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Private Notice Question: ultimatum aux Britanniques sur les Chagos

Le Premier ministre a livré, mardi, les détails des tractations enclenchées pour le retour des Chagos sous la souveraineté mauricienne. Il a révélé avoir donné jusqu’à fin juin aux Britanniques pour fixer une date pour cette rétrocession.
Le ton de la longue réponse du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, à la Private Notice Question (PNQ) sur les Chagos est allée crescendo, mardi. Dans un premier temps, le chef du gouvernement s’est contenté calmement de faire la chronologie des négociations enclenchées depuis le verdict du Tribunal arbitral des Nations unies, rendu le 18 mars 2015. Puis au fil des questions supplémentaires, il a peu à peu durci le ton. Le Premier ministre a fini par qualifier les Britanniques de « faux amoureux de la liberté », leur imposant un ultimatum à fin juin pour un retour des Chagos sous la souveraineté mauricienne. Sinon, l’État envisage de recourir à la Cour internationale de justice (CIJ). Tout cela, sous l’œil de Jean Philippe L’Evêque, political and media officer de la haute commission britannique, présent dans la galerie des invités.

Bail de 60 ans aux Américains

Le retour des Chagos sous la souveraineté mauricienne ne remet pas en question l’existence d’une base militaire sur Diego Garcia. Un point que plusieurs politiciens mauriciens ont indiqué dans le passé et que sir Anerood Jugnauth a répété au Dr Hayes durant leur tête-à-tête. « J’ai indiqué au Dr Hayes que Maurice était prêt à accorder un bail de 60 ans aux États-Unis sur Diego Garcia, aussi longtemps qu’ils payent un loyer. »

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« Inacceptable »

C’est un Premier ministre visiblement exaspéré par l’attitude de son vis-à-vis britannique qui a répondu aux questions du leader de l’opposition, Paul Bérenger. Les premiers signes d’irritation se font entendre quand SAJ évoque une réunion tenue le mercredi 11 mai à son bureau avec le Dr Peter Hayes, directeur des territoires d’outre-mer du Royaume-Uni. « J’ai mentionné le fait que, vu la fin de la guerre froide et la disparition de l’Union soviétique, le Royaume-Uni devait honorer son engagement et ne pouvait plus soutenir que la base militaire des Chagos restait nécessaire pour lutter contre le terrorisme et la piraterie, comme ils le prétendent », a déclaré le PM, ajoutant qu’il est inacceptable que les Britanniques trouvent sans cesse « de nouvelles excuses » pour refuser de rendre l’archipel des Chagos à Maurice. S’appuyant sur cet argument, le PM aurait signifié au Dr Hayes qu’il exigeait qu’une date soit fixée pour un retour des Chagos sous souveraineté mauricienne, et qu’une cogestion soit envisagée en attendant le transfert de souveraineté. « J’ai réclamé une réponse à cette requête d’ici à fin juin 2016, sinon la République de Maurice prendra des actions sur le plan international, y compris devant les Nations unies », affirme sir Anerood Jugnauth. Aux questions supplémentaires de Paul Bérenger, le PM devait préciser que passé ce délai, s’il n’obtenait pas de réponse, il soulèverait la question à l’Assemblée générale des Nations unies cette année, avant une action devant la CIJ. « J’ai également évoqué la question avec le secrétaire général de l’ONU (NDLR : Ban Ki-moon) lors de son passage à Maurice », a ajouté SAJ. Ce sont les questions supplémentaires qui ont poussé le PM à exprimer son indignation vis-à-vis des Britanniques sur la question des Chagos. Ainsi, il a déclaré que les Britanniques « essaient de jouer à cache-cache ». À la question de savoir s’il a tenté de rencontrer David Cameron, le PM répond : « J’ai essayé, mais il m’évite tout le temps. Il ne veut pas me rencontrer. » C’est sur un commentaire cinglant qu’il conclura la tranche réservée à la PNQ : « Ils se prétendent des amoureux de la liberté, des amoureux de justice, mais il me semble que leur philosophie, c’est might is right ! » [row custom_class=""][/row]

Tromelin: la cogestion de nouveau sur les rails

La PNQ de Paul Bérenger avait aussi trait à la souveraineté sur Tromelin. Ce qui a prêté à confusion, le leader de l’opposition affirmant que le précédent gouvernement avait demandé à la France d’abandonner le projet de loi devant être voté à l’Assemblée nationale pour rendre effectif l’accord signé en 2010. SAJ assure ne pas être au courant de telles démarches. Selon le PM, si le gouvernement entend résoudre le problème en conservant ses relations cordiales avec la France, il a fait savoir au président de l’Assemblée nationale française que « Maurice pourrait revoir sa position si les autorités françaises ne montrent pas un plus grand intérêt à faire avancer le processus de ratification ».

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Questions adressées au premier ministre

SAJ: « Les drogues synthétiques font des ravages »

Quatre-vingt-sept cas de drogues ont été détectés en 2014 dans la circonscription Montagne-Blanche/Grande-Rivière Sud-Est (No 10), et 87 cas en 2015 et 35 cas de janvier au 12 mai 2016. La police a mis en place des mécanismes, afin de lutter contre le trafic de la drogue. C’est ce qu’a souligné le Premier ministre, qui répondait à une question de Sudhir Sesungkur, député MSM du No 10. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) a toutefois reconnu que les drogues synthétiques font du ravage chez les jeunes. « Les drogues synthétiques sont très courantes parmi les écoliers. Les autorités compétentes vont faire de leur mieux pour lutter contre ce fléau, mais la responsabilité des parents est primordiale. Les parents doivent éduquer leur enfant sur les méfaits de la drogue. » Le chef du gouvernement a aussi affirmé que dans certaines localités, des gens connus comme des « martins » par la force policière aident les trafiquants. « Ce sont ces personnes qui informent les trafiquants des drogues, avant une perquisition policière. Ainsi, l’opération devient un échec. »

La Counter Terrorism Unit réorganisée

Dans le programme gouvernemental 2015-2019, l’État prévoit une réorganisation du Counter Terrorism Unit (CTU), avec de nouvelles directives. « Un comité a été mis en place à mon bureau pour se pencher sur le sujet », a répondu SAJ à une question de Rajesh Bhagwan, Whip de l’opposition. Le Premier ministre a aussi fait ressortir que jusqu’à présent, quatre officiers du CTU ont participé à une formation à l’étranger.  
 

Dans les travées

Bérenger rappelé à l’ordre par la Speaker

Le décès de Suzette Aza, une patiente souffrant de cancer qui n’aurait pas reçu des soins d’urgence à temps, donne du fil à retordre au ministre de la Santé, Anil Gayan. À une question de Rajesh Bhagwan, le ministre a affirmé n’être au courant d’aucun « public uproar ». « Listen to the radio !» lui lance Aadil Ameer Meea. Le ministre répond alors que si on écoute la radio, « you’ll believe this country has gone to the dogs ». À une question supplémentaire de Paul Bérenger, il commence sa réponse en disant qu’il ne fait pas de politique sur ce genre de sujet.  Ce qui a mis hors de lui le leader de l’opposition qui lui a lancé une remarque cinglante. La Speaker est alors intervenue pour rappeler Paul Bérenger à l’ordre.

Consultations Soodhun/Lutchmeenaraidoo

Une scène notable peu avant les travaux. Le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, est allé s’asseoir à côté de Showkutally Soodhun, l’un des alliés de Roshi Bhadain. Ils se sont engagés dans une longue conversation animée. Puis, ils se sont dirigés vers leur leader, Pravind Jugnauth, et Vishnu Lutchmeenaraidoo lui a remis un porte-document.
 

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