
La baisse des prix du pétrole à l’international, combinée à une amélioration du déficit du Price Stabilisation Account (PSA), ouvre la voie à une possible révision des prix des carburants à Maurice.
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Les conditions semblent réunies pour une révision à la baisse des prix des carburants à Maurice. Sur le marché international, le prix du pétrole poursuit une tendance descendante. Cette dynamique, combinée à des éléments économiques et politiques locaux, relance les discussions sur une éventuelle baisse des tarifs à la pompe.
Au mois d’août, le prix du pétrole brut a reculé de 6,1 %, reflétant un affaiblissement de la demande, notamment aux États-Unis, premier consommateur mondial. Depuis le début de l’année, la baisse cumulée atteint 8,7 %. Cette évolution s’explique aussi par l’augmentation de l’offre des pays membres de l’OPEP+ — un regroupement incluant des acteurs majeurs tels que l’Arabie saoudite et la Russie — qui a relevé ses volumes de production depuis avril dernier.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a, dans son dernier rapport, pointé la probabilité d’un excès de production par rapport à la demande mondiale. Ce déséquilibre potentiel pèse sur les cours du pétrole, qui ont légèrement fléchi le jeudi 11 septembre. Le baril de Brent s’échangeait à 67,35 dollars (-0,21 %) tandis que le WTI américain était à 63,48 dollars (-0,30 %). Le prix du baril de pétrole affichait dans le même temps une réduction de 1,88 % pour se chiffrer à 62,47 dollars.
À Maurice, la situation budgétaire du Price Stabilisation Account (PSA), qui absorbe les fluctuations du prix du carburant pour éviter des hausses brutales à la pompe, évolue également. Le déficit de ce fonds est passé de Rs 3,8 milliards en septembre 2024 à Rs 2,4 milliards en août 2025. Une amélioration notable, même si le solde reste négatif.
Selon une source proche du dossier, une baisse des prix du carburant pourrait être envisagée si le Petroleum Pricing Committee (PPC) constate une variation de prix proche ou inférieure à 4 %. Toutefois, la réglementation impose également que le PSA soit excédentaire pour permettre une réduction automatique des prix, ce qui n’est pas encore le cas.
La dernière réunion du PPC remonte au 6 août 2025. Aucune modification n’avait alors été apportée, maintenant les prix à Rs 61,20 pour l’essence et Rs 58,95 pour le diesel.
Toutefois, le mécanisme actuel de calcul des prix est remis en question. Un observateur note que ce système ne reflète pas toujours les tendances du marché international, en particulier lorsqu’il s’agit des baisses. Il ajoute que la State Trading Corporation (STC) aurait récemment importé une cargaison de pétrole à un prix inférieur d’environ 50 dollars par baril par rapport à la précédente.
Le même observateur estime que tout changement dans le mécanisme dépendra d’une volonté politique. Pour lui, une refonte du système pourrait permettre une meilleure réactivité aux évolutions du marché.
Une révision du mécanisme
Du côté des organisations de défense des consommateurs, les attentes sont claires. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), estime qu’une baisse est logique compte tenu des données actuelles sur les marchés internationaux. Toutefois, il ajoute qu’il faut s’attendre à toute éventualité prenant en considération le mécanisme actuel du calcul des prix.
L’économiste Manisha Dookhony partage cet avis. Elle rappelle que lors de la dernière réunion du PPC, une baisse aurait pu être envisagée. Selon elle, le comité aurait préféré patienter pour observer l’évolution du marché, notamment en raison d’un nouveau contrat d’approvisionnement signé par la STC.
Pour elle, à moins d’un changement imprévu des cours internationaux, une baisse devrait logiquement intervenir lors de la prochaine rencontre du PPC. Elle souligne par ailleurs que les prix des carburants ont un impact direct sur l’inflation. Une diminution pourrait donc avoir un effet d’entraînement positif sur les prix dans d’autres secteurs.
La fréquence des réunions du PPC est aussi remise en question. Actuellement, ce comité se réunit sur une base trimestrielle. Or, dans certains pays, les prix sont ajustés quotidiennement, selon l’évolution des marchés. Manisha Dookhony estime qu’une plus grande réactivité est envisageable à Maurice, d’autant que les cargaisons sont réceptionnées régulièrement et que la STC connaît à l’avance le prix d’achat.
Un nouvel élément pourrait influencer les prix des carburants à Maurice. Le ministère du Commerce a amorcé des négociations pour une éventuelle importation de pétrole depuis l’Inde, avec un règlement en roupies. Bien que ce dossier soit encore en discussion et n’ait pas été abordé lors de la rencontre officielle entre les Premiers ministres Navin Ramgoolam et Narendra Modi, il pourrait influencer à terme les modalités d’achat et de tarification du carburant à Maurice.
Mise en œuvre du mécanisme de fixation des prix du pétrole
Le mécanisme de fixation des prix du pétrole (PPM) a été introduit en janvier 2011 pour remplacer l’Automatic Pricing Mechanism (APM) afin de simplifier la complexité de l’exercice. Les prix de détail de l’essence et du diesel sont calculés sur la base du règlement de 2011 sur la protection des consommateurs (contrôle des prix des produits pétroliers).
L’objectif principal du PPM est d’atténuer les effets des fluctuations des prix mondiaux sur les prix de détail. Le calcul des prix de détail de l’essence et du diésel était basé sur la moyenne des prix Platts sur 12 mois (prix réels des 6 derniers mois + prix à terme des 6 prochains mois + une marge pouvant atteindre 4 %). À partir de novembre 2015, la moyenne sur 12 mois du prix Platts a été réduite à 6 mois (prix réels des 3 derniers mois + prix futurs des 3 prochains mois).
Les gains/pertes exceptionnels ne sont pas pris en compte dans la structure des prix de l’essence et du diésel, comme c’était le cas dans le cadre de l’APM. Ils sont plutôt inclus dans le compte de stabilisation des prix (PSA).
Deux Price Stabilisation Accounts
Afin de stabiliser les prix de détail de l’essence et du diésel, deux PSA distincts ont été créés. Tout excédent/déficit concernant chaque camion-citerne d’essence et de gazole est transféré au PSA. Les gains exceptionnels résultant d’une augmentation du prix de détail ainsi que les pertes exceptionnelles résultant d’une baisse du prix de détail sont traités dans les PSA.

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