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Prix de l’essence et du diesel : le PPC se réunit ce 18 septembre dans un contexte électoral

Le litre de l’essence à la pompe est actuellement à Rs 66,20 alors que celui du diesel se chiffre à Rs 63,95.

Va-t-on assister à une carte à jouer pour carburer la campagne électorale ce 18 septembre ? 
Les yeux seront rivés sur le Petroleum Pricing Committee (PPC) qui se rencontre en ce jour, après un maintien des prix lors de sa dernière réunion en mai 2024.  

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Ce mercredi 18 septembre, les automobilistes seront attentifs au prix des carburants. Le Petroleum Pricing Committee (PPC) se réunit dans la journée. La dernière rencontre de ce comité remonte au 24 mai dernier et la prochaine réunion devait se tenir au plus tard le 23 septembre. Une cargaison de produits pétroliers est, cependant, attendue à Maurice le 20 septembre prochain. « Une vérification du stock doit être effectuée auprès de toutes les compagnies pétrolières avant le PPC. L’inventaire se fera ainsi en amont du prochain débarquement des produits pétroliers », explique Rajiv Servansingh, directeur général de la State Trading Corporation (STC). Le prix d’achat des produits pétroliers qui arriveront à Maurice le 20 septembre est inférieur à la cargaison précédente en raison de la baisse sur le marché mondial. Cependant, poursuit Rajiv Servansingh, le premium reste le même d’après le contrat de la STC.  Faut-il s’attendre à une baisse du prix des carburants à la pompe suivant la réunion du jour ? En principe, les prix devraient rester inchangés selon notre interlocuteur. Il ajoute que cela va néanmoins dépendre du PPC. « Selon les informations à notre disposition, les prix devraient être maintenus », fait-il comprendre. Le litre de l’essence à la pompe est actuellement à Rs 66.20 alors que celui du diesel se chiffre à Rs 63.95. 

En revanche, l’observateur politique et économique Bernard Saminaden affirme qu’une baisse des prix du carburant à Maurice est inévitable compte tenu des facteurs macroéconomiques favorables. « Le Petroleum Pricing Committee devra obligatoirement annoncer une baisse des prix après sa prochaine réunion », soutient-il. Ainsi, pour lui, le PPC ne fera aucun cadeau à la population. « Une réduction des prix à Maurice serait tout à fait normale considérant la baisse au niveau mondial. Ce ne sera en rien un cadeau de Noël », précise-t-il.

Élections

La dissolution parlementaire n’a pas encore été annoncée de même que la date des prochaines élections générales. Les alliances déjà bouclées, les éventuels ralliements ou encore les annonces comme celle effectuée par le Premier ministre concernant des prêts bancaires à taux zéro pour la catégorie d’âge des 18 à 35 ans sonnent néanmoins comme un air de campagne électorale. Cependant, Rajiv Servansingh assure que le contexte électoral n’influencera pas la décision. « Le calcul des prix se fera en fonction de la formule habituelle. Période électorale ou pas ce sont les mêmes règlements qui seront appliqués. La décision sera prise en tenant compte des chiffres qui seront soumis », insiste-t-il. Or, dans un récent entretien accordé au Défi Quotidien le 6 septembre dernier, l’ancien directeur de la STC, Megh Pillay affirme que « toute décision sur le prix public est prise par le gouvernement et non par le PPC ».

Pour Bernard Saminaden, une réduction des prix du carburant pourrait entraîner un « feel-good factor » temporaire dans le pays. « Ce sentiment parmi la population mauricienne pourrait, dans une certaine mesure, influencer les élections générales qui approchent », explique-t-il. De son côté, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), indique qu’une réduction significative des prix des carburants est souhaitée dans le contexte des élections générales. Selon lui, il est clair que le gouvernement dicte les prix du carburant, alors que le PPC devrait prendre ses décisions en toute indépendance. « Cependant, élections générales ou pas, la situation actuelle est favorable à une baisse », souligne-t-il.

Tendance baissière à l’international

Selon Bernard Saminaden, les experts internationaux des différents marchés du carburant assistent depuis plusieurs mois à une baisse des prix du pétrole. Un baromètre intéressant à suivre est celui des États-Unis et de la Chine, les deux plus grandes économies de la planète. « On assiste à des répercussions directes sur les prix à travers le monde qui sont sur le point de passer sous la barre des trois dollars le gallon aux États-Unis », indique-t-il. La faible demande sur le marché domestique américain et des ajustements de la production de pétrole brut expliquent cette baisse des prix. La fin de l’été et une transition vers des carburants moins coûteux avec l’approche de l’hiver ont également un impact. 

Un autre baromètre non négligeable pourrait être le Brent, dont le baril (soit 159 litres) s’échange ces dernières semaines contre un peu plus de 71 dollars, soit 65 euros. « L’un des plus gros consommateurs de pétrole, la Chine, subit actuellement un ralentissement économique, dû en partie à la crise immobilière, à un surendettement des administrations locales et à une surproduction industrielle. Les marchés chinois anticipent ainsi une baisse des activités économiques », fait ressortir Bernard Saminaden. Par conséquent, une réduction de la demande est attendue, ce qui entraînera une baisse des prix du pétrole. « Cependant, il ne faut pas oublier que la Chine investit de plus en plus dans des voitures électriques et dans l’énergie solaire pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles », ajoute notre interlocuteur.

De son côté, Suttyhudeo Tengur affirme qu’au vu du contexte international actuel, une hausse des prix du carburant serait une folie pour le gouvernement mauricien. « Les prix du pétrole sur le marché international, où l’un des plus gros consommateurs, à savoir la Chine, fait face à des problèmes économiques avec une baisse du produit intérieur brut à 4,6 % pour cette année et une prévision de 4,3 % pour l’année prochaine, voient leur consommation de pétrole baisser », indique-t-il. De ce fait, le prix du baril est descendu à moins de 70 dollars. Selon les derniers relevés, le prix du Western Texas Intermediate (WTI) était de 66 dollars le baril la semaine dernière, tandis que celui du Brent Crude s’affichait à 69 dollars. « C’est la conséquence directe de la décision de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) de réduire la fourniture à moins de 1 million de barils par jour, soit seulement 2 millions de barils. Aux dernières nouvelles, le prix du baril oscille entre 70 et 73 dollars. Dans un tel contexte, une hausse des prix n’est même pas envisageable », soutient-il. Au contraire, il affirme que tous les indicateurs sont favorables à une baisse des prix du carburant sur le marché local.

La Petrol Retailers Association suggère une baisse d’au moins Rs 10 par litre

Bhim Sunassee, président de la Petrol Retailers Association, est ferme dans ses propos. Selon lui, la baisse continue du prix du pétrole à l’international doit impérativement être répercutée à Maurice. « Bien que le Petroleum Pricing Committee (PPC) respecte le plafond maximal autorisé par la loi, fixé à 10 %, cela ne sera pas suffisant », souligne-t-il. Selon lui, la réduction des prix devrait être d’au minimum Rs 10 par litre, aussi bien pour l’essence que pour le diesel. Il appelle ainsi à la ministre du Commerce à user de son pouvoir pour intervenir et annoncer une baisse plus substantielle. Selon le président, une baisse importante est attendue par l’ensemble de la population. « Si les prix baissent, cela aura sans aucun doute un effet positif dans le pays, ce qui pourrait également influencer les prochaines élections générales », avance-t-il. Toutefois, il précise que la réaction des opérateurs économiques sera cruciale, en espérant qu’ils ajusteront également leurs prix en conséquence. 

Importation en roupies

L’importation des produits pétroliers en roupie n’est plus d’actualité. La fin du mois d’août a sonné la fin de ce contrat. Depuis, la STC règle ses factures des produits pétroliers en dollar. Le nouveau contrat concerne une compagnie basée à Dubaï, nommément Sahara Energy Resources. Toutefois, l’importation effectuée en roupie a selon Rajiv Servansingh, aidé la STC qui n’a pas eu besoin d’acheter des dollars pendant un an, bien que le prix du pétrole soit le même que ce soit en roupie ou en dollar. La STC importait les produits pétroliers en dollar pour les vendre en roupie sur le marché local. « Pendant une année, la STC n’a pas eu besoin de convertir ses roupies en dollar pour pouvoir importer de nouveau », fait comprendre le directeur de la STC.

 Questions à Ashok Aubeeluck, économiste : « L’indépendance du PPC est relative, car il doit aviser son ministère de tutelle »

Le prix des carburants peut-il être considéré comme une carte électorale pour le régime actuel ?
Il y a deux aspects à prendre en considération. Le Petroleum Pricing Committee (PPC) se réunit et tient compte des prix du pétrole à l’international. Cela comprend le stock disponible, le prix d’achat ou le « hedging price », le nombre de subsides qui doivent être accordés par exemple. Dans l’éventualité que les facteurs penchent en faveur d’une hausse, le PPC pourrait opter pour augmenter le prix à la pompe à Maurice. Cependant, le gouvernement pourrait demander à repousser cette révision à la hausse pour un prochain trimestre. N’importe quel gouvernement procédera ainsi s’il est en mesure de le faire. En revanche, en cas de facteurs favorables à une réduction des prix, ce sera à l’avantage du gouvernement. Cela, alors qu’on ne pourra accuser ce dernier de jouer sur la carte du prix des carburants avec les élections en ligne de mire. Il faut cependant souligner que l’indépendance du PPC est relative. Celui-ci doit aviser son ministère de tutelle.
    
Serait-ce une première pour un gouvernement de miser sur les prix de l’essence et du diesel pour tenter de booster ses votes potentiels ?
Je ne me rappelle pas, mais c’est possible. Naturellement, si la tendance des prix à l’international est à la baisse, je pense que ce sera irrationnel pour n’importe quel gouvernement de ne pas passer cette réduction aux consommateurs à Maurice. On ne pourra pas reprocher au gouvernement de faire de la démagogie ou de donner des cadeaux électoralistes.  

Quels peuvent être les dangers de faire du prix des carburants un outil politique ? 
Le prix est en quelque sorte dicté par le marché. Si une baisse des prix améliore le pouvoir d’achat, les automobilistes ne s’y opposeront pas. Par ailleurs, le plus important pour Maurice serait de miser sur l’énergie verte à travers les ressources que nous avons. En fabriquant l’énergie verte dans le pays, cela serait une réponse à la problématique de la balance des paiements. Or, nous sommes en retard sur ce créneau et personne ne semble s’intéresser à l’exploiter. Ce serait intéressant que le développement de l’énergie verte soit prioritaire pour les différents partis politiques.

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