Avec l’arrivée prochaine de l’été, les letchis, les mangues et les melons d’eau, très prisés par les Mauriciens, vont faire leur apparition sur le marché sous peu. Toutefois, la production de ces fruits d’été est menacée par divers facteurs, dont le changement climatique ou encore le manque de main-d’œuvre.
L’été s’accompagne traditionnellement d’une profusion de fruits locaux tels que les mangues, les letchis, les longanes et les melons d’eau, offrant des saveurs qui rehaussent le plaisir de cette saison estivale. Toutefois, pour les producteurs, la saison des fruits d’été est aussi synonyme de stress et des tracasseries. Outre les nombreux caprices de Dame nature, ils doivent aussi faire face aux chauves-souris qui ravagent les arbres fruitiers et les voleurs qui sévissent le soir.
Or, selon Kreepalloo Sunghoon, porte-parole et secrétaire de la Small Planters Association, il est possible d’accroître la contribution des fruits locaux à l’économie locale grâce à un meilleur encadrement des producteurs. À cet effet, il préconise de promouvoir la culture d’au moins un arbre fruitier dans les arrière-cours des Mauriciens, à l’instar du passé où chaque jardin abritait au minimum un manguier ou un papayer. « Il est essentiel qu’on leur redonne le goût de consommer des fruits bien de chez nous plutôt que les fruits importés », dit-il.
Selon lui, pour optimiser le rendement des arbres fruitiers, il est essentiel de les couper régulièrement pour contrôler leur taille et faciliter la récolte des fruits. Par exemple, en moyenne, près de 70 % des mangues sont perdues en raison de la hauteur excessive des arbres.
Gare aux chauves-souris
En ce qui concerne les litchis, notre interlocuteur souligne que nous sommes actuellement à une étape critique de la production, car des vents violents et des variations soudaines de température peuvent avoir un impact sur la floraison qui en est encore à ses débuts. « Contrairement à d’autres arbres fruitiers, le litchi ne fleurit qu’une fois par an. Ainsi, il est essentiel de renforcer l’arbre en utilisant du Dithane M 45 (Ndlr : il s’agit d’un fongicide qui inhibe la germination des spores) », indique-t-il.
Kreepalloo Sunghoon ne cache pas son appréhension par rapport aux chauves-souris qui ravagent de plus en plus les arbres fruitiers, dont les litchis. Il souhaite que les autorités prennent des mesures pour contrôler leur nombre.
Des voleurs peu scrupuleux
Iran Ramjane est un planteur de melons d’eau du nord du pays. Selon lui, c’est la période de semence et si tout va bien, les premiers fruits seront sur le marché en décembre prochain. Pour le moment, fait-il remarquer, tous les facteurs sont au vert, notamment un temps favorable et une bonne fourniture d’eau. Toutefois, son plus grand souci demeure les nombreux voleurs qui sévissent, surtout la nuit. « Durant tout un mois, nous sommes contraints de passer la nuit dans les plantations pour prévenir les vols. Ils prennent tout, légumes, fruits et autres », déplore-t-il.
Prix élevé des fertilisants et pénurie de main-d’œuvre
Les planteurs de fruits font face à d’autres problèmes, notamment le manque de travailleurs. C’est ce que nous fait comprendre Kreshan Fowdar, producteur d’ananas et de bananes. Ce dernier souhaite faire une bonne récolte d’ananas afin de fournir le marché mauricien et étranger, sans oublier le secteur touristique. En revanche, il livre ses bananes exclusivement au marché local, tout en soulignant qu’il prend grand soin de livrer des fruits de bonne qualité à sa clientèle.
Cependant, Kreshan Fowdar confie être grandement handicapé par le manque de travailleurs. « Plusieurs plantations, dont certains sont d’une superficie d’un arpent, ont été graduellement abandonnées parce que les cultivateurs n’ont personne pour les épauler. Je crains fort qu’au fil du temps, le pays souffre d’une baisse de production, tant au niveau des légumes que des fruits locaux », précise-t-il.
L’autre facteur qui affecte les planteurs est le prix élevé des fertilisants qui est passé de Rs 400 à Rs 1 600 le sachet. « C’est ce qui décourage les petits planteurs en général, car ils ont beaucoup de difficultés à faire face à de telles dépenses », ajoute notre interlocuteur. Lui aussi craint les effets climatiques sur la production de ses ananas, d’autant plus que ces derniers prennent au moins 15 à 18 mois pour arriver à maturité. « C’est ce qui explique que des ananas noircissent à l’intérieur », dit-il.
D’après nos différents intervenants, il est encore trop tôt pour avoir une estimation de la production et le prix des divers fruits d’été pour cette année.
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