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Produits pétroliers : forte pression pour abolir la taxe de Rs 2 

Le prix du litre d’essence à la pompe est actuellement de Rs 74,10.

Maintenant que les commandes de vaccins ont été annulées, qu’adviendra-t-il de la taxe de Rs 2 sur le prix du carburant ? Nombreux sont ceux qui se posent la question. Au niveau du gouvernement, la réponse semble ambivalente. 

En effet, d’un côté, le ministre Joe Lesjongard a indiqué durant une récente conférence de presse que la taxe de Rs 2 sur le carburant pourrait être enlevée. De l’autre côté, en revanche, Pravind Jugnauth a expliqué que le sujet est encore au stade de réflexion. L’on pourrait penser que cette taxe sera maintenue, surtout que le Premier ministre a argué qu’il faudra acheter d’autres équipements pour la Covid-19 ou la variole du singe. L’État devra, selon lui, dépenser davantage d’argent pour s’approvisionner en vaccins. Ainsi, cette taxe qui fait débat s’éloignerait de son motif initial, soit d’approvisionner Maurice en vaccins contre la Covid-19. 

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D’où la nécessité, selon Reza Uteem, que le Premier ministre, le ministre de la Santé ainsi que le Vaccination Committee rendent des comptes à la population. Le président du Mouvement militant mauricien (MMM) est d’avis qu’il faut expliquer pourquoi ce prélèvement de Rs 2 a été effectué pendant plusieurs mois pour acheter des vaccins qui n’ont finalement pas été utilisés et sont expirés. « Est-ce dû à un mauvais planning, une mauvaise gestion ou un problème d’incompétence ? Est-ce que certaines personnes se sont enrichies sur le dos de la population avec cette taxe de Rs 2 ? », se demande-t-il. 

Le président du MMM, ainsi que l’économiste Kevin Teeroovengadum sont catégoriques : il faut enlever cette taxe. D’ailleurs, Reza Uteem indique que le cours mondial du pétrole a chuté de plus de 20 %. Néanmoins, il souligne que « le gouvernement, qui ne s’intéresse pas au bien-être de la population, n’a jamais baissé le prix du carburant depuis qu’il est au pouvoir. Au contraire, la courbe a pointé vers le haut ». 
Dans un récent article publié par le Défi Quotidien, Rajiv Servansingh, directeur de la State Trading Corporation (STC), a précisé que le prix du carburant à la pompe ne sera pas revu à la baisse en dépit de la réduction sur le marché international, afin de « renflouer le Price Stabilisation Account ». Le prix du litre d’essence à la pompe est actuellement de Rs 74,10 alors que celui du diesel se chiffre à Rs 54,55 le litre. 

Caisse de l’État

S’agissant de la caisse du gouvernement, Kevin Teeroovengadum soutient que l’État a du mal à balancer son compte en raison d’un problème de trésorerie. Cela, dit-il, peut expliquer le choix du gouvernement de maintenir cette taxe de Rs 2 sur le prix du carburant. Ajouté à cela, selon lui, le bilan de la STC s’est affaibli après les Rs 5 milliards payés dans l’affaire Betamax. « L’État doit cibler les gaspillages, comme précisé dans le rapport de l’Audit pour trouver de l’argent. Le gouvernement aurait dû injecter de l’argent dans le domaine de la santé au lieu d’investir de fortes sommes dans la construction d’un stade à Côte-d’Or par exemple », déplore l’économiste. 

L’argumentaire du Premier ministre concernant l’achat d’autres équipements ne convainc pas. Reza Uteem rappelle que le fonds a été créé pour l’achat de vaccin et affirme que le ministère de la Santé dispose de toute façon de son propre budget. « Le Premier ministre a été ministre des Finances et prétend ne pas savoir comment fonctionne un budget ? Il faut expliquer pourquoi l’achat d’équipements n’a pas été prévu dans le dernier budget », poursuit le président du MMM. 

Par ailleurs, un économiste argue, sous le couvert de l’anonymat, que la taxe de Rs 2 est un faux débat. « Nous avons un problème de fond qui concerne la façon de gérer notre économie. Cela s’est reflété par les deux dernières rétrogradations de la notation de Moody’s pour le pays. Les discussions devraient porter sur comment attirer plus d’investisseurs étrangers, de touristes et augmenter nos exportations. Est-ce le moment pour que le gouvernement augmente ses déficits à travers une mesure populiste ? », conclut-il.

essence

Megh Pillay, ancien directeur de la State Trading Corporation : « Enlever cette taxe de Rs 2 pour arrêter de déformer notre économie »

La taxe de Rs 2 sur le prix du carburant pour l’achat de vaccins est revenue sur le tapis après les interventions du ministre Lesjongard et du Premier ministre Pravind Jugnauth à ce sujet. Faut-il enlever cette taxe, selon vous ?
Toutes les taxes additionnelles ont été rajoutées de manière délibérée pour empêcher que la grande baisse du coût du pétrole soit passée au public. En 2019, le prix moyen du baril du pétrole à l’international était à 64 dollars. En 2020, c’était à 41 dollars, en 2021 à 70 dollars environ avant de passer à une moyenne de 94 dollars en 2022. Cette année, le prix a été influencé par la crise ukrainienne. 

Le marché mondial a, cependant, retrouvé un nouvel équilibre. Les spécialistes expliquent que les fondamentaux de l’offre et de la demande du pétrole sont relativement stables. Il faut comprendre que le prix du carburant à Maurice est artificiellement élevé par rapport à nos compétiteurs. Il faut donc enlever cette taxe de Rs 2 pour arrêter de déformer notre économie. 

Que dit la législation à ce propos ?
Il faudrait que le « Price Stabilisation Account » (PSA) pour l’essence dispose d’un excédent de Rs 600 millions et que celui du diesel compte Rs 900 millions. C’est la première condition pour pouvoir baisser le prix du carburant à Maurice selon un récent amendement. Combien de temps sera-t-il nécessaire pour obtenir Rs 1,5 milliard (Rs 600 millions + Rs 900 millions) et les injecter dans les réserves ? Je ne pense pas que le prix du carburant à la pompe va baisser de sitôt à Maurice. 

Est-ce que le manque à gagner pour l’État dans l’éventualité que cette taxe soit enlevée peut influencer la décision du gouvernement ?
Selon les chiffres disponibles sur le site de la STC, celle-ci importait 205 000 tonnes d’essence et 235 000 tonnes de diesel en 2020 / 21. Si l’on se base sur la hausse de nos importations, soit à 210 000 tonnes d’essence, la taxe de Rs 2  a rapporté Rs 567,4 millions, tandis que 240 000 tonnes de diesel ont permis au gouvernement d’engendrer Rs 572,1 millions par an. Dans l’éventualité que le gouvernement enlève cette taxe, ce sera un manque à gagner. La STC est d’ailleurs un « collecting agent » pour la Mauritius Revenue Authority (MRA).  

La structure de prix de la STC indique que la taxe de Rs 2 est une « Contribution to finance the cost of COVID-19 vaccines ». Le gouvernement peut-il songer à prendre cette taxe pour l’achat d’équipements comme expliqué par le Premier ministre alors que le ministère de la Santé dispose de son budget ?
Était-il indispensable de taxer Rs 2 sur le litre du carburant pour acheter des vaccins ? Le terme « achat de vaccins » n’est qu’une excuse. Maurice a obtenu des vaccins en cadeau. Le ministère de la Santé a son propre budget. Certes, on ne peut pas prévoir une catastrophe dans la gestion financière d’un ministère, mais il faut faire provision d’un budget récurrent. Il est également possible de venir de l’avant avec un mini budget supplémentaire pour financer les événements imprévisibles.

 

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