Artee Choytooa, présidente de la « Early Childhood Teachers Union » et Sangeeta Ramlugun, dirigeante de la « Pre Primary School Employers Union » lancent un appel pour la revalorisation de leur profession.
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La Early Childhood Teachers’ Union et la Pre Primary School Employers Union regroupent quelque 400 enseignantes qui opèrent sous la Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA).
Injustices
« Depuis assez longtemps, il y a des injustices », déclare Artee Choytooa. Nous sommes négligées, livrées à nous-mêmes. Pourtant nous travaillons dans un secteur qui est sous le ministère de l’Éducation, mais c’est contrôlé par une institution privée. Auparavant, cette institution était connue comme le Pre-School Trust Fund. Il avait été fondé en 1987 par le ministère de l’Éducation. Mais l’institution a fonctionné séparément. Le ministère fournissait des “grants”, l’infrastructure, le matériel scolaire, etc. En 1997, l’institution a pris le nom de Early Childhood Care and Education Authority, après une décision parlementaire. Elle a continué à fonctionner de manière autonome », raconte-t-elle.
Notre interlocutrice avance qu’auparavant, les enseignantes du pré scolaire n’étaient pas aussi qualifiées. « Aujourd’hui, toutes les enseignantes sont diplômées du Mauritius Institute of Education. D’autres enseignantes ont des diplômes de l’Open University. Pourtant, on ne nous considère pas comme des fonctionnaires. Nous ne bénéficions pas des mêmes avantages que les enseignants du primaire. Nos salaires ne reflètent pas le statut d’une enseignante. Nos salaires sont augmentés de manière bien minime. Et certaines d’entre nous ont entre vingt et trente années de service. Nous ne touchons pas Rs 20 000 », déclare-t-elle.
Artee Choytooa révèle qu’en 2000, le Pre-School Trust Fund les avait prises sous contrat pour une période de quatre ans. « On nous a confirmés après ce laps de temps. Le problème, c’est que quand cela s’est fait, on a remis le compteur à zéro. Notre temps de service n’a pas été compté. »
Cela représente un énorme désavantage. « La majorité d’entre nous a plus de 45 ans et nous nous dirigeons vers la retraite. Allons-nous prendre notre retraite avec un temps de service de seulement dix ou quinze ans ? », demande-t-elle.
Elle déplore aussi qu’il n’y ait aucune promotion. « Dans son rapport, le Pay Research Bureau (PRB) a fait mention de promotion pour le secteur du préscolaire. Mais ces recommandations n’ont jamais été prises en considération. » Elle ajoute que les enseignantes du préscolaire n’atteindront jamais ainsi leur plafond salarial.
Fonctionnaires
Sangeeta Ramlugun a 24 ans de service. « On ne nous considère pas comme des fonctionnaires. On nous dit que nous sommes sous une autre autorité. Nous nous considérons comme des fonctionnaires. Nous contribuons à la Mutual Aid, nous sommes couvertes par la State Insurance Company Mauritius. Nous contribuons au National Pension Fund. Comment se fait-il donc qu’on ne nous considère pas comme des fonctionnaires ? D’où a germé cette idée que nous ne sommes pas des fonctionnaires ? », déplore-t-elle.
« Officiellement, notre employeur, c’est le Pre-School Trust Fund. C’est indiqué sur les documents relatifs à nos contributions à la NPF », explique Artee Choytooa. « Mais en 2000, quand nous sommes passées sous contrat, les documents indiquaient que notre employeur était le ministère de l’Éducation. Cela a été ainsi jusqu’en 2002 quand l’ECCEA est devenue notre employeur. On nous dit que la date de notre embauche n’est pas enregistrée ! Mais la Sécurité sociale et le National Pension Fund, ne peuvent mentir... » « La question que je me pose : si les enseignantes n’étaient pas là avant 2000, comment la “Pre-primary Unit” a-t-elle fonctionné ? Nier notre existence avant l’an 2000 est une injustice envers les enseignantes du préscolaire », ajoute-t-elle.
IT Teachers
Artee Choytooa révèle que quand les « IT teachers » ont rejoint l’ECCEA sous contrat, après un certain temps, ils sont tous passés au statut d’employés permanents. Idem pour les enseignants de Kreol Morisien. « Actuellement, au sein du primaire, il y a des “holistic teachers” ou encore des “support teachers”. Ils deviennent tous des employés permanents. Par contre, les enseignantes du préscolaire sont mises de côté. Nous sommes découragées et des fois nous ne sommes pas motivées pour faire notre travail. Mais comment pouvons-nous délaisser les enfants ? Notre amour pour eux nous pousse à continuer. Les enfants se sont habitués à nous. Malheureusement, nous n’avons pas le soutien du management », regrette-t-elle.
Recrutement
« L’ECCEA semble se satisfaire avec ce qu’elle a en main », déclare Artee Choytooa. « Nous prenons de l’âge, mais il n’y a pas de recrutement. Il n’y a eu aucune interview depuis décembre dernier. Le poste de “senior teacher” a succédé au poste de “teacher in charge”, comme recommandé par le PRB. Mais ce poste reste toujours vacant. Si ce poste n’est pas rempli, la Early Childhood Teachers Union envisage de faire un sit-in devant les locaux du Mauritius Institute for Training and Development. »
Elle ajoute : « Nous n’avons pas d’assistante, personne pour nous remplacer quand nous ne sommes pas là. Si une parmi nous s’absente, c’est notre collègue qui doit faire le travail pour deux. »
« Comment l’enseignante qui a l’habitude de remplacer ses collègues pourra-t-elle juger les performances des enfants qui vont aller en Grade I ? », demande Sangeeta Ramlugun. Elle cite le cas d’une institutrice dans le nord du pays qui doit se déplacer dans toutes les écoles pour remplacer une collègue.
ZEP allowance et casual leave
Selon la Early Childhood Teachers’ Union, le personnel des écoles ZEP a droit à une allocation, que ce soit le Head Teacher, le Deputy Head Teacher ou le caretaker. Tous, sauf les enseignantes du préscolaire. « À la suite de notre demande, le Pay Research Bureau (PRB) a rectifié cela, mais nous n’avons jamais eu cette allocation », déclare Artee Choytooa.
La Early Childhood Teachers Union a aussi soumis une demande pour le remboursement du « casual leave ». « Dans le primaire comme dans le secondaire, quand un(e) enseignant(e) n’a pas pris son “casual leave”, on le rembourse », explique la dirigeante. « Il y a provision pour cela dans le rapport du PRB. Lors d’une réunion, un préposé m’a dit que cette provision ne concernait que les enseignants du primaire et du secondaire », fait-elle ressortir.
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