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Prix des carburants - Les nouveaux règlements : des «game changers» 

Takesh Lucko, Jayen Chellum et Nishal Joyram, étaient les invités lundi de l’émission au Coeur de l’info.

Les prix des carburants, qui sont au cœur de l’actualité, ont été abordés par les invités de Ruth Rajaysur et de Patrick Hilbert dans l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus le lundi 16 janvier 2023.

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Les nouveaux règlements signés par le ministre du Commerce le 9 janvier 2023 ont changé la donne au niveau de la marche à suivre concernant toute décision liée aux prix des carburants. C’est désormais le statut déficitaire du Price Stabilisation Account (PSA) qui prime, et ce en dépit des baisses éventuelles des prix des carburants à l’international. Le sujet a été abordé le lundi 16 janvier 2023 dans l’émission « Au cœur de l’info ». 

Lors de son intervention, Rajiv Servansingh, directeur général de la State Trading Corporation (STC), a indiqué que le gouvernement a estimé que l’ancien règlement n’était pas logique. « Si on était retourné à l’ancien système, on aurait dû baisser le prix de l’essence tout en revoyant à la hausse celui du diesel. Cela aurait eu un impact énorme sur l’inflation », a-t-il fait comprendre. 

Cependant, Takesh Luckho a, pour sa part, décrit ce changement comme une contrainte qui est intervenue trois jours avant que le Petroleum Pricing Committee ne se rencontre le 12 janvier dernier. L’économiste avance que le prix de l’essence aurait dû subir une baisse d’environ 30 % s’il n’y avait pas eu l’amendement indiquant que « the retail price of a petroleum product shall be decreased (deleted) (2/2023) ; subject that there are funds in the PSA, the retail price of a petroleum product shall be decreased – (2/2023) ». 

Plaidoyer pour que le Petroleum Pricing Committee tienne des réunions plus souvent 

Faut-il revoir la fréquence à laquelle se réunit le Petroleum Pricing Committee (PPC) ? Jayen Chellum n’y va pas par quatre chemins : ce comité doit tenir des rencontres à chaque fois qu’un navire achemine les produits pétroliers à Maurice. Rajiv Servansingh a toutefois prévenu que si cela avait été le cas en 2022, les prix des carburants auraient grimpé après chaque rencontre. 

Les points à retenir

  • Une entreprise d’Oman a décroché le contrat de vente de produits pétroliers avec Maurice pour 2023 à la suite d’un appel d’offres. 
  • La STC paie Rs 5 millions par an pour un abonnement à Plates afin d’obtenir les prix références et les « futurs ». Cette pratique serait d’actualité depuis plus de 10 ans. 

En chiffres

  • 40 000 tonnes de produits. C’est la capacité de stockage pour les produits pétroliers à Maurice. 
  • 210 000 tonnes métriques d’essence sont importées annuellement par la STC.
  • La STC importe 230 000 tonnes métriques de diesel chaque année.

L’appauvrissement de la classe moyenne mis en exergue 

Membre de Linion Pep Morisien, Vasant Bunwaree a souligné qu’en dépit des chiffres et des explications fournies par la STC, l’humanisme est important. « La situation est catastrophique. Le taux d’inflation est à deux chiffres après 30 ans. Le peuple souffre. Le gouvernement devra prendre en considération la dernière hausse du taux directeur, l’augmentation prochaine du coût de l’électricité et la récession en 2023 », s’inquiète-t-il. 

Dans ce même ordre d’idée, le député du Parti travailliste Ehsan Juman a soutenu que Rajiv Servansingh, la STC et le gouvernement se rangent contre la population. Pour lui, les subventions sur le gaz ménager et la farine ne sont que des prétextes pour l’État qui encaisse 134 % sur le prix de l’essence. 

Le directeur de la STC a reconnu que le gouvernement fait des prélèvements sur le coût des carburants et que le prix de l’essence est élevé. « Mais qui dira au gouvernement d’arrêter de subventionner le riz, la farine ou le gaz ménager ? » a-t-il toutefois lancé. Si le prix de l’essence avait été revu à la baisse par 10 %, Takesh Luckho calcule qu’un ménage qui fait le plein chaque semaine à Rs 2 500 aurait pu économiser environ Rs 2 000.

Price Stabilisation Account : un compte brûlant

Le déficit de Rs 4,4 milliards du Price Stabilisation Account (PSA) constitue un obstacle majeur à la baisse tant demandée des prix des carburants. Takesh Luckho argue que seul un vrai miracle pourrait permettre à ce compte, dont l’objectif est d’absorber la hausse des prix des carburants à l’international lorsque ceux-ci sont vendus à Maurice, de retrouver une situation normale. Une stratégie de renflouement pourrait également être une solution plausible pour le gouvernement selon l’économiste. 

Or, Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, estime que ce même gouvernement n’est pas exempt de tout reproche par rapport à l’état dans lequel se trouve le PSA. « Il a, par l’entremise de la Mauritius Investment Coporation, prêté de l’argent aux hôtels et à Air Mauritius. Pourquoi ne pas en faire de même pour la STC ? Les prix des carburants à l’international étaient bas entre 2014 et 2020. Or, le gouvernement a ajouté des taxes à Maurice au lieu de baisser les prix », a expliqué Jayen Chellum.   

Pour le citoyen engagé Nishal Joyram, les millions « transférés » du PSA vers le Consolidated Fund est une des raisons qui expliqueraient le déficit. Bien résolu à défier le panel d’invités, Rajiv Servansingh a rétorqué : « Dir ninport kisann la ekrir ek dir kas inn sorti dan PSA pou al dan Consolidated Fund ! » 

Nuançant ses propos, il a argumenté que dans le passé, la STC a versé des dividendes au gouvernement qui est son actionnaire. Il a précisé qu’il n’y a pas un sou issu du PSA qui est transféré au gouvernement. Rajiv Servansingh a d’ailleurs signé une lettre en ce sens. Il a ajouté que le rapport de l’audit est clair en ce qui concerne les dépenses et les revenus de l’organisme. 
Les perspectives du PSA dépendront, selon lui, des prix de l’essence et du diesel à l’international. La réouverture de la Chine est un élément à prendre en considération par rapport à la demande des carburants sur le marché mondial. 

 

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