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Prévisions revues à la baisse : la croissance ralentira à 3,1 % cette année

  • Ces risques à l’horizon 
  • Ces solutions pour doper l’économie du pays 

Après avoir atteint 4,9 % en 2024, la croissance économique devrait ralentir à 3,1 % en 2025. C’est ce qu’indiquent les dernières prévisions de Statistics Mauritius. Entre tensions géopolitiques, inflation persistante et incertitudes mondiales, plusieurs observateurs redoutent un impact négatif sur l’économie. Ils proposent néanmoins des pistes pour booster la croissance.

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La croissance ralenti

L’impact des mesures budgétaires sur la croissance

Sanjay Goolab, Managing Director – Securities and Execution Desk chez AXYS : 

« Les mesures budgétaires auront un impact globalement positif sur la croissance économique, même si leurs effets complets ne se feront probablement sentir qu’à partir de 2026-27. Le gouvernement affiche clairement sa volonté de passer d’un modèle basé sur la consommation à un modèle orienté vers l’investissement productif, en misant sur la recherche et l’innovation. Cette transformation, appuyée par un programme d’investissements publics de Rs 128 milliards sur cinq ans dans des secteurs-clés comme les infrastructures, devrait stimuler la croissance à deux niveaux : à court terme, en soutenant la demande intérieure, et à moyen terme, en améliorant la productivité. Plusieurs mesures visent à encourager l’investissement privé, notamment à travers des incitations fiscales pour l’innovation, le développement de pôles stratégiques dans les domaines de l’énergie verte, de l’économie bleue et de l’industrie créative, ainsi qu’un cadre réglementaire simplifié pour faciliter l’octroi de licences, attirer les talents étrangers et renforcer la participation de la diaspora. Cependant, certaines décisions risquent de limiter l’impact de ces mesures positives. On note notamment l’alourdissement de la pression fiscale sur les entreprises, avec l’introduction de nouvelles taxes ou prélèvements comme la révision du barème de l’impôt sur les sociétés ou la contribution spéciale sur certains secteurs, notamment bancaire. Ces mesures peuvent freiner les marges de manœuvre des entreprises, réduire leur capacité d’investissement et nuire à leur compétitivité, surtout dans un contexte mondial marqué par l’incertitude. Par ailleurs, la consolidation budgétaire en cours restreint les marges de manœuvre pour une relance à court terme. De plus, bon nombre de projets d’investissement annoncés ne devraient pas avoir d’impact significatif sur le PIB en 2025, et leur contribution restera probablement très limitée en 2026, leurs effets ne se faisant sentir qu’à moyen, voire à long terme. En résumé, ce Budget pose des fondations solides pour une transformation de notre économie vers plus de résilience et de durabilité. Néanmoins, il est crucial de trouver un meilleur équilibre entre les efforts de consolidation budgétaire et le besoin d’un environnement fiscal stable et prévisible pour les entreprises, afin de ne pas compromettre la relance que le pays attend. »

Ishvind Caleechurn, économiste : 

« Le constat brutal est que la responsabilité fiscale et la politique d’austérité économique ont toujours été impopulaires, car nous avons une génération qui déteste tout discours moralisateur. C’est l’effet psychologique dans l’ensemble de la population, ce refus de penser aux conséquences éloignées, cette obnubilation sur l’immédiat qui menace encore plus notre avenir. Toutes les mesures budgétaires ont des avantages et des inconvénients. Mais ce qu’il faut vraiment, c’est une vision à long terme pour bâtir une économie robuste avec une croissance soutenable au-dessus de la moyenne du continent africain, qui est de 3,9 % pour 2025, ramener la dette publique et externe en-dessous de 60 % du PIB en moins de 10 ans, et combattre une inflation qui pousse de plus en plus les gens à l’endettement. Des efforts déterminés et systématiques ont été faits dans le Budget pour encourager la recherche et le développement, la digitalisation, l’innovation technologique et surtout l’intelligence artificielle. Je pense fermement que ce Budget donne confiance aux investisseurs et que la croissance économique pour les années 2025-26 sera entre 3,5 % et 4 % du PIB. Mais la mise en exécution de ce Budget est un ultime défi à relever et on dit souvent que l’ampleur du changement dépend de la mise en exécution et de la qualité des ministres d’un gouvernement. »

Shaktee Ramtohul, expert-comptable et consultant en business : 

« La croissance économique est obtenue par une augmentation de la consommation, de l’investissement, des dépenses publiques et des exportations nettes. Or, les mesures actuelles ne favorisent ni la consommation ni l’investissement, en raison des nombreuses taxes et de la suppression progressive de certaines allocations. Dans ce contexte, les dépenses publiques deviennent le principal moteur de croissance, d’autant que Maurice reste un importateur net. Toutefois, certaines mesures jugées agressives – telles que l’instauration d’un droit d’accise sur les véhicules hybrides et électriques ou encore la « fair share contribution » imposée à certaines catégories d’entreprises – risquent de freiner la confiance, avec un impact direct sur la croissance économique, qui pourrait se limiter à environ 3 % cette année. »

  • Nou Lacaz

 

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