Le projet controversé Roches-Noires Smart City, qui suscite des inquiétudes environnementales et juridiques, reste suspendu à un avis du State Law Office (SLO). Couvrant des zones écologiquement sensibles et des zones humides, il se heurte à des obstacles, dont des lacunes dans la demande d’Environmental Impact Assessment. Le ministère de l’Environnement consulte le SLO pour la marche à suivre.
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Alors que l’année 2025 vient de commencer, l’avenir de la Roches-Noires Smart City reste incertain. Le ministère de l’Environnement a décidé de consulter le State Law Office (SLO) pour obtenir un avis juridique sur ce projet controversé. Proposé par la société française PR Capital, il est censé couvrir 850 arpents et 92 perches de terrain, incluant des zones humides et écologiquement sensibles. Des lacunes ont été relevées dans la demande d’Environment Impact Assessment (EIA) et des évolutions législatives compliquent le dossier.
Joanna Bérenger, Junior Minister de l’Environnement, a expliqué que PR Capital avait initialement déposé une demande pour un certificat EIA pour la construction d’un hôtel le 4 avril 2022, mais que celle-ci avait été mise de côté en mai 2022. Une nouvelle demande, cette fois pour une Smart City, a été déposée le 28 septembre 2023.
Cependant, l’introduction de l’Environment Act – la version révisée de l’Environment Protection Act – a rendu la procédure encore plus complexe vu qu’elle impose désormais la réalisation d’une Strategic and Environmental Assessment (SEA) pour des projets de développement de cette envergure. Le dossier de PR Capital, a précisé Joanna Bérenger, reste incomplet, et ce malgré des demandes répétées d’informations supplémentaires adressées au promoteur par plusieurs autorités.
« Jusqu’à présent, il manque encore beaucoup d’informations dans son application. Des requêtes ont été faites pour des informations additionnelles et clarifications de la part de diverses autorités, notamment la Wastewater Management Authority, la Land Use Division et le National Parks and Conservation Office. Jusqu’à l’heure, des informations manquent encore et nous sommes arrivés en 2025 », souligne-t-elle. Le ministère de l’Environnement souhaite ainsi obtenir l’avis du SLO pour déterminer la direction à prendre et les prochaines étapes.
Critiques environnementales
Le projet Roches-Noires Smart City, porté par PR Capital, est prévu en trois phases sur dix ans, avec un investissement estimé à Rs 41 milliards. À terme, le promoteur promet la création de 2 664 emplois et envisage de positionner Maurice comme un centre d’excellence et d’innovation dans le cadre du Smart City Scheme.
Toutefois, le projet suscite une forte opposition de la part des associations environnementales et des citoyens. Ces derniers dénoncent les impacts écologiques potentiels sur l’écosystème local, qui abrite plusieurs espèces endémiques, et réclament des garanties sur la préservation de la région. En réponse, des collectifs, comme le Collectif Mauricien pour Roches-Noires, soutenu par des groupes économiques tels qu’Eclosia, IBL, Scott et Currimjee, ont soumis des commentaires critiques et proposé l’aménagement d’un parc naturel en lieu et place de la Smart City.
Parmi les opposants les plus actifs au projet figure Rezistans ek Alternativ (ReA), parti politique qui a été un acteur majeur dans la mobilisation contre le projet de Roches-Noires en 2023. À l’époque, il faisait partie de l’opposition, affirmant que la région de Roches-Noires devait être protégée de tout développement immobilier en raison de sa valeur écologique et de son rôle vital pour la faune et la flore.
Aujourd’hui, ReA fait partie du gouvernement. Joanna Bérenger avait, elle aussi, lorsqu’elle était député de l’opposition, pris position contre le projet pour des raisons environnementales.
Pour les contestataires, le projet menace l’équilibre écologique de Roches-Noires, un « poumon vert » de la région nord-est de l’île. Ils plaident pour des solutions de développement durable, élaborées et gérées par les habitants eux-mêmes.
L’avenir de la Smart City de Roches-Noires demeure donc des plus incertains. L’avis juridique du SLO pourrait clarifier les obligations légales du promoteur et les options disponibles pour les autorités, tout en permettant de déterminer si des compromis peuvent être trouvés entre développement et préservation écologique.
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