
Alors que le gouvernement prépare un nouveau cadre légal pour les cliniques privées, la question de la régulation des tarifs refait surface. Mais entre crainte d’un désintérêt des investisseurs et critiques du secteur, le ministre de la Santé avance prudemment.
Suite au tollé qu’avait provoqué la proposition d’introduire un « Professional fee » pour les pharmaciens, tenter de réglementer les tarifs des cliniques privées risque de susciter une nouvelle polémique. Dans le cas des pharmaciens, ce sont les consommateurs qui s’étaient élevés contre cette mesure, qui devait entrer en vigueur le 1er avril 2022, et qui demeure gelée à ce jour.
Publicité
Le sujet de réglementation des tarifs des cliniques privées est venu sur le devant de la scène mardi 7 octobre, lors de la séance parlementaire. Le député de l’opposition Adrien Duval a interrogé le ministre de la Santé, Anil Bachoo sur la possibilité d’une réglementation du coût des traitements et des services pratiqués dans les institutions de santé privées. En réponse, il a annoncé la préparation d’un nouveau « Private Health Institutions Bill », destiné à remplacer la loi actuelle datant de 1989. Toutefois, il a laissé entendre qu’il ne disposait pas de toute la latitude nécessaire pour faire appliquer des plafonds tarifaires.
« Si l’on impose des conditions ou des plafonds tarifaires, cela dissuadera les investisseurs. Le secteur de la santé exige des milliards de roupies d’investissement. C’est pourquoi la priorité de notre gouvernement est d’améliorer la qualité des services dans nos hôpitaux publics, qui s’était considérablement dégradée ces dix dernières années », a-t-il déclaré.
Face aux questions supplémentaires d’Adrien Duval, Anil Bachoo a ajouté : « Si l’on impose des tarifs, aucun nouvel investisseur ne viendra. C’est pourquoi nous ne croyons pas à un contrôle strict des prix. Je peux conseiller et encourager, mais je n’ai pas le pouvoir légal d’imposer ».
Cependant, tout laisse penser que le ministre n’aura pas les coudées franches pour mener à bien ce projet. Et c’est la raison pour laquelle il semble ménager la chèvre et le chou. Le président de l’Association des cliniques privées, le Dr Dawood Oaris, a déjà exprimé son mécontentement, déplorant un manque de consultation. Selon lui, la Private Health Institutions Act de 1989 confère déjà suffisamment de pouvoirs au ministère pour agir en cas de manquement.
Le Dr Oaris soutient, en outre, qu’une harmonisation des tarifs serait irréaliste : « Toutes les institutions ne proposent pas les mêmes services ni le même niveau d’hôtellerie ». Cette diversité rend, selon lui, toute comparaison ou uniformisation tarifaire impossible, y compris en ce qui concerne les honoraires des médecins et des spécialistes.
De son côté, une source au ministère de la Santé reconnaît la complexité du dossier : « C’est difficile de contrôler les prix, mais le ministère peut venir de l’avant avec des mesures pour sauvegarder la sécurité des patients ». La nouvelle loi en préparation devrait notamment renforcer ce volet.
En attendant, les cliniques privées restent dans l’expectative, suspendues à la présentation du projet de loi dont la date n’a pas encore été annoncée.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !