L’hôtel du gouvernement a demandé la révocation de l’avocat soupçonné d’avoir commandité l’agression au cutter du président de l’Information and Communication Technologies Authority.
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Le couperet est tombé vendredi matin. Le Premier ministre p.i Showkutally Soodhun a transmis une correspondance à la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, pour demander la révocation de Kailash Trilochun de la présidence du conseil d’administration de la Financial Intelligence Unit (FIU). Pour l’hôtel du gouvernement, il était « plus que temps » de prendre cette décision au vu de la gravité des accusations portées contre l’homme de loi (voir plus loin).
Dès le départ, l’avocat, qui était acculé pour ses honoraires de Rs 19 M obtenus de l’Information and Communication Technologies Authority (Icta), avait justifié son cachet. L’homme de loi indique qu’il ne compte pas s’excuser pour l’argent qu’il a empoché, car il a été payé en vertu des conditions de l’Icta.
Il a été rémunéré sur le procès en réclamation de plus de Rs 1,1 milliard intenté il y a 20 ans par l’opérateur mobile Emtel à l’Icta, à Mauritius Telecom, à Cellplus et au ministère des Technologies de l’information et de la communication. Suivant cette controverse, les services de Trilochun Chambers ne sont plus retenus par la Road Development Authority et par la Mauritius Shipping Corporation.
La mise à pied de Kailash Trilochun de la FIU avait été réclamée cette semaine depuis les allégations formulées contre lui par Sylvio Candahoo. Cet agent du MSM l’accuse d’être le commanditaire de l’agression au cutter de Bhanoodutt Beeharee, le président du conseil d’administration de l’Icta, le 26 mai à Port-Louis.
Des conseils qui valent de l’or
Parfait inconnu pour nombre de Mauriciens, Kailash Trilochun s’est retrouvé sous les feux des projecteurs avec l’avènement de l’Alliance Lepep au pouvoir. Cela de par ses nombreuses nominations au sein des organismes de l’État. Cousin et beau-frère du secrétaire général du MSM, Nando Bodha – sa sœur étant l’épouse du ministre –, il a failli être candidat aux dernières législatives sous la bannière orange, mais certains leaders politiques avaient mis leur veto.
Kailash Trilochun a fait l’objet d’une enquête du Bar Council pour avoir agressé et menacé son confrère Ashley Ramdass, fils de Motee Ramdass, à l’issue d’un procès en Cour suprême en 2014. Le Bar Council a recommandé des sanctions contre lui. Cependant,
Me Trilochun s’est retrouvé conseil légal du commissaire de police dans la tentative d’appréhender le DPP Satyajit Boolell relativement à l’affaire Sun Tan.
Originaire de Solferino, l’homme de loi, quatrième d’une fratrie de sept enfants et issu d’une famille modeste, est considéré comme un franc-tireur qui n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Tour à tour carrossier, maçon, maraîcher, menuisier et vendeur de jouets, il a été cireur de chaussures dans un palace en Angleterre. C’est là qu’il s’inscrit à des cours de droit et obtient un LLB. En 2000, pour une durée de deux mois, il a été conseiller de Showkutally Soodhun, président du MSM, au ministère du Travail tout en étant président de l’Industrial Relations Commission.
Proche de sa famille, il est présenté comme un homme qui n’hésite pas à aider ceux au bas de l’échelle sociale. Ce qui pousse son entourage à révéler qu’il n’a pas touché les Rs 19 millions de l’Icta à lui seul. Il aurait partagé cette somme avec James Guthrie, Queen’s Counsel, Arassen Kallee, Haseena Mohamedally et Drishti Ramdewar.
Qui est Me James Guthrie ?
Le 30 juin, l’avocat James Guthrie avait été élu avocat de la semaine par The Times pour avoir prouvé devant le Privy Council que le comptable Murray Pringle, 74 ans, était le véritable héritier du baronnet de Stichill, en Écosse. Le cousin de ce dernier, Simon Pringle, était dans la course, mais des tests ADN ont démontré qu’il n’était pas issu de la lignée du premier baronnet Robert Pringle anobli en 1683. Il s’avère que son père, le huitième baronnet, n’était pas le fils de son père, Norman Sr.
Attendu au pays en début de semaine
Kailash Trilochun, incriminé par Sylvio Candahoo comme étant le commanditaire de l’agression du Chairman de l’Icta, retournera au pays mardi.
L’avocat tente de trouver une correspondance aérienne lui permettant de débarquer à Plaisance le plus tôt possible pour pouvoir se rendre au Central Criminal Investigation Department (CCID) en début de journée. Il se trouve en Afrique du Sud avec sa famille depuis une dizaine de jours.
« Nous faisons tout pour ne pas confondre vitesse et précipitation, a expliqué son homme de loi, Rama Valayden. On essaie d’avoir un vol tôt le matin pour qu’il puisse débarquer vers 8 heures. J’irai le récupérer à l’aéroport pour le conduire à son domicile avant de nous rendre aux Casernes centrales. » Les limiers du CCID l’y attendent pour qu’il réponde des allégations qui pèsent contre lui.
Selon Me Rama Valayden, la police serait d’accord pour ne pas procéder à l’arrestation de Kailash Trilochun à sa descente d’avion. L’avocat explique pouvoir confirmer le billet d’avion dans la journée de samedi au plus tard : « La police commence à se rendre compte que mon client n’a rien à voir avec cette affaire », car il a « un alibi en béton ».
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