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Production locale : de nouveaux opérateurs arrivent sur le marché des nouilles fraîches

Le marché compte de plus en plus de compétiteurs.
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Demande en baisse au niveau des snacks et restaurants affectés par la pandémie

Depuis la pandémie, le pays compte plus de producteurs de nouilles chinoises. Une concurrence qui affecte les fabricants existants, dont la clientèle dans la restauration est en baisse.

Les Mauriciens aiment manger des nouilles chinoises, connues comme « minn frais ». Dans les supermarchés, c’est d’ailleurs un des produits qui restent rarement dans les rayons. D’après les gérants, un ménage achète en moyenne entre un et trois sachets de nouilles chinoises. Ce sont surtout durant les week-ends, à chaque fin de mois ou après des festivités qu’elles se vendent le plus.

« Ce sont notamment des PME et des entrepreneurs qui sont dans le domaine. Certains font la distribution à travers l’île, mais la plupart écoulent leurs produits dans les supermarchés de la région. À notre niveau, nous travaillons avec deux à quatre fournisseurs par magasin », indique Nicolas Kan Wah, Manager chez London Way. La chaîne de supermarchés Dream Price fait, de son côté, affaire avec six fournisseurs régionaux. « C’est un produit qui se vend tous les jours », ajoute Nooreza Fauzee, la directrice financière.

La production se fait au quotidien. Danielle Philippe, 62 ans, gérante de Philippe Noodles à Chebel, est au four et au moulin dès 4 heures du matin. Cette entreprise familiale, qui compte six employées à plein temps, notamment des femmes qui habitent la région, fabrique, depuis 35 ans, des nouilles 100 % végétariennes, connues sous la marque « Mine d’or ». Danielle Philippe a constitué sa clientèle de bouche-à-oreille et écoule ses produits auprès des particuliers, dans divers snacks et dans une grande chaîne de supermarchés.

Résistant à la pandémie

Depuis la pandémie, elle dit noter plusieurs changements. « Beaucoup de gens se sont rendus compte que l’alimentaire est un des rares secteurs à avoir résisté à la pandémie. Du coup, un bon nombre de personnes se sont lancées dans la production des nouilles. Chacun veut avoir sa part ! Ce qui fait que le marché est aujourd’hui départagé entre plusieurs concurrents », explique la femme entrepreneur.

Ashok Seewooruttun, directeur de Tasty Meal Entreprise Ltd (NdlR : la compagnie, qui existe depuis une trentaine d’années, propose quatre variétés de nouilles de la marque Mine Sok : « minn aux œufs », « minn végétarien », « minn plate », « minn brun »), constate lui aussi qu’il y a aujourd’hui plus de compétiteurs sur le marché. « Après la pandémie, plusieurs personnes ont trouvé le potentiel de ce marché et sont donc entrées dans le business. »

Ashok Seewooruttun
Ashok Seewooruttun

Autre observation : les restaurants et les snacks, dont certains ont fermé leurs portes, ont réduit leurs commandes. « La demande a baissé de 50 % », indique Danielle Philippe. Elle a augmenté sa production pour la chaîne de supermarchés afin de compenser ce manque à gagner.

« Avec la crise sanitaire et la crise économique, plusieurs snacks ont mis la clé sous le paillasson. Le marché est affecté. La demande a presque chuté de 50 % depuis la pandémie. C’est surtout cette perte de clientèle qui nous pèse le plus », renchérit Ashok Seewooruttun.

Hausse des matières premières

Les producteurs font également face à une hausse des prix des matières premières : l’huile, le plastique pour l’emballage ou encore le carburant pour la distribution. « Avec les coûts de production en hausse, nous enregistrons un manque à gagner de 20 % à 25 % sur notre profitabilité depuis ces derniers temps. Or nous ne pouvons pas réviser nos prix avec la compétition actuelle », soutient Ashok Seewooruttun.

J.K Siow, business familial à Roche-Bois spécialisé dans les nouilles fraîches (« minn nature » et « minn aux œufs ») depuis plusieurs générations, est confronté au même problème. « Toutes les matières premières coûtent plus cher. Nous avons dû passer une partie de la hausse aux consommateurs. Ce qui a affecté la vente et notre profitabilité. D’autre part, la demande n’est plus comme avant. Depuis mi-2021, celle-ci a baissé de 50 % », avance Jason Siow de J.K Siow.

Les producteurs restent cependant optimistes. « On attirera toujours de la clientèle car on a pu se faire un nom sur le marché », maintient Jason Siow. De même, ils s’attendent à une amélioration au niveau de la demande au fur et à mesure que la situation économique progresse dans la bonne direction.

« Un peu avant le premier confinement, nous avons lancé sur le marché des ‘minn plate’. La demande allait en grandissant dans les hôtels et les supermarchés. Et puis il y a eu la pandémie avec pour effet un déclin dans la vente. Mais depuis la réouverture des frontières, le ‘minn plate’ reprend du poil de la bête », conclut Ashok Seewooruttun.

Un marché porteur ?

Pour Danielle Philippe, la fabrication des nouilles chinoises est et reste un marché porteur. « Cependant, se faire un nom ou réussir à faire entrer ses produits dans des supermarchés n’est pas si facile qu’on le pense », répond-elle. Son succès aujourd’hui, elle l’attribue à son savoir-faire. « Tout est dans la pâte. Je mise toujours sur la qualité. Ce qui m’a permis de me démarquer et d’avoir une clientèle fidèle », fait-elle ressortir.

Quant à Jason Siow, il est d’avis que la production de nouilles chinoises était un marché porteur il y a environ cinq ans. « Aujourd’hui, un bon nombre de compétiteurs ont rejoint le marché, qui est très partagé. Certains d’entre eux misent sur des prix très compétitifs pour gagner des clients. » Il se dit inquiet pour l’avenir. « Je ne sais pas trop si la prochaine génération pourra tenir le coup. »

Bon à savoir

  • Un sachet de nouilles chinoises de 500 grammes se vend en moyenne entre Rs 20 et Rs 25.
  • T & T International Foods Ltd, qui produit les mines Apollo dont la réputation n’est plus à faire, s’est également lancée dans la fabrication de « minn frais » sous la marque « Master Minn ». Le produit est écoulé notamment dans les grandes surfaces.

    Exportation des nouilles en Europe

    D’ici quelques semaines, Tasty Meal Entreprise Ltd, qui est basée à Eau-Coulée et compte environ 12 employés, exportera des nouilles chinoises en Europe. « Auparavant, on exportait des nouilles en Australie, mais il y avait trop de paperasse et de procédures. Aujourd’hui, une autre opportunité se présente, cette fois-ci en Europe », se réjouit Ashok Seewooruttun. Le directeur de la compagnie a aussi pour projet d’ouvrir une seconde usine à Solférino vers juin / juillet. « Ce qui nous permettra d’exporter davantage de nouilles, mais aussi d’autres produits alimentaires que nous fabriquons. »

    Difficultés à recruter

    Tasty Meal Entreprise Ltd, qui écoule ses produits dans des supermarchés, des snacks, des restaurants et des hôtels, éprouve des difficultés à recruter de la main-d’œuvre. « Les Mauriciens ne veulent pas faire le métier car les horaires sont comme ceux des boulangers. Il faut travailler à 2 heures, 3 heures du matin. Il nous faut compter sur les travailleurs étrangers. Or les procédures pour en importer sont trop contraignantes. Un allégement de ces procédures permettra de nous soulager », recommande Ashok Seewooruttun.

     

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