du travail.
Parlant de relations industrielles, Dev Luchmun explique que les salariés du Work@Home, devront jouir pleinement de leurs droits notamment celui de faire partie d'un syndicat.
Pour l'économiste Éric Ng, le projet Work@ Home pourrait encourager davantage de personnes à intégrer le marché du travail. Il indique que la mise en place d'amendements sera nécessaire pour le succès de projet, car divers salariés travaillant à domicile bénéficieront de plus de fléxibilité. Pour finir, il ajoute que le concept pourra attirer plus de main-d’œuvre dans le domaine des services et de l'externalisation.
Ce qu’ils en pensent
Raj : «Il faut être davantage responsable»
Informaticien de formation, Raj travaille de chez lui sur des importants dossiers pour le compte de certaines compagnies. Il s’occupe, notamment de l’entretien des équipements informatiques. On fait appel à lui à n’importe quelle heure, du jour et de la nuit, pour des travaux de dépannage. « Il y a des réparations que je peux effectuer à travers mon ordinateur, mais si le besoin se fait sentir, je me rends sur place pour faire le nécessaire. Il trouve que le Work@Home est un bon concept. C’est une bonne proposition qui va attirer surtout les professionnels qui ne veulent pas être attachés à une seule entreprise. » Il explique que cela va permettre davantage de mobilité et de flexibilité. « Toutefois, une personne qui travaille de la maison doit être davantage responsable. Elle doit respecter les horaires de travail et les conditions qui s’y sont attachées. »
Rosemarie : «Certains employeurs sont exigeants»
Rosemarie a travaillé comme vendeuse à domicile pour une entreprise. Elle a vendu des encyclopédies et des instruments de cuisine. « Ce n’est pas un travail facile. Certains employeurs sont très exigeants. Parfois, on ne reçoit pas de salaires aussi longtemps que les clients n’ont pas effectué leurs paiements. C’est bien que le gouvernement introduise une loi pour réguler les conditions de travail à la maison », dit-elle.
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