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Prix des médicaments: pas d’exagération selon les importateurs

Le prix de vente des médicaments n’est pas exorbitant, martèlent petits importateurs et pharmaciens. Ils balaient ainsi d’un revers de la main les allégations du ministre de la Santé Anil Gayan qui a soutenu dans la presse que « c’est du vol », en parlant des profits de 1 000 % sur la vente d’un médicament pour le traitement du cancer. « Je ne vois pas comment certains considèrent que les médicaments se vendent à des prix exorbitants à Maurice », lance Arshad Saroar de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). De leur côté, les membres de la Small and Medium Pharmaceutical Importers Association (SMPIA) et le trésorier de la PAM évoquent « un contrôle strict du ministère du Commerce ».
Les prix de vente diffèrent d’un pays à l’autre, explique Nawaz Dauhoo. « Les producteurs prennent en considération le Produit intérieur brut du pays et ajustent leurs prix en fonction du pouvoir d’achat. Ils ne peuvent pratiquer le même prix dans les pays d’Europe et dans ceux d’Afrique ou d’Asie par exemple, car ils ne pourront écouler leurs produits. Ainsi, le même médicament se vendra plus cher dans les pays riches », indique le président de la SMPIA. Nos interlocuteurs affirment que les grossistes et les importateurs de médicaments remettent leurs factures au ministère du Commerce. Ils y mentionnent les dépenses totales encourues et le prix net des médicaments quand ceux-ci arrivent sur le sol mauricien. C’est à partir de cette somme que le ministère travaille sur le prix des médicaments. Les grossistes et les importateurs disposent alors d’une marge de profit de 11 %, alors que celle des détaillants est fixée à 21,6%.

Le ministère ne répond pas

Nous avons sollicité le ministère de la Santé concernant le contrôle du prix des médicaments et leur qualité, et pour savoir s’ils sont conformes au Pharmacy Act. Notre requête, soumise le 16 février, est restée sans réponse à l’heure où mettions sous presse hier. La personne responsable du dossier n’était pas disponible selon le service de communication du ministère.

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Situation de monopole ?

Selon Nawaz Dauhoo, Kentis Sooriamoorthy et Siddique Khodabocus, de la SMPIA, il y aurait une volonté « de semer le doute dans la tête du public afin de nuire aux petits importateurs que leur association représente ». Ils évoquent même l’instauration « d’un cartel » pour créer une situation de monopole. Siddique Khodabocus affirme que quand l’on n’autorise pas l’importation parallèle, on encourage les laboratoires, fabricants et fournisseurs de ces produits « à pratiquer les prix qu’ils veulent ». C’est pour cela que les membres de la SMPIA dénoncent le Registration Fee qu’a introduit le ministre de la Santé Anil Gayan. Pour eux, cette mesure profitera aux gros importateurs au détriment des petits et moyens grossistes qui devront, estiment-ils, mettre la clé sous le paillasson ou répercuter ces frais supplémentaires sur leurs produits. Ce qu’ils jugent incohérent dans un État providence comme Maurice. Pour eux, les soins et les traitements devraient être accessibles à tous à un prix raisonnable.

Qualité optimale

Et quid de la qualité de ces produits ? Pour nos interlocuteurs, le grand public n’a aucune crainte à avoir concernant la qualité et l’efficacité des produits importés, y compris ceux venant de l’Inde. Arshad Saroar affirme ainsi que les médicaments en provenance de la Grande péninsule sont des génériques fabriqués par des laboratoires hautement reconnus dans le monde entier. « À la fin de 2012, l’Inspection générale des affaires sociales en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’Académie nationale de pharmacie et la Mutualité française ont chacune publié leur rapport pour répondre précisément aux inquiétude à propos des génériques. Ces travaux montrent que, même s’il reste des points d’amélioration, les génériques sont aussi efficaces et sûrs que les médicaments de référence », déclarent-ils. Nawaz Dauhoo affirme même qu’il est arrivé à plusieurs reprises que les produits commandés par les petits importateurs proviennent du même lot que ceux des plus gros. Ce qui, pour lui, devrait ôter tout doute concernant la pharmacovigilance et la traçabilité. « Nos produits proviennent d’exportateurs agréés, qui sont des entreprises reconnues et enregistrées dans leur pays », insiste-t-il.

Produits conformes

Certains doutent de la qualité et de l’efficacité de certains médicaments. Selon le Pharmacy Act de 1983, leur commercialisation doit obéir à plusieurs règles. Sous l’Act No. 60 (24), il est stipulé que : “No person shall sell - (a) any pharmaceutical product which - (i) is adulterated or impure; (ii) does not conform to a prescription or to specified standards. Et (b) any drug (i) which is not of good quality and in perfect state of preservation for medicinal use; or (ii) whose shelf life has expired.” Cette section souligne aussi que “(c) any medicine with any ingredients which injuriously affect its quality”. Le Pharmacy Board veille au grain pour que ces mesures soient respectées, assurent les pharmaciens et importateurs que nous avons rencontrés.

Arshard Saroar, Kentis Sooria Moorthy et Siddique Khodabocus s’en réfèrent aussi au Pharmacy Board du ministère de la Santé qui, disent-ils, veille aussi au grain. « Le ministère de la Santé a la mainmise, le contrôle et l’autorisation sur l’importation des médicaments. Le ministère du Commerce a son travail mais en ce qu’il s’agit de la qualité des médicaments, leur pays d’origine et les autorisations pour être vendus sur le marché, c’est géré par le ministère de la Santé », fait comprendre Kentis Sooria Moorthy.  
   

Incohérence des prix

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10466","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-18930","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"M\u00e9dicaments"}}]] Les médicaments provenant de l’Inde se vendent à un prix élevé, soutient un consommateur sous le couvert de l’anonymat. Il a l’occasion de visiter la Grande péninsule régulièrement. En raison de sa santé, il en profite pour se procurer les médicaments dont il a besoin, cela avec l’ordonnance de son médecin en main. Mais il explique avoir noté une grande différence de prix entre l’Inde et Maurice. Chiffres à l’appui, il soutient que le prix de vente chez nous ne peut être justifié par la fluctuation du taux de change. Selon ses calculs, certains médicaments seraient même vendus 885 % plus cher qu’en Inde. Il cite l’exemple du Venlor 37.5 vendu à Rs 3.15 (roupie indienne) en Inde et qui coûte Rs 12.30 à Maurice. Ou encore l’Ipill, qui se vend à Rs 100 en Inde, et à Rs 231.19 à Maurice. Tout cela en tenant compte du fait que la roupie indienne vaut 55 sous à Maurice. Ce qui revient à dire qu’il y a une grande incohérence dans les prix pratiqués à Maurice pour les médicaments en provenance de l’Inde.
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