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Private Notice Question : plus de 1790 cas de violence domestique depuis janvier

Xavier-Luc Duval Selon le leader de l’Opposition, le gouvernement doit démarrer une enquête indépendante pour faire la lumière sur ces cas.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, n’est pas convaincu par la réponse fournie au Parlement ce mardi 24 septembre 2019 par Fazila Jeewa-Daureeawoo. Cette dernière avait déclaré que les cinq cas de violence domestique ayant entraîné la mort n’ont pas été rapportés à son ministère et à la police. Après s’être entretenu avec les proches des trois victimes, Xavier-Luc Duval maintient que les autorités ont fait la sourde oreille à leur plainte. Il réclame une enquête indépendante.

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En réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, la vice-Première ministre et ministre de l’Égalité des genres, a déclaré que ni son ministère, ni la police n’était au courant de ces cas. « Les cinq  cas enregistrés à Maurice et à Rodrigues n’étaient pas connus de mon ministère. Je suis informée par le Commissaire de police que les cas n’avaient pas été rapportés à la police », a-t-elle déclaré.

Or, dans une déclaration après la tranche consacrée à la PNQ, Xavier-Luc Duval se dit convaincu du contraire. « J’ai personnellement vérifié auprès des parents et les proches de Tiensela Perrine, Stéphanie Menès et Joyce Revat. Ils me confirment que les trois dames avaient bel et bien contacté la police de leur localité à maintes reprises pour dénoncer leur partenaire pour violence conjugale et réclamer de l’aide. Si tel est le cas, ces  tragédies auraient donc pu être évitées », avance Xavier-Luc Duval.

Ce qui pousse le leader de l’opposition à se demander « qui dit vrai ? ». D’où sa demande au gouvernement pour l’institution d’une enquête indépendante. « Le gouvernement doit impérativement démarrer une enquête indépendante présidée par un magistrat pour faire la lumière sur toute cette affaire. Ceci afin d’éviter d’autres tragédies, et trouver et punir les responsables », a déclaré Xavier-Luc Duval.

Hotline : Une personne seulement le soir

Une seule personne répond le soir aux appels sur la Hotline 139, dédiée aux victimes de violence domestique. C’est ce qu’a avancé Xavier-Luc Duval. Or, dit-il, « c’est justement le soir qu’il y un plus grand nombre d’appels. » Tout en concédant que c’est effectivement le cas, la vice-Première ministre a indiqué qu’un exercice de recrutement est en cours. « Dans la journée, les personnes affectées à ce service sont au nombre de quatre. Nous recrutons des Integrated Support Officers afin de nous assurer que le service puisse opérer le soir également », dit-elle.    

Pas de plainte à l’IPCC

Xavier-Luc Duval a aussi voulu savoir si une plainte a été déposée par le ministère de l’Égalité des genres à l’Independent Police Complaints  Commission (IPCC) sur le cas de Shabneez Mohamud. « Une enquête est en cours. Il faut attendre les conclusions et je suis sûre que s’il y a des manquements au niveau de la police, des actions appropriées seront prises », a alors répondu la vice-Première ministre.

« Venez de l’avant et dénoncez »

Les victimes doivent venir de l’avant et dénoncer les cas de violence domestique. C’est ce qu’a fait comprendre Fazila Jeewa Daureeawoo. « Nous avons mis en place une série de mesures et de mécanismes pour résoudre ce problème, mais elles doivent venir de l’avant et dénoncer. Même avec l’avènement des lois plus sévères, la mise sur pied de l’Intergrated Support System, le Perpetrator Rehabilitation Programme et les campagnes de sensibilisation, si les victimes ne viennent pas de l’avant, nous n’allons pas pouvoir les aider », dit-elle. 

Bracelet électronique pour les agresseurs

La vice-Première ministre a fait savoir que le port obligatoire de bracelet électronique par des agresseurs pourrait être envisagé. « Je me demande si le moment n’est pas venu pour faire porter des bracelets électroniques aux auteurs de violence domestiques », a-t-elle déclaré.


En chiffre

  • 1 790 cas de « physical assault » enregistrés par la police du 1er janvier au 31 août 2019.
  • 996 personnes arrêtées pour « physical assault » durant la même période.
  • 23 175 personnes sensibilisées sur la violence domestique à travers la caravane de Proximité de la National Women’s Council, de 2015 à juillet 2018.
  • 120 874 personnes sensibilisées par la police de 2015 à ce jour, à travers 1 867 campagnes.
  • 76 191 étudiants sensibilisés sur le même sujet.

La sœur de Stéphanie Menes : «Zanfan kapav témoigné»

C’est faux de dire que la police et le ministère n’étaient pas au courant. C’est ce qu’a déclaré Géraldine Hall, la sœur de Stéphanie Ménès. Cette dernière avait été retrouvée morte les mains et les pieds ligotés à son domicile, le 4 septembre dernier. 

Géraldine Hall explique que, le samedi 31 août, elle avait accompagné sa sœur aux Casernes centrales pour faire une déposition contre le mari de cette dernière. « Il était aux alentours de 14h00. On nous a demandé de nous rendre au poste de police de la localité, soit à Abercrombie », dit-elle. Ce serait à bord d’un véhicule de la police que les deux sœurs et leurs enfants ont été transportés des Casernes centrales à Abercrombie. « Là-bas, la police a donné un numéro à contacter, mais là encore aucune déposition n’a été prise. Le lundi, ma sœur s’est rendue à la Family Protection Unit et, le mercredi, je l’ai accompagnée à la Child Development Unit », explique-t-elle. Géraldine Hall conteste la réponse fournie au Parlement par Fazila Jeewa-Daureeawoo. « Zanfan kapav temoigne, gran dimoun kapav temoigne », dit-elle.

 

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