L’enquête sur les prêts toxiques de Rs 150 millions accordés par l’ex-Mauritius Post Cooperative Bank (MPCB) à l’homme d’affaires Rooplall Beerjeraz se poursuit.
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À ce stade, c’est plus particulièrement un prêt de Rs 40 millions accordé à la société R. Beerjeraz Investment Ltd dans le cadre d’un projet de morcellement à Tamarin qui intéresse les enquêteurs de l’Icac. Celle-ci est en présence d’un rapport d’audit interne où plusieurs manquements et anomalies auraient été relevés dans des procédures ayant mené à l’octroi de ce prêt.
À cet effet, Kadarnath Ramgulam, ex-Head of Credit Underwriting Team (CUT), a été entendu en pas moins de deux occasions, notamment les vendredis 11 et 18 juin. Il ressort de ses auditions qu’il était absent le jour où le prêt de Rs 40 millions avait été recommandé, soit en décembre 2013.
En remplacement de Kadarnath Ramgulam, c’est Gayetree Sunita Acharuz-Sawoky qui aurait recommandé le prêt, parmi d’autres cadres. Alors qu’elle était initialement attendue le 3 juin, sa convocation à la Corruption Investigation Division de l’Icac a été reportée au vendredi 25 juin. La Commission anticorruption souhaite faire la lumière sur le rôle de celle-ci, alors Head of Risk au moment des faits, dans la recommandation de ce prêt.
Car la commission anti-corruption est en présence d’éléments jugés à la fois troublants et accablants. Primo, lors de l’enquête interne, le formulaire de demande pour ce prêt de Rs 40 millions n’a pu être retrouvé. Ce qui ne serait pas conforme aux directives de la Banque de Maurice (BoM) sur le Credit Risk Management et le Credit Policy. Secundo, des règles du KYC (Know Your Client) n’auraient pas été respectées. D’ailleurs, les enquêteurs notent l’absence du Business Plan de R. Beerjeraz Investment Ltd au dossier. De surcroît, cette société venait d’être incorporée à peine quatre mois plus tôt, soit en août 2013.
Avis défavorable
Et tertio, Rooplall Beerjeraz disposait à l’époque d’un avis « défavorable » auprès du Mauritius Credit Information Bureau (MCIB), une unité de la Banque de Maurice (BoM) qui a pour but de collecter les informations des institutions qui accordent des crédits, incluant les prêts bancaires et les facilités de découvert (overdraft), entre autres. Rooplall Beerjeraz était, en fait, en litige avec une banque commerciale pour une affaire de carte de crédit d’un montant de Rs 4,3 millions.
Aussi, les enquêteurs considèrent que les cadres avaient accès à des informations qui démontreraient « l’indiscipline financière » de Rooplall Beerjeraz et qui pouvaient remettre en question sa capacité à rembourser ce prêt. Autant d’éléments sur lesquels ces cadres auraient pu s’appuyer, considère l’Icac, pour ne pas recommander ce prêt.
D’ailleurs, les enquêteurs sont aussi en présence d’un rapport de la BoM, suivant une visite à l’ex-MPCB en mai 2014, lequel est venu affirmer que les prêts toxiques de l’ex-MPCB, dont ceux accordés au groupe Beerjeraz, a négativement impacté sur le Capital Adequacy Ratio (CAR) de la banque.
Pour rappel, cette affaire de « toxic loans » à l’ex-MPCB a pour toile de fond plusieurs prêts accordés par cette banque, d’un montant totalisant quelque Rs 1,5 milliard, à quatre hommes d’affaires : Doomeswarsing (Rakesh) Gooljaury, son frère Prameshwar Gooljaury, Mohamed Alykhan Toorabally et Rooplall Beerjeraz.
Selon le rapport de la BoM, ces prêts étaient « impaired et non performing » et déplorait le fait que ces comptes n’avaient pas été déclarés comme tels. Au final, seulement une partie de ces prêts avait pu être récupérée, engendrant une perte d’environ Rs 1,2 milliard par l’ex-MPCB.
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