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Priorité à l’enquête de la FCC avant : une éventuelle extradition 

Les autorités mauriciennes priorisent les investigations de la Financial Crimes Commission (FCC) avant toute décision sur la requête malgache, dans un dossier mêlant potentiellement blanchiment d’argent et violations de sanctions internationales.

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La demande d’extradition formulée par Madagascar contre Mamy Ravatomanga est examinée par les autorités mauriciennes. Âgé de 56 ans et considéré comme l’un des hommes les plus riches de son pays, Mamy Ravatomanga est accusé par Antananarivo d’avoir orchestré le transfert illégal de cinq avions Boeing 777 vers l’Iran, en violation des sanctions américaines. Toutefois, à Maurice, où il s’est réfugié depuis le 12 octobre dernier, juste avant le coup d’État militaire qui a renversé le Président Andry Rajoelina, la priorité reste l’enquête ouverte par la FCC pour blanchiment d’argent. Toute extradition ne devrait intervenir qu’après que les autorités locales estiment avoir épuisé leurs besoins en matière d’investigations.

Quid de la notice rouge sollicitée auprès d’Interpol par Madagascar le 20 octobre ? Au Bureau de l’Attorney General, on insiste sur la prudence procédurale. « Une requête pour une notice rouge a bien été effectuée par les autorités malgaches auprès d’Interpol, mais elle n’a pas encore émis de telle notice à ce jour. Donc, rien ne change pour l’instant », y explique-t-on. 

Traité d’extradition

Pour ce qui est de la demande d’extradition, reçue formellement, elle est en cours de traitement. « Nous suivons les procédures. Le fait est qu’il y a aussi une enquête diligentée par la FCC à Maurice, et Mamy Ravatomanga devra à un moment se rendre à la FCC. Nous allons devoir conjuguer, d’un côté, les impératifs du droit national et, de l’autre, nos obligations internationales sous les conventions existantes en matière d’extraditions. »

L’absence de traité bilatéral d’extradition entre Maurice et Madagascar est un fait, mais n’exclut pas une coopération. « Il faut souligner qu’il n’y a pas de traité d’extradition entre Maurice et Madagascar, mais nous pouvons quand même considérer favorablement des demandes d’extradition même s’il n’y a pas de traité. C’est ce que nous sommes en train de voir si nous allons accéder à la requête ou pas », ajoute le responsable. Le principe fondamental : le droit national prime. « S’il a commis des actes répréhensibles sérieux à Maurice, c’est ce qui aura préséance. Pour l’instant, laissons la FCC faire son travail.  »

Le dossier malgache repose sur une lettre adressée à Interpol par le ministère de la Justice d’Antananarivo, datée du 20 octobre et consultée par l’AFP. Elle identifie Mamy Ravatomanga, proche associé de l’ancien Président déchu, comme « une personne recherchée dans cette affaire… mais actuellement en fuite ». L’opération incriminée concerne le transfert, en juillet dernier, de cinq Boeing 777 à la compagnie aérienne iranienne Mahan Air, sanctionnée par les États-Unis. 

Des certificats falsifiés

Selon la lettre, ce transfert a été facilité par des certificats d’immatriculation falsifiés délivrés par l’Autorité de l’Aviation Civile de Madagascar (ACM). D’autres suspects arrêtés à Madagascar, interrogés notamment par le FBI, ont désigné Mamy Ravatomanga comme le « cerveau de l’opération ».

À Maurice, les soupçons portent sur des flux financiers suspects. Le 16 octobre, un mandat d’arrêt a été émis contre lui pour blanchiment d’argent, et ses avoirs ont été gelés. Un communiqué de la FCC, publié le vendredi précédent, détaille les faits : « La FCC avait obtenu des renseignements crédibles indiquant que Mamy Ravatomanga avait transféré une forte somme d’argent à Maurice, avec l’intention de déplacer ces mêmes fonds vers une autre juridiction et de quitter le territoire mauricien. De ce fait, la FCC a sollicité, en vertu de la section 69 du FCC Act, et obtenu, le 15 octobre 2025, un Criminal Attachment Order sur les comptes bancaires de M. Ravatomanga, de son épouse et des sociétés qui lui sont liées à Maurice, après ordonnance de la Cour suprême. Cette ordonnance interdit toute disposition des fonds détenus. »

Cette mesure illustre l’engagement de la FCC à « empêcher la dissipation de produits présumés de crime et à faire de Maurice un environnement hostile aux activités financières illicites ». Actuellement « caché » sur l’île, Mamy Ravatomanga se trouve en clinique depuis une semaine. 

 

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