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Projet hôtelier contesté à Anse-La-Raie : Gopee recule, les habitants sur leurs gardes

Vue aérienne de la plage publique d’Anse-La-Raie.

Le groupe N-G met une croix sur son projet hôtelier à Anse-La-Raie. Son directeur, Avinash Gopee, accuse le PTr d’avoir mené campagne contre son projet. Du côté des opposants au projet, on reste vigilant.

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La nouvelle est accueillie comme une victoire dans le camp de ceux qui s’opposent au projet de construction d’un hôtel 5-étoiles sur une bonne partie de la plage publique d’Anse-La-Raie, endroit se situant à côté de Cap-Malheureux. Avinash Gopee, directeur du groupe N-G et de sa branche Luxury Suites Ltd, a, dans un communiqué, samedi, annoncé qu’il ne compte plus aller de l’avant avec son projet, qui devait s’étaler sur 25 arpents et pour lequel il avait déjà obtenu une Letter of reservation du gouvernement.

« Face à la multiplication de ces calomnies éminemment politisées et dans un souci de protéger mes employés ainsi que mon entreprise, j’ai pris la décision, après consultation avec mon équipe de direction, de renoncer à ce projet de développement touristique à Anse-La-Raie », déclare-t-il.

Avinash Gopee soutient avoir eu à faire face à une « hostilité incompréhensible ». Il accuse le Parti Travailliste (PTr) d’avoir nuit à ses intérêts : « Je peine à comprendre (…) le véritable motif d’un tel acharnement. (…) Mais nous préférons mettre fin à toute polémique infondée, quitte à renoncer au projet. »

De son point de vue, « le PTr, à travers certains de ses dirigeants, a lancé une campagne visant à [le] discréditer et à saboter [le] projet ». Il dénonce les attaques visant à « porter atteinte à [son] intégrité en tant que personne et entrepreneur, alors que l’ambition de diversification de notre Groupe dans le secteur touristique découle d’une logique économique tout à fait légitime ».

Avinash Gopee tient à « affirmer sans réserve que toutes les procédures requises à ce stade ont été scrupuleusement respectées ». De plus, affirme-t-il, « des discussions constructives » avaient été entamées avec bon nombre d’habitants de la région concernée. « Il en est ressorti que ces derniers fondent beaucoup d’espoir sur la réalisation de ce projet, par les perspectives d’emplois susceptibles d’être générés et le potentiel de développement que cela représente pour toute cette région. »

Le promoteur soutient avoir déjà « entamé des discussions approfondies avec des opérateurs hôteliers de renommée mondiale ». « Nous avons d’ailleurs récemment conclu un accord en ce sens avec une marque de prestige, ce qui aurait donné lieu à l’avènement d’un établissement unique en son genre dans le paysage touristique mauricien. Cela aurait permis à l’île Maurice de se positionner de manière encore plus durable dans le secteur de l’hôtellerie de luxe », affirme-t-il.

Avinash Gopee précise qu’il se réserve le droit d’entreprendre les actions légales qui s’imposent, « y compris de demander le remboursement du dépôt conséquent effectué auprès des autorités, selon la procédure établie, pour assurer la réservation du terrain en question ».

Vashish Bijlol : « Notre lutte est contre le masterplan de 100 arpents »

Vashish Bijlol, principal animateur du collectif Pas Tous Nous Anse La Raie, formé pour faire opposition à tout développement hôtelier et foncier sur cette plage publique du Nord, se réjouit de l’abandon du projet hôtelier. Il indique cependant que la vigilance doit rester de mise, car le gouvernement n’a pas abandonné son masterplan pour développer 100 arpents dans cette région.

« Je dis un grand merci et un grand salut à ceux qui nous ont rejoints dans ce devoir civique qui est de protéger cette plage. Je salue tous les combattants et combattantes. Je remercie aussi la presse d’avoir répercuté notre voix. On a remporté une bataille aujourd’hui, mais pas la guerre », soutient-il.

Il précise que « cette lutte n’est pas contre un promoteur ou un individu ». « Notre bataille est contre ce masterplan de 100 arpents en préparation et qui veut réorganiser l’usage des terres de la région. Rien n’est gagné jusqu’ici à ce niveau. Aujourd’hui, un promoteur se retire, mais demain, il peut y avoir un autre. Nous restons vigilants », indique-t-il.

Vashish Bijlol souligne qu’au lieu d’arracher cette partie encore vierge du pays des mains du public, le gouvernement devrait la protéger : « On revendique un agrandissement de la plage publique. Nous demandons que les marécages soient protégés et que la maison du gouverneur, qui se trouve sur les pas géométriques d’Anse-la-Raie, devienne un patrimoine national. La lutte continue donc. On ne connaît pas l’intention réelle du gouvernement. Mais déjà, le bon sens de ce promoteur a prévalu et nous lui en sommes reconnaissants. »

Richard Rault : « On se réjouit de l’abandon de ces convoitises »

L’avocat Richard Rault, membre du collectif Pas Tous Nous Anse La Raie, qui avait l’intention d’entamer des actions en justice, se « réjouit de l’abandon de ces convoitises sur un site appartenant au public et qui permet à notre jeunesse souvent défavorisée d’avoir accès aux plaisirs de la plage et des séjours pied dans l’eau ». Il fait ici référence à la plage publique, mais aussi au centre de jeunesse qui s’y trouve. 

« Il est étonnant que le promoteur mentionne des consultations quelconques, alors qu’il n’y en a pas eu. Les gens des environs n’ont rien vu venir. Ça a été gardé de façon secrète sans consultation avec les gens des environs et ce projet se serait fait non pas sur des terrains de nature privée, mais appartenant au public. La réaction du public ne s’est pas fait attendre et la mobilisation qui a suivi, ainsi que la vague de sympathie des gens de la côte nord, a été crescendo contre un projet d’accaparement de plage. Nous ne pouvons que dire ‘bon débarras’. » 

Il trouve curieux que le groupe « soit très au courant des dispositions à prendre sur une zone dont le devenir serait inconnu, y compris des autorités compétentes ». « Car le masterplan n’avait pas encore été avalisé, a dit le ministre du Logement, qui n’a pas pu le déposer à la table du Parlement, lorsque cela lui a été demandé », selon lui.

Osman Mahomed : « Étrange qu’il laisse tomber ce projet avec une telle facilité »

Le député travailliste Osman Mahomed, qui a soulevé le sujet plusieurs fois au Parlement, s’étonne que le promoteur « laisse tomber ce projet avec une telle facilité ». « C’est étrange alors que le Premier ministre a défendu ce projet publiquement », insiste-t-il. Il y a une quinzaine de jours, Pravind Jugnauth avait indiqué, lors d’un événement à Plaine-des-Papayes, qu’il soutenait pleinement ce projet.

Osman Mahomed ne comprend pas non plus pourquoi Avinash Gopee parle, dans son communiqué, d’actions légales pour réclamer le remboursement du dépôt versé auprès des autorités, « alors que c’est lui qui fait marche arrière et non le gouvernement ». 

Le harcèlement du Parti Travailliste dont parle le promoteur, « ne tient pas la route », estime Osman Mahomed. « J’ai posé des questions au Parlement, car je suis en charge du dossier logement et aménagement du territoire. C’est alors qu’on a su que le gouvernement travaillait sur un masterplan sur 100 arpents en catimini. Et c’est sur mon insistance que le nom de Luxury Suites Ltd est sorti. Il a obtenu un bail de 25 arpents de pas géométriques, alors que cette compagnie n’a jamais entrepris de projet », révèle-t-il.

Il rappelle qu’Avinash Gopee est un nominé politique placé à la présidence de Drain Infrastructure Co. Ltd, compagnie étatique chargée de mettre en œuvre les projets de drains, et la Tourism Authority.

 

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