Projet d’un nouvel abattoir mis au placard depuis 20 ans : le coût passe de Rs 85 M à Rs 325 M

abattoir À l'abattoir de Roche Bois, les employés doivent fournir des efforts considérables pour déplacer les carcasses d'animaux sur des rails qui datent d'il y a quarante ans.

Le dossier d’appel d’offres pour la construction d’un nouvel abattoir est en voie d’être finalisé au Central Procurement Board (CPB).  Entre-temps, le coût du projet a quadruplé passant de Rs 85 millions à Rs 325 millions.

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20 ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que le projet d’un nouvel abattoir voie enfin le jour. Du moins, jusqu’à présent, le projet semble être sur la bonne voie. D’ailleurs, dans une déclaration au Défi-Plus, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, a déclaré que le projet était actuellement au stade de l’évaluation par le Central Procurement Board (CPB). N’empêche que deux décennies, deux rapports de consultants et deux appels d’offres infructueux plus tard, le montant du projet a, quant à lui, presque quadruplé, passant de Rs 85 millions à Rs 325 millions…

L’idée de construire un nouvel abattoir a été évoquée pour la première fois en 1989. Toutefois, ce n’est qu’en 1998 que le gouvernement d’alors décide d’aller de l’avant avec ce projet, en allouant un montant de Rs 85 millions, sur cinq ans, dans le budget 1998-1999 pour son implémentation. Deux ans plus tôt, les services d’un consultant avaient été retenus pour mener une étude de faisabilité pour un montant de Rs 2,3 millions. Le gouvernement se heurte toutefois à un premier obstacle car le rapport du consultant est incomplet. Le projet est alors mis au placard.

Le site actuel à Roche Bois n’est plus adapté.»

2004. Le gouvernement essaie de relancer le projet du nouvel abattoir. Les services d’un deuxième consultant sont retenus pour la somme de Rs 3,1 millions. Le coût du projet passe alors de Rs 85 millions à Rs 125 millions. Cette fois, le projet est mis en veilleuse à cause du manque de fonds.

De Rs 85 millions à Rs 325 millions

En 2013, le projet revient à nouveau sur le tapis. Un contrat pour des consultancy services est confié à des consultants de l’Union européenne. L’une des options proposées est de relocaliser les activités de la Mauritius Meat Authority (MMA) sur un autre site. La capacité de production serait la même que l’abattoir existant. Toutefois, les équipements et les matériaux de construction devront répondre aux normes et aux standards européens et à l’HACCP. Cette option est retenue par le gouvernement. Coût du projet : Rs 223 millions. Parallèlement, dans leur rapport, les consultants européens attirent l’attention sur l’urgence de concrétiser le projet devant les dangers environnementaux qui prévalent à la MMA.

Un premier appel d’offres est lancé par le ministère de l’Agro-industrie en septembre 2014. Cependant, aucune offre valable ne sera reçue. Un deuxième appel d’offres est lancé en juillet 2015, une fois de plus, sans succès. Après deux tentatives infructueuses, un troisième Expression of Interest est lancé en mars 2016. Les offres sont en train d’être évaluées au niveau du CPB mais déjà, le coût du projet avoisinerait désormais les Rs 325 millions.

Site inapproprié et équipements dépassés

Du côté du ministère de l’Agro-industrie, on est d’avis que l’abattoir existant à Roche-Bois aurait « fait son temps ». En effet, le directeur général de la MMA, Rajesh Daumoo, dénombre cinq raisons pour justifier la relocalisation de l’abattoir actuel. En premier lieu, il cite l’âge avancé du bâtiment existant qui date, selon lui, de plus d’une quarantaine d’années. Ensuite, les équipements actuels seraient dépassés et labour intensive. « À titre d’exemple, les employés doivent fournir des efforts considérables pour déplacer les carcasses de bœuf qui pèsent entre 500 livres et 600 livres sur des rails qui datent d'il y a quarante ans », affirme-t-il.
Aussi, la région où se situe l’abattoir actuel, soit à Roche Bois, ne serait plus adaptée aux activités de la MMA. « D’une part, c’est une zone résidentielle. D’autre part, nous éprouvons des difficultés à évacuer les eaux usées, surtout lors de grosses averses. Et enfin, l’abattoir est situé à proximité d’un centre de transfert pour les déchets. Avec tous les inconvénients que cela peut engendrer, le site actuel n’est tout bonnement plus adapté », affirme-t-il.

Polémique autour du bâtiment

Le nouvel abattoir, qui est estimé à Rs 325 millions, sera d’une superficie de 2 500 m2, sur un terrain de 5 arpents dans la région de Five Ways, Wooton. Il sera doté de trois lignes : une pour le bétail, une pour le porc et une autre destinée aux chèvres, aux cerfs et aux moutons, avec équipements dernier cri.

« Le nouvel abattoir sera équipé de trois lignes. Bien que situées dans le même bâtiment, celles-ci seront toutefois complètement séparées. D’ailleurs, la main-d’œuvre ainsi que les moyens de transport pour chacune des trois sections seront différents », assure Rajesh Daumoo, le directeur de la MMA. Un avis que ne partage pas Haniff Peerun. Celui-ci demande que les trois sections soient totalement indépendantes les unes des autres. « Mem si zott dans mem compound, li ti pu meyer si zott dans bann batimen differen », avance-t-il.

Haniff Peerun : «Tou bizin refer»

Haniff Peerun, porte-parole syndical de la MMA, dresse un tableau sombre de l’état actuel de l’abattoir. « Tou seki ena ladan, narnien pas bon. Tou bizin refer. Cela fait 40 ans qu'on utilise le même équipement. Ena bann rails ek ban palan acote tini bann carcass ki dat depi 40 ans, ou imazine kouma linn vini », soutient Haniff Peerun. Il ajoute qu’il y a environ un mois, des officiers du ministère du Travail sont venus inspecter les locaux de l’abattoir. « Zot fer rappor,  mais kote administrasyon zero. Il y a trois trois ingénieurs à plein temps là-bas, pa kone ki zot fer », s’exclame Haniff Peerun. Celui-ci déplore le manque de consultation avec les employés et le syndicat à ce sujet. « Le ministre concerné doit discuter avec le syndicat avant. Pa nek deside pou sanze du jour au lendemain. Il faut travailler dans l’intérêt des travailleurs et des consommateurs avant tout », ajoute-t-il.

 

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