
Si les hausses de prix des produits de consommation sont souvent rudes, les baisses, elles, se comptent en roupies symboliques. Une situation qui provoque l’exaspération des Mauriciens, qui estiment ne pas ressentir de véritable soulagement dans leur panier d’achats.
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À Maurice, quand les prix montent, c’est de manière brutale souvent entre Rs 10 et Rs 20, mais lorsqu’ils baissent, c’est à peine perceptible, de l’ordre de Rs 2 ou Rs 5. Cette tendance agace de plus en plus les consommateurs qui expriment souvent leur mécontentement sur les réseaux sociaux.
Depuis la présentation du Budget, quelques chiffres illustrent cette disparité. La bouteille de Coca-Cola de deux litres, autrefois vendue à Rs 83, s’affiche désormais à Rs 103. Même la version Zéro est passée de Rs 48 à Rs 56. Pour les légumes, c’est pire. Les prix augmentent jusqu’à même Rs 50 le demi-kilo en espace d’une semaine. Face à cela, les baisses récemment observées paraissent dérisoires. Par exemple, le prix de lait infantile d’une marque est passé de Rs 285,15 à Rs 284,45. Le prix moyen d’un petit pot de purée pour bébé est passé de Rs 57 à Rs 50. Quant à une boîte de tomates en conserve, elle coûte aujourd’hui Rs 33,90 contre Rs 39 précédemment.
Grogne des consommateurs
« Une baisse de 70 sous sur du lait infantile, ça ne change rien pour moi », s’indigne Neha, jeune mère de deux enfants. « Les produits pour bébé sont très chers, et quand on nous annonce des baisses de prix, on espère un vrai coup de pouce, pas quelques sous en moins », avance-t-elle.
Même constat du côté de Jerôme, employé d’un centre d’appels. « Quand le Coca augmente, c’est Rs 20 de plus d’un coup. Mais quand d’autres produits baissent, on parle de Rs 2 ou Rs 3. On a l’impression qu’on se moque de nous », lance-t-il. Pour Rita, retraitée, le problème est plus global. « Après le Budget, on nous dit que certains prix ont baissé, mais quand on va faire les courses, notre ticket de caisse ne diminue jamais », déplore-t-elle.
Appel à la transparence
Face à la grogne des consommateurs, les associations demandent davantage de transparence dans les mécanismes de fixation des prix. Elles font également appel aux autorités à mieux encadrer les baisses annoncées.
Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), souligne un déséquilibre flagrant. « À Maurice, lorsque les prix augmentent, ils grimpent en flèche. Mais lorsqu’il devrait y avoir des baisses, ce sont des gouttes. » Selon lui, cette situation perdure en raison de l’absence de contrôle sur les prix et d’un manque de clarté dans les pratiques tarifaires. « Par exemple, si le gouvernement veut imposer un prix plafond sur un produit, il doit d’abord recueillir des informations auprès des importateurs. En fonction des prix d’importation, des marges et des différentes charges, il peut alors appliquer un markup », explique-t-il.
Toutefois, Jayen Chellum met en garde contre les risques d’une telle approche. « Si les importateurs présentent des factures gonflées, le gouvernement se basera sur ces données. C’est là que le bât blesse : des pratiques de surfacturation permettent à certains de réaliser des profits excessifs. » Il plaide ainsi pour des enquêtes approfondies sur les méthodes de fixation des prix, mais aussi sur les facteurs qui influencent ces derniers tout au long de la chaîne.
Même constat du côté de la Consumer Eyes’ Protection. Son porte-parole, Claude Canabady, insiste sur la nécessité de comprendre les raisons derrière les hausses de prix. « Une augmentation appliquée par le producteur est ensuite répercutée successivement par l’importateur, le distributeur, puis le revendeur. Ainsi, au moment où elle atteint le consommateur, la hausse a été amplifiée à chaque étape. Le consommateur finit par supporter seul le coût final », dit-il.
En revanche, ajoute-t-il, les baisses de prix ne suivent pas le même parcours. D’où son appel à un mécanisme de régulation plus transparent. « Il est urgent de mettre en place un système clair et équitable, afin que les consommateurs, en particulier ceux aux revenus modestes, ne soient pas systématiquement pénalisés. »

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