Prix des carburants : de bonnes perspectives pour 2025

Les prix des carburants connaîtront prochainement une baisse à Maurice après de longues périodes de disette. C’est une des promesses électorales du nouveau gouvernement. Si les prévisions se réalisent, 2025 pourrait être à l’avantage des automobilistes.

L’offre mondiale de pétrole devrait dépasser la demande en 2025, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Les réductions de l’Opep+ ne devraient pas y avoir d’incidence. Cette situation découle d’une augmentation de la production des États-Unis et d’autres producteurs extérieurs. 

L’Opep+ fait face à un obstacle. Il s’agit de la perspective d’une offre excédentaire de plus d’un million de barils par jour (bpj). Cela est synonyme de plus de 1 % de la production mondiale. Il convient de souligner que l’évolution de la demande de pétrole a été plus faible que prévu en 2024. La Chine a grandement contribué à cela. Selon un article publié en ligne à ce propos, après avoir tiré la consommation de pétrole vers le haut pendant des années, « les défis économiques et le passage aux véhicules électriques tempèrent les perspectives de croissance de la consommation de pétrole dans le deuxième pays plus gros consommateur du monde ». 

Maurice

À Maurice, la baisse des prix des carburants à la pompe devrait bientôt être d’actualité. L’Alliance du Changement l’avait annoncée lors de sa campagne électorale. Pour rappel, le Petroleum Pricing Committee (PPC) s’était réuni le 18 septembre dernier. Après avoir pris note de l’évolution des prix mondiaux de l’essence et du diesel, tout en examinant le déficit estimé à Rs 3,9 milliards dans le Price Stabilisation Account (PSA) du diesel, le comité avait tranché. Le prix du litre d’essence et celui du diesel à la pompe avait été maintenu à Rs 66,20 et Rs 63,95 respectivement.

Pour Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association, il faut une réduction immédiate des prix à Maurice. Pour cause, dit-il, on payait une taxe sur les prix pour le vaccin de la Covid-19. Cela a été transféré sous les subsides. « Les automobilistes payent une taxe pour leur véhicule chaque année. Ils contribuent également à la Road Development Authority en s’approvisionnant en carburant. Ces deux impositions semblent pour la même cause », ajoute-t-il.  

Le baril du pétrole à l’international est passé de 86,37 dollars le 1er juillet 2024 à 72,92 dollars au 1er novembre 2024. Au vu de l’excédent de l’année prochaine selon les prévisions de l’AIE, les prix risquent de chuter. Pour autant, Bhimraj Sunnassee, président de la Petrol Retailers Association, explique que le prix du pétrole à l’international est volatile. « On peut prévoir une baisse, et un scénario inattendu intervient provoquant l’inverse. Le prix d’achat effectué par la STC est pour les trois mois suivants à Maurice », argue-t-il.   

Suivant la victoire de l’Alliance du Changement aux dernières élections et la démission de Rajiv Servansingh à la direction de la State Trading Corporation, le PPC pourrait également être reconstitué"

Petroleum Pricing Committee 

Suivant la victoire de l’Alliance du Changement aux dernières élections et la démission de Rajiv Servansingh à la direction de la State Trading Corporation, le PPC pourrait également être reconstitué. Il se compose pour l’heure de huit membres, dont deux nominés politiques, quatre membres de ministères, un représentant de Statistics Mauritius et du président du comité. Pour Claude Canabady, ce serait intéressant d’ajouter un représentant des consommateurs sur chaque comité où des décisions prises vont influencer les consommateurs. Ce représentant défendra les droits des consommateurs. Ce faisant, est-il d’avis, il y aura la perception que les autorités agissent dans la transparence. 

Le secrétaire de la Consumers’ Eye Association souligne également que la fréquence à laquelle le PPC se réunit devra être revue. « L’important est de transmettre les informations au public. Ce dernier ignore trop souvent les raisons de la baisse ou de l’augmentation des prix », conclut-il.    

La Petrol Retailers Association souhaite rencontrer le nouveau ministre du Commerce

La Petrol Retailers Association sollicitera une rencontre avec le ou la ministre du Commerce une fois que cette personne sera nommée. Un Cabinet paper devra être préparé sous l’égide du ministère du Commerce eu égard de la baisse des prix des carburants à la pompe à Maurice. « Dans l’éventualité que la baisse est de plus de 30 % comme l’avait annoncée Navin Ramgoolam, notre réunion avec le ministère du Commerce sera d’assurer la transition. Les gérants de stations-essence sont inquiets pour leur stock restant. Nous souhaitons que le changement de prix se fasse en douceur sans pénaliser ni les consommateurs ni les stations-service », soutient Bhimraj Sunnassee, président de la Petrol Retailers Association. Ce sera une baisse conséquente pour les stations-essence si un modus operandi n’est pas trouvé. Celles-ci pourraient opter de ne pas prendre de nouveaux stocks de carburant pour éviter des pertes.     

 

 

 

 

  Questions à…

Megh Pillay, ancien directeur général de la State Trading Corporation : « Il faudrait avoir une seule taxe sur les prix des carburants »

Le contexte international actuel est-il approprié pour une baisse des prix des carburants à la pompe à Maurice ?

On sait déjà que le cours mondial continuera de baisser. Il y a une surestimation de la demande selon les prévisions de trois agences internationales. La consommation chinoise est en baisse alors que la production aux États-Unis est en hausse. L’Opep ne pourra réduire sa production. Nous nous dirigeons vers une baisse des prix importante prévue pour 2025. 

À Maurice, le gouvernement sortant disait, lors de sa campagne électorale, qu’il réduira l’excise duty et la TVA sur les prix des carburants. Cela ne peut se faire sans passer par le Parlement. Il aurait fallu enlever les surcharges sur les prix qui sont décidées par le ministre du Commerce. Cela peut se faire à travers un règlement.   

Je préconise d’enlever toutes les surcharges et les transférer au Consolidated fund. Il faudrait avoir une seule taxe sur les prix des carburants, soit une « petroleum tax ».  

L’état actuel du Price Stabilisation Account (PSA) du diesel est-il favorable ?

Le PSA n’est plus problématique, car le gouvernement sortant a manipulé la loi. J’insiste sur le fait que les prix ne peuvent être fixés sur un mécanisme de prix qui est dépassé. Le Pricing Mecanism a été complètement bousillé. La baisse des prix se résume aujourd’hui à une décision politique, soit non par la STC, mais par le ministère du Commerce. Il faut y mettre de l’ordre. Au cas contraire, nul ne pourra rationaliser une baisse des prix.  

Le surplus dans la production du pétrole en 2025 anticipé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est-il un facteur considérable ?

Les indicateurs pointent clairement vers une baisse des prix à l’international. Puisque nous travaillons sur la base d’un prix artificiellement élevé, ce n’est pas le prix mondial qui dictera le coût à la pompe à Maurice. Le pétrole tourne autour de Rs 30 le litre lorsqu’il atteint les côtes mauriciennes. En vendant le litre d’essence à Rs 66,20, cela signifie que le produit compte plus de Rs 30 de taxe. Comme indiqué plus haut, on peut soit mettre une taxe fixe, qui permettra au ministre des Finances de collecter le même montant d’imposition, ou introduire une taxe basée sur la valeur du baril. 

Les indicateurs pointent clairement vers une baisse des prix à l’international"