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Produits bio : un marché en plein essor

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Les produits bio gagnent du terrain à Maurice. Soucieux de ce qu’ils mangent, de plus en plus de personnes en achètent. S’il y a quelques années, ces produits étaient un luxe, tel n’est plus le cas. Nombreux sont ceux qui ne lésinent pas sur les moyens pour s’en procurer. 

Le marché des produits bio est en plein essor. Un plus grand nombre de Mauriciens en sont désormais les adeptes. Même s’ils coûtent entre 10 % à 25 % plus cher que les autres produits non certifiés sur les rayons des grandes surfaces. 

« C’est un fait que c’est un créneau qui prend de l’ampleur. Certes, le marché est encore petit. Mais les produits bio trouvent quand même des acheteurs », explique Ignace Lam, directeur des supermarchés Intermart. 

Thierry Sik Yuen, directeur de Sik Yuen Supermarket, est du même avis. Pour lui, révolu est le temps où ces produits étaient consommés seulement par ceux qui avaient de l’argent. « Acheter des produits bio n’est plus une affaire de moyens. Des personnes de toutes les bourses montrent un intérêt grandissant pour ces produits », soutient-il. 

Il poursuit que si les aliments bio sont prisés, c’est dû au fait que les gens font de plus en plus attention à leur santé. De ce fait, ils n’hésitent nullement à dépenser. « Les gens veulent manger des choses qui sont saines. Malgré la différence de prix, ils optent pour les produits bio à cause de leur santé », souligne-t-il. 

D’ailleurs, selon Léo Cayeux, de NeoFoods, un des plus grands importateurs et distributeurs de produits bio à travers le pays, depuis quelques années, une croissance régulière de ces produits est notée. « Depuis la seconde moitié de 2018, la croissance semble en forte accélération », déclare notre interlocuteur. 

Une panoplie de produits est proposée aux consommateurs. Des légumes surgelés, des biscuits, de la mayonnaise, des épices, des fruits secs, du lait, des céréales, de la viande, entre autres, sont en vente. Si une partie des produits proposés sont produits localement, les autres sont importés. 

Un sondage de Retail Scan Services, entre le 13 et le 18 août 2018, auprès de 612 personnes, révèle que les consommateurs achètent ces produits occasion-nellement. 

Est-ce que les Mauriciens savent ce qu’est un produit bio ? 36 % des sondés ont répondu que l’appellation bio veut dire produits naturels. L’absence de produits chimiques, de pesticides, de fertilisants et de colorants est également évoquée par plus d’un tiers des personnes interrogées. D’autres caractéristiques sont mises en évidence, telles que la fraîcheur et l’aspect santé. Il est intéressant de noter qu’une infime partie des sondés évoquent l’idée que le bio est un effet de mode. 

En termes d’achats de produits bio, ce sont les femmes qui semblent être les plus sensibles à cette catégorie de produits. Plus de 33 % d’entre elles déclarent en acheter. Les hommes ne sont que 24,2 % à acheter ce type de produits. L’achat de produits bio semble être plus occasionnel que courant, car seulement 1,96 % de Mauriciens déclarent acheter souvent ces produits. 

Prix
Riz bio Rs 105/kg
Pâtes bio Rs 80 pour 500 g 
Biscuits Rs 75 à monter
Grains secs Rs 70 pour 500 g
Céréales Rs 200 à monter

Boutiques spécialisées

Les Mauriciens sont surtout intéressés par les riz, les pâtes et les graines.
Les Mauriciens sont surtout intéressés par les riz, les pâtes et les graines.

Comme à travers le monde, des produits bio sont en vente dans des boutiques spécialisées. Ce qui confirme le dynamisme de la vente spécialisée bio. Les magasins bio et de produits biologiques et locaux apportent un véritable levier de croissance.

Arline Boisque, responsable de Mantra Wellness, une branche de Shibani, affirme que les produits bio sont accessibles et que tout le monde s’y intéresse. « La santé n’a pas de prix. Les gens sont conscients des avantages de manger des produits sains », lance-t-elle. 

Si les boutiques spécialisées proposent toute une gamme de produits, Arline Boisque confirme que les Mauriciens sont surtout intéressés par les riz, les pâtes et les graines. 

Un autre gérant de magasin bio, qui a souhaité garder l’anonymat, souligne que la clientèle est là. Mais que tout est une question de budget. « Il y a une demande, malgré la cherté des produits. Toutefois, tout le monde ne dépense pas sur les mêmes produits. Ainsi, on va dire que gérer une boutique spécialisée n’est jamais totalement bon ou mauvais. On a une population hétéroclite. Il y a des gens qui en achètent, car ils peuvent se le permettre. D’autres préfèrent la qualité au prix », avance notre interlocuteur. 

Il ajoute que, si les produits organiques gagnent du terrain, c’est à cause de l’équilibre et la richesse en apports nutritifs qu’ils promettent. D’où le fait que les magasins spécialisés dans la vente de produits bio proposent des aliments locaux, fabriqués par de petits entrepreneurs, qui le font avec leur cœur. Donc, des produits en petite quantité sont vendus, mais la qualité prime.

Des légumes bio frais

Produits bio

Des légumes bio frais. C’est ce que propose Ravi Rambujoo, qui a lancé, il y a quelques mois, sa petite entreprise Farm Basket. Et selon lui, les légumes et fruits bio sont de plus en plus prisés. 

D’ailleurs, il sillonne les villes pour livrer à domicile les légumes qu’il cultive. « J’ai commencé à en planter pour ma consommation personnelle sur un lopin de terre à Quatre-Bornes. Lorsque j’ai constaté que j’avais de bons légumes, j’ai eu l’idée d’en planter à grande échelle », raconte-t-il. 

« Tout a commencé avec des proches, puis des gens m’ont contacté. Ma réputation s’est faite de bouche à oreille et le cercle des clients s’est agrandi. Aujourd’hui, j’en compte une vingtaine », ajoute-t-il.
Avec ses légumes fraîchement récoltés et cultivés de façon durable sur ses terres à Saint-Julien d’Hotman, il s’efforce de proposer à ses clients de nouvelles variétés de légumes chaque semaine : giraumon, calebasse, plusieurs types de brède, laitue, carotte, rave, haricots verts et très bientôt courgette, pâtisson et pomme de terre... La liste varie selon la récolte et la saison. « Nous utilisons des ressources naturelles et durables. Nous respectons tous les protocoles bio », fait ressortir l’entrepreneur. 

« Nous comptons aussi proposer des fruits, si tout se passe bien, précise-t-il. En commandant des légumes bio, les gens aident à promouvoir l’agriculture durable et cela m’encourage à cultiver une plus grande variété de légumes. » 

En termes de coûts, le jeune entrepreneur assure que ses légumes ne sont pas plus chers que ceux qu’on trouve au marché, car ils sortent de terre et sont livrés directement aux consommateurs. « On va dire que les légumes bio coûtent à peu près 30 % plus cher que les légumes de l’agriculture traditionnelle », lance-t-il.

Côté clients, Ravi Rambujoo souligne que ce sont surtout les jeunes mamans qui sont soucieuses de donner ce qu’il y a de meilleur à leurs enfants, qui se tournent vers les légumes bio. Il y a aussi ceux qui en achètent pour des personnes malades.

Jayen Chellum : «Il faut une instance de contrôle»

Jayen Chellum

Même si les produits bio commencent à s’ancrer dans les habitudes alimentaires des Mauriciens, il n’existe aucune instance régulatrice pour contrôler ces produits. Selon le porte-parole de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), les lois en ce qui concerne l’alimentation ne font aucune mention de ces produits.

« Les produits bio sont supposés être sains. Les gens sont curieux et veulent les essayer. Mais sont-ils vraiment organiques ? On ne le sait pas vraiment », explique Jayen Chellum. Il précise que pour être certifié bio, il y a des normes à respecter. Toutefois, le porte-parole de l’Acim estime que c’est une poignée de personnes qui achètent ces produits. Selon lui, c’est avant tout une question de bourse. « Ce sont ceux qui ont des moyens et qui sont sélectifs sur ce qu’ils achètent », dit-il. 

N’empêche, il concède que les produits bio ont une clientèle. De ce fait, il croit fermement qu’il faut une instance de contrôle, car les consommateurs doivent avoir la garantie qu’ils achètent et consomment vraiment des produits bio. Il ne manque pas de souligner qu’il y a des cas d’arnaque à travers le monde. D’où le fait que les consommateurs mauriciens doivent être sur leur garde. 

« Il y a des cas où on fait passer certains produits comme bio, alors qu’ils ne le sont pas. Pour éviter que cela ne se produise à Maurice, il faut que les produits bio aient un certificat attestant de leur authenticité », fait-il observer. Même si, à ce stade, aucune plainte n’a été enregistrée au niveau local, Jayen Chellum préconise la mise sur pied d’une instance régulatrice. 

Il conseille par ailleurs aux Mauriciens de faire des recherches sur les produits bio, pour qu’ils aient la garantie qu’il s’agisse de produits bio. 


Ce qu’en pensent les consommateurs

Produits bio

Dev, 35 ans, habitant Highlands

« Malgré que les produits bio soient chers, ils sont plus sains. Je préfère acheter des produits bio, car je suis de ceux qui croient que la santé n’a pas de prix. Ce que j’achète le plus sont des légumes, car il n’y a pas de pesticides. Je suis convaincu que là maintenant, les gens ne réalisent pas quels sont les bienfaits des produits bio. Ils se soucient du prix. Mais dans quelques années, ce sera le boom de ces produits. »

Alisson, 25 ans, habitant Port-Louis

« Je suis une vraie accro des produits de beauté. Toutefois, ma peau en a subi les conséquences à la longue. J’ai une amie esthéticienne. Elle m’a conseillée d’opter pour les produits bio malgré la cherté des prix. J’ai donc investi dans plusieurs produits bio. Je ne regrette pas mon choix de passer à tout ce qui est organique. Ma peau n’est plus sujette aux agressions qu’elle connaissait avec des produits normaux. Je conseille vivement le bio. »

Jameel, 32 ans, habitant Chemin-Grenier

« J’aime les produits bio. D’où le fait que j’en plante chez moi. Des légumes et fruits qui poussent au naturel. Je peux dire que le goût est autre. Si on fait une comparaison entre un légume/fruit bio et un légume/fruit qu’on achète au marché, il y a une grande différence. Les produits bio gardent leur saveur et leur parfum même après plusieurs jours, alors que ceux qui ne le sont pas commencent à s’abîmer. Et lorsqu’on cuisine du bio, le produit est plus consistent et a meilleur goût. » 


Importante valeur nutritionnelle

Pour avoir l’appellation « biologique » ou « organique », la production de ces aliments doit respecter certaines règles. 

Selon Anya Benoit, nutritionniste et diététicienne, les produits bio ou organiques sont des produits qui sont issus de l’agriculture biologique. « Les avantages sont qu’ils ne contiennent aucun pesticide, insecticide et fertilisant chimique. Les plantes grandissent selon les règles de la nature et sans intervention chimique », explique-t-elle. 

En effet, l’agriculture biologique est une façon de cultiver la terre pour en améliorer la fertilité à long terme. Les méthodes de production respectent les cycles naturels et les écosystèmes du sol et de son environnement. Les résidus de pesticides à la surface des fruits et des légumes biologiques sont donc quasi inexistants. 

Pour produire de la viande ou de la volaille biologique, les éleveurs doivent offrir aux animaux des conditions de vie adaptées à leurs comportement naturel. C’est-à-dire, de l’espace pour bouger, de la lumière du soleil et de l’air frais. Le bétail doit également être nourri d’aliments cultivés selon les normes biologiques. 

Pour mériter l’appellation biologique, les aliments ayant subi une transformation doivent être issus d’une agriculture ou d’un élevage biologiques. Leur texture, leur couleur et leur goût doivent refléter uniquement les caractéristiques naturelles des ingrédients utilisés. 

Anya Benoit affirme que la valeur nutritionnelle est plus grande. « La valeur nutritive est potentiellement meilleure, vu que le produit grandit lentement », poursuit-elle. Toutefois, elle déclare qu’un produit est comme un autre produit. Elle cite l’exemple d’un biscuit qui reste un biscuit, rempli de sucre, de graisse, etc. même s’il est bio. 

Les 3 règles de l’élevage biologique

  • Pas d’antibiotiques ni d’hormones de croissance.
  • Pas de farines animales dans la diète alimentaire.
  • Pas de surpopulation animale dans des bâtiments fermés.

Les 3 règles de la transformation biologique

  • Pas de colorants artificiels, d’arômes artificiels ni d’additifs de synthèse.
  • Pas d’agents de conservation de synthèse.
  • Pas d’irradiation pour la conservation.

Cosmétiques

Plusieurs marques de cosmétique proposent des produits de beauté naturels, fabriqués à partir des meilleurs actifs extraits de plantes médicinales. Maurice n’échappe pas à la règle. Des produits bio sont proposés à une clientèle de plus en plus avides de nouveautés. Crème, sérum, gel nettoyant, savon, dentifrice... 

Nadia Nadal, responsable de Nature Verte, à Trianon, dit que ces produits ont un créneau. « De nombreux clients vont vers le bio. Cela est dû au fait que ces produits sont sains pour la peau », indique-t-elle. Elle ajoute que ce sont principalement les femmes qui optent pour des produits cosmétiques naturels. Princi-palement celles dans la quarantaine. « Même si c’est plus cher que les cosmétiques conventionnels, elles savent que ces produits sont plus bénéfiques. Elles n’hésitent pas à dépenser », fait-elle observer. 

Quelques prix
Masque Rs 365
Gel douche Rs 325
Crème Entre Rs 800 et Rs 1200
Dentifrice Entre Rs 250 et Rs 300
Savon Rs 245
Gel nettoyant Rs 495 
  • defimoteur

     

 

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