Les projets de piste d’atterrissage et de jetée et leurs infrastructures connexes à Agalega sont entièrement financés par le gouvernement indien. Vijay Makhan, ancien Secrétaire aux Affaires étrangères, indique que ce sont des infrastructures énormes qui vont coûter Rs 8,8 milliards.
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Selon lui, il y a un « contraste » dans tout cela. La piste d’atterrissage de Plaine-Corail, dit-il, va coûter Rs 4 milliards et Rodrigues compte près de 40 000 habitants. Toutefois, à Agalega, cela va coûter le double pour quelque 500 personnes. Néanmoins, selon lui, c’est une bonne chose d’apporter du développement, « mais cela ne correspond pas au nombre d’habitants ». Selon lui, « cela dépasse les espérances ». Il se demande « si des bateaux de croisière vont accoster l’île et si des touristes pourront visiter la jetée ».
Mais pour l’ancien diplomate, la façon d’agir du gouvernement laisse la voie libre aux spéculations. « Il y a certes des spéculations farfelues. Mais le gouvernement laisse planer le flou et les gens laissent ainsi libre cours à leur imagination » dit-il.
Vijay Makhan est catégorique. « Vu les relations diplomatiques entre les deux États, il n’y a pas de ‘free lunch’. Un pays qui en fait autant aura certainement des vues. Cela nous ramène à la situation géopolitique avec deux puissances : l’Inde et la Chine. L’Inde a des alliés, qui se trouvent être l’Amérique, l’Angleterre et l’Australie qui se sentent effrayés par la présence chinoise. Ce pays fait ainsi ce qu’il doit faire discrètement. Il ne faut pas oublier que la Chine est en train de négocier avec Madagascar », souligne-t-il. Ceci dit, il fait comprendre que depuis l’indépendance du pays, l’Inde a toujours été aux côtés de Maurice. « C’est une relation de peuple à peuple. L’Inde a toujours aidé le pays dans plusieurs domaines, tout comme la Chine » a-t-il indiqué.
Au bâtiment du Trésor, on maintient que l’accord signé avec le gouvernement indien concernant Agalega est destiné uniquement à la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir, protéger et sauvegarder nos besoins en matière de sécurité maritime.
L’observateur politique, écrivain et ancien ministre, Jean Claude de l’Estrac souligne que « Le Premier ministre se met lui-même dans une posture qu’il ne pourra plus tenir bientôt. Quand nous verrons arriver la flotte de Boeing P-81 sur la nouvelle piste d’Agalega, quand les navires de guerre de la marine indienne accosteront les jetées nouvellement construites, plus personne ne pourra continuer à prétendre que les nouvelles infrastructures d’Agalega sont au bénéfice des habitants de l’île. Les Rs 8,8 milliards d’investissements indiens sont au service de la marine indienne dans le cadre d’un programme de surveillance aérienne et maritime dans l’océan Indien. Les Indiens ne s’en cachent pas mais expliquent que cette stratégie de « security for all » « profitera également aux pays du sud-ouest de l’océan Indien. Ce qui n’est pas faux. »
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