Toutes les conditions semblent réunies pour que le projet de tout-à-l’égout à Pailles-Guibies soit un véritable désastre. Le chantier, qui accumule un retard considérable, pose également de graves problèmes environnementaux et de sécurité pour les habitants de la région.
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La Wastewater Management Authority (WMA) est en train de payer le prix fort pour avoir attribué un contrat de Rs 979 millions à la compagnie Sinohydro en 2019 pour le tout-à-l’égout à Pailles-Guibies. Alors que l’organisme public avait annoncé dans ses rapports annuels que le chantier serait terminé en janvier 2023, le ministre de l’Énergie et des Services publics, Joe Lesjongard, a admis au Parlement, mardi dernier, que les travaux n’étaient à ce jour complétés qu’à 37,1 %, tout en laissant entrevoir que la WMA pourrait bientôt se retrouver dans un litige contractuel avec Sinohydro.
Pourtant, la WMA avait été mise en garde en 2018 par l’Independent Review Panel (IRP). Ses membres avaient recommandé, le 28 septembre 2018, au Bid Evaluation Committee de la WMA de prêter une attention particulière à plusieurs points troublants concernant l’offre de Sinohydro, notamment le prix « anormalement bas » proposé par la société.
L’IRP avait été sollicité par Sotravic Ltée, qui contestait l’attribution du marché public à Sinohydro. Après avoir pris en compte les arguments des représentants de Sotravic Ltée, l’IRP s’était étonné de la manière dont ce dossier avait été géré par la WMA. Il avait même recommandé la création d’un nouveau comité pour réévaluer les offres des soumissionnaires.
Un des éléments troublants concerne la disparité des tarifs entre l’offre de Sinohydro (Rs 851 511 698,24 hors taxes) et celles des autres soumissionnaires, qui dépassaient Rs 1 milliard (Rs 1 502 801 996 pour BCEG/Gamma Pailles Guibies JV et Rs 1 075 135 563 pour Sotravic Ltée).
Fabrice David, député travailliste de la circonscription n° 1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest), qui a interpellé le ministre Joe Lesjongard à ce sujet, souligne que la société GIBB, chargée de concevoir le design du projet, avait estimé le coût des travaux à Rs 1,7 milliard. « Cependant, le contrat a été attribué à Sinohydro pour un coût de Rs 979 millions. On ne peut que constater l’énorme écart avec le prix estimé par les experts de GIBB », déclare-t-il.
En ce qui concerne la durée interminable des travaux, le député rappelle que les premiers coups de pioche ont été donnés le 11 septembre 2019. « Ce chantier aurait dû être achevé en 40 mois, mais 44 mois plus tard, le ministre nous dit que seulement un tiers des travaux ont été réalisés », déplore-t-il.
Ainsi, selon Fabrice David, « nous en sommes arrivés à un point où le chantier de construction à Pailles est aujourd’hui un véritable chantier de l’horreur. Le travail est effectué de manière approximative et dangereuse. Cette région de Pailles est exposée à la pollution sonore et atmosphérique. Pire encore, l’état des routes est déplorable et a déjà provoqué plusieurs accidents ». Il fait également remarquer que ce projet ressemble étrangement au projet de tout-à-l’égout de Grand-Baie, où la compagnie sélectionnée a tout simplement décidé d’abandonner en cours de route.
Le Défi Quotidien a sollicité le ministère des Services publics afin d’obtenir des clarifications sur l’avenir de ce projet, mais l’attaché de presse nous a renvoyés à la réponse du ministre Joe Lesjongard. Le député Fabrice David compte, quant à lui, revenir à la charge mardi prochain à l’Assemblée nationale.
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