Projet de câbles sous-marins - Arunachalam Kandasamy : le ‘mastermind’ qui a échappé à MT

L’ancienne direction de Mauritius Telecom (MT) aurait fait confiance à une entreprise qui n’avait aucune expérience dans l’installation de câbles de fibres optiques destinés à relier Maurice à plusieurs pays du monde.

Arunachalam Kandasamy. C’est le nom qui revient sans cesse dans les dénonciations faites par d’anciens employés de Mauritius Telecom (MT) et des contracteurs à la police. Cela dans le cadre de l’enquête autour des ramifications financières opérées entre 2015 et 2020. Arunachalam Kandasamy, le directeur général (CEO) d’Indian Ocean Xchange Ltd (IOX), a été dénoncé comme étant le véritable « cerveau » (mastermind) derrière un projet visant à relier Maurice à l’aide de fibres optiques avec différentes régions du monde. Toutefois, six ans après la signature du contrat entre MT et Indian Ocean Xchange (IOX), l’Indien Arunachalam Kandasamy a complètement disparu des radars de MT après avoir empoché une somme de près de Rs 700 M auprès de la compagnie, sans être en mesure de démarrer le projet.

Les dénonciations faites à la police révèlent que la direction de MT a aveuglément fait confiance à une entreprise (IOX) en 2017, alors qu’elle ne comptait que deux personnes : Arunachalam Kandasamy et son épouse. Les compétences d’Arunachalam Kandasamy étaient uniquement liées à la détection de problèmes sur les câbles de réseau Internet à travers son ancienne entreprise, SEACOM. « Arunachalam Kandasamy n’a jamais été impliqué dans une quelconque activité d’installation de câbles de fibre optique sous-marins. Comment une entreprise aussi réputée que Mauritius Telecom a-t-elle pu s’engager dans un partenariat impliquant plusieurs centaines de millions de roupies avec une telle entreprise ? », souligne-t-on au niveau des Casernes centrales.

Selon différentes sources d’informations, au moment de la signature du contrat entre MT et IOX le 25 septembre 2017, IOX venait tout juste d’être créée et ne disposait d’aucun financement pour entreprendre un projet d’une telle envergure. Ce n’est que cinq mois plus tard, après de difficiles négociations et plusieurs manœuvres financières douteuses qu’IOX parvient à convaincre la société Alcatel de procéder à la fabrication des câbles optiques, après avoir versé une somme d’environ Rs 175 M. 

Rs 800 M

Les informations disponibles à la police révèlent qu’IOX aurait reçu un premier paiement d’environ Rs 800 M de la part de MT. Cet argent aurait été utilisé pour effectuer un premier paiement à Alcatel, tandis que le reste aurait servi à financer les transactions foncières d’Arunachalam Kandasamy en Inde, ainsi qu’à verser des salaires exorbitants aux employés recrutés en cours de projet. Les salaires des employés varieraient entre Rs 300 000 et Rs 500 000.

Un an plus tard, vers le mois de mars 2018, alors que la société Alcatel avait réussi à finaliser 80 % de la fabrication des câbles de fibre optique destinés au projet IOX Submarine Cable System, elle commence à faire pression sur Arunachalam Kandasamy pour obtenir le reste du paiement, qui s’élève à environ Rs 1,5 Md. Alcatel est confrontée à un problème d’espace dans ses entrepôts en raison des câbles produits. Elle fait donc pression sur Arunachalam Kandasamy pour qu’il règle au plus vite le montant restant, mais ce dernier, qui ne dispose plus d’aucun financement, sait qu’il est incapable d’honorer ses engagements financiers.

Arunachalam Kandasamy joue alors au chat et à la souris avec Alcatel et ses associés pendant près de deux ans, jusqu’à février 2020. Conscient de la menace de la COVID-19 à travers le monde, Arunachelam Kandasamy décide de prendre l’avion pour l’Inde. Il reste en contact avec ses employés et autres associés pendant un certain temps, mais commence, petit à petit, à prendre ses distances et à répondre de moins en moins aux appels Zoom et aux courriers électroniques. Les employés d’IOX, basés à Maurice, sont alors livrés à eux-mêmes pendant la pandémie de la COVID-19 et finissent par être privés de salaire.

En 2023, Arunachalam Kandasamy n’apparaît plus sur les radars de la compagnie de télécommunications nationale et n’a même pas été en mesure de démarrer le projet de câbles sous-marins.