À la rue Amédée Poupard à Mont-Roches, la famille Palmyre se prive et se bat pour s’en sortir. À 12 personnes, elles vivent dans deux maisons de deux pièces chacune, qui servent à la fois de cuisine, de chambre à coucher et de salon. Incursion dans leur quotidien…
À 10 heures, on avance dans une allée étroite menant vers des maisons en tôle de divers coloris. Un chien aboie et remue la queue. Jérémie (20 ans) qui est en pause déjeuner, le serre dans ses bras. Corinne (46 ans) fait du désherbage sous un manguier. À quelques pas, sa sœur jumelle, Corinna fait la lessive sur une roche à laver. Elle lève les yeux et acquiesce d’un sourire.
Un survol rapide des lieux nous conduit à Andréa Palmyre (70 ans) qui prépare le thé. Derrière le rideau, l’eau bouillit dans une ancienne bouilloire posée sur le feu vif d’une plaque à gaz. La septuagénaire prend une tasse et y verse le breuvage. Curieux, Jérémie pousse gentiment Mimi, le chat de sa grand-mère, qui se frotte à ses pieds. Puis, les sœurs jumelles et leur mère Andréa nous invitent à prendre place sur un canapé plus qu’abimé et recouvert d’un drap.
Dans la famille Palmyre, l’argent est un gros problème. Elle vit avec très peu, mais se débrouille pour avoir de quoi manger au quotidien. Les membres de cette famille recomposée se serrent les coudes pour remplir les assiettes. Malgré son grand âge, Andréa effectue un ou deux repassages de temps en temps pour avoir une poignée de roupies. Cet argent lui permet d’acheter un « cari ».
Corinne et Corinna sont au chômage depuis un an, après qu’un établissement hôtelier a mis fin à leur contrat d’embauche. Depuis, elles multiplient les recherches d’emplois qui leur permettraient de gagner un salaire adéquat pour subvenir aux besoins de leurs enfants.
La famille Palmyre fait des sacrifices, toutefois, elle se débrouille pour avancer vers demain. « Parfois, c’est un peu du parce que, même si on n’aime pas un aliment, on en mange, car il n’y a que ça », affirme Corinna, les larmes aux yeux. Son plus grand souhait, c’est de bénéficier d’une aide pour trouver un logement social, où elle pourrait vivre à son aise, avec son compagnon, son fils et sa belle-fille qui attend un bébé. Être à quatre dans une grande chambre, séparée en deux par un simple rideau, n’est pas évident.
Corinna raconte son histoire : « Il y a neuf ans, mon premier compagnon a été victime d’un accident fatal. Il a été percuté par une voiture alors qu’il se trouvait sur la route en face de sa maison ». Suite à cet accident, Corinna, avec trois enfants à sa charge, sombre dans une dépression. Elle se démène seule pour subvenir à leurs besoins. Ensuite, il y a deux ans de cela, elle s’est remise en couple et malgré un maigre salaire, son nouveau compagnon l’aide financièrement à s’en sortir. Toutefois, arrondir les fins de mois est chose vaine avec Corinna qui a perdu son emploi.
Invasion de rats
Dans sa maison, deux vieux réfrigérateurs servent d’armoires, où Corinna y range assiettes et couverts ainsi que des provisions. La raison : le lieu est infesté de rats et autres rongeurs. Elle hésite à ouvrir l’un des réfrigérateurs de peur qu’une armée de cafards en sort… On avance à tâtons dans le peu d’espace entre les vêtements et autres babioles empilés sur le sol. Cependant, ce qui témoigne encore plus de la précarité dans laquelle vit la famille Palmyre, c’est l’état de la salle de bain et des toilettes, à usage commun, situées hors de la maison. La maison présente d’autres signes de précarité, notamment les multiples fissures du toit et des murs en tôle. On retrouve également plusieurs toiles d’araignées.
Seule à éduquer ses enfants
Corinne Gustave est tombée enceinte à 15 ans. Elle a épousé Jean Cyril, un apprenti chauffeur de camion, décédé il y a dix ans dans des circonstances tragiques. Une plaque de soubassement en béton, échappée d’un lot mal attaché d’un camion, lui est tombée dessus alors qu’il déjeunait sur son lieu de travail. Grièvement blessé, il a été hospitalisé à l’hôpital Candos durant deux mois avant de rendre l’âme. C’est ainsi que Corinne se retrouve seule à élever et à éduquer ses trois enfants. La situation financière s’est quelque peu améliorée quand sa fille aînée a décroché un emploi.
Les moments difficiles et les dettes s’accumulent, mais elle garde espoir de trouver un boulot. « Bonne à tout faire, jardinière, garde-malade, baby-sitter ou cuisinière, rien ne me fait peur », affirme cette mère courageuse, en quête d’un emploi pour sortir de cette impasse. Idem pour Corinna.
Appel à l’aide
La famille Palmyre lance un appel à la solidarité pour des vivres, des vêtements, des feuilles de tôle et du bois, des vêtements pour bébés ou encore des couches pour nouveau-nés. Elle serait aussi heureuse d’être aidée pour entamer des démarches pour des logements sociaux ou trouver de l’emploi.
« Nous sommes prêts à faire des sacrifices pour cotiser, même si l’argent nous fait défaut. Nous voulons absolument trouver une issue de secours pour sortir de cette situation difficile. »
Andréa Palmyre : «Mes enfants sont ma force»
Andréa Palmyre nous fait le récit de sa vie : « Mon père René était charpentier et ma mère Odette était bonne à tout faire. Ils ont eu 13 enfants, dont la plupart sont morts. Il ne reste que mes deux sœurs et moi ». Elle ajoute que sa famille connait la précarité depuis des générations.
Initialement, il y avait une maisonnette en paille sur ce lopin de terre, raconte Andréa. Au fil des années, pluie oblige, une nouvelle construction a été érigée avec des feuilles de tôle et des poutres en bois. Analphabète, la septuagénaire n’a jamais connu les bancs de l’école. Elle a commencé à travailler dès son plus jeune âge dans la cour des personnes de la localité, qu’elle prénommait « bann bourzoi ». Avec un maigre salaire de Rs 30, elle aidait sa famille à se nourrir, nous dit-elle.
À 20 ans, elle épouse son voisin Noël. De cette union nés quatre enfants, dont les jumelles Corinne et Corinna. Maçon de profession, son époux a fait de son mieux pour subvenir aux besoins de la famille. Toutefois, faute de finances, les enfants n’ont obtenu que le Certificate of Primary School, avant de trouver un petit boulot pour aider leurs parents à arrondir les fins de mois.
À 60 ans, Noël pousse son dernier souffle après des complications de santé, liées au diabète. Andréa est livrée à elle-même avec ses enfants sur les bras. Elle vit de sa pension, mais ne baisse pas pavillon. Elle se débrouille et bénéficie irrégulièrement du soutien social de Caritas. Aujourd’hui, si la marmite est vide, elle ne se plaint pas, car elle a connu pire. Ce qui l’aide à avancer au quotidien, c’est l’amour qu’elle a pour ses enfants, mais plus encore, c’est leur soutien indéfectible, ce malgré les aléas de la vie.
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